Kiatcheli (Chengelaia Leo Mixeilis dze, dit Leo)
Écrivain géorgien (Obudji, rég. de Ts'alendjixi, 1884 – Tbilisi 1963).
Évadé de la prison de Kutaisi où il a été incarcéré pour avoir pris part aux événements de 1905-1907, qu'il ressuscitera dans ses romans (T'ariel Golua, 1916 ; le Sang, 1926-1927), il vit à Moscou dans la clandestinité avant de s'exiler à Genève jusqu'à la révolution de 1917. Il peint ensuite la transformation des campagnes (Gvadi Bigva, 1936-1937) et écrit un roman patriotique (l'Homme de la montagne, 1948).
Kidde (Harald)
Romancier danois (Vejle 1878 – Copenhague 1918).
Lecteur de Kierkegaard, influencé par l'atmosphère fin de siècle des textes de J. P. Jacobsen, Bang et Jørgensen, il décrit dans Aage et Else (1902-1903) la difficulté d'un être retenu par les morts. Le Héros (1912) peint le chrétien qui n'a pas la force de changer le monde, mais, par l'ascèse, devient bénéfique à son entourage. Le roman, le Fer (1918), use d'une technique développée par Joyce, le « courant de conscience ».
Kielland (Alexander)
Écrivain norvégien (Stavanger 1849 – Bergen 1906).
Il fut un disciple de Kierkegaard, mais, rationaliste, c'est chez Brandes et surtout Stuart Mill qu'il trouva le programme d'une société meilleure. Il chercha l'élégance de l'écriture à travers des écrivains français comme Flaubert, les Goncourt ou Daudet. Avec le petit roman Garman et Worse (1880), il compose le tableau des marchands et armateurs de sa ville natale, sous forme de portraits frappants et drôles. Les Travailleurs (1881) est le titre ironique d'une description de la nouvelle classe des bureaucrates. Avec le Capitaine Worse (1882), Kielland s'intéresse à deux familles qui vont former le centre d'une véritable « comédie humaine » qui aura pour cadre sa ville natale. Jacob (1891) brosse enfin le portrait caricatural de l'arriviste, après quoi Kielland se tut, alors qu'il n'a que 42 ans.
Kiely (Benedict)
Écrivain irlandais (Dromore, comté de Tyrone, 1919-Dublin 2007).
Critique écouté, d'une verve linguistique proche de Joyce ou de Flann O'Brien, il est considéré comme un des meilleurs stylistes de sa génération, pour ses romans (Terre sans étoiles, 1947 ; Le miel paraît amer, 1952 ; le Capitaine aux favoris, 1960) comme pour ses nouvelles (Une vache dans la maison, 1978). Son style original associe soin du détail pertinent et souci allégorique. Reniant ses positions d'origine, il dénonce dans ses fictions le terrorisme et les excès du zèle religieux en Ulster (Proxopera, 1977 ; Il n'arrive rien à Carmincross, 1985).
Kikuchi Hiroshi
Écrivain japonais (Takamatsu 1888 – Tokyo 1948).
D'une famille très pauvre, il est dès l'enfance confronté à la dure réalité de la vie. Très tôt, il participe à la revue Shinshicho, relancée en 1914 par Akutagawa et Kume : il y publie des pièces de théâtre, notamment le Fou sur le toit (1916). Journal d'un écrivain inconnu (1918) lui apporte la renommée et ouvre la série des « récits à thème » où il démasque l'égoïsme humain : le Retour du père, 1917 ; Au-delà des représailles, 1919. En 1920, avec son premier roman-fleuve, la Femme perle, il s'impose comme le maître du roman populaire. Il œuvre à l'organisation des milieux littéraires et à la promotion des jeunes talents, avec la création de la revue Bungeishunju (1923), et la fondation des prix Naoki et Akutagawa (1935).
Kilpi (Volter)
Écrivain finlandais de langue finnoise (Kustavi 1874 – Turku 1939).
Après des débuts romantiques et nietzschéens (Parsifal, 1902 ; Antinoüs, 1903), son « cycle de l'archipel », évocation du milieu maritime et des hommes de la côte, relève d'une technique que l'on a comparée à celles de Proust et de Joyce (Dans la salle d'Alastalo, 1933 ; les Humbles du pays, 1934).
Kim (Anatoli Andreïevitch)
Écrivain russe (Serguievka, Kazakhstan, 1939).
Né d'une famille coréenne, il fait des études d'art plastique à Moscou. Il commence à publier en 1973 des nouvelles qui se distinguent par leur exotisme, mais aussi par une richesse de coloris, un lyrisme et une finesse psychologique remarquables (recueils l'Île bleue, 1976 ; Quatre Confessions, 1978 ; l'Écho du rossignol, 1980). L'œuvre de Kim est singulièrement cohérente, chaque nouveau volume paraissant répondre au précédent. La recherche de l'unité constitue en fait l'objet de la quête philosophique qu'il entreprend grâce à ses romans : pour lui, la littérature est un moyen de voyager – à travers les temps, mais aussi dans l'âme de ses semblables – grâce aux mythes, au conte (c'est le sous-titre qu'il donne à l'Écureuil, 1980), à la parabole (sous-titre de Notre Père la forêt, 1989), qui forment l'arrière-plan de son œuvre et conditionnent son caractère polyphonique, enrichi de motifs chrétiens dans son dernier roman, Onliria (1995).
Kim Man-Jung, dit aussi Sop'o
Écrivain coréen (1637 – île de Namhae 1692).
Maître incontesté du roman classique et défenseur de la langue coréenne, il est le premier à critiquer l'usage du chinois classique par les lettrés. Outre son Rêve de neuf nuages (1688), sa critique du concubinage dans Pérégrinations dans le sud de Dame Sa (1692) lui valut d'être banni.
Kim So-Wol (Kim Chong-Sik, dit)
Poète coréen (Chongju 1903 – id. 1934).
À l'écart des courants littéraires, il a chanté la nature et la Corée traditionnelle, dans une langue proche de celle des chants populaires : Azalées (1922), Chansons de la bien-aimée (1933). Il se suicida.
Kim Tong-In
Écrivain coréen (P'yongyang 1900 – Séoul 1951).
Le plus doué des écrivains du groupe Ch'angjo (« Création »), partisan de l'art pour l'art, il n'en a pas moins écrit des nouvelles naturalistes, où perce le côté sombre de l'existence (Kamja, 1925). Sonata appassionata (1931) et le Peintre fou (1925) s'inspirent de Wilde. Avec Vie de Kim Yonsil (1939), il a pris Maupassant pour modèle.
Kincaid (Jamaica Sherwood)
Femme de lettres américaine (St. John's, Antigua, 1949).
Outre ses écrits de journaliste au New Yorker depuis 1974, son œuvre élégante et lyrique se compose de deux romans (Annie John, 1985 ; Lucy, 1991) et de deux recueils de nouvelles (Au fond de la rivière, 1983 ; Annie, Gwen, Lily, Pam et Tulip, 1986) qui mettent en place une voix narrative d'adolescente déracinée et en conflit avec sa mère. Tous ont des tonalités autobiographiques, mais atteignent à une dimension générique par la réflexion sur l'aliénation de l'enfant et sur ses capacités à la contemplation et à la méditation. Son œuvre la plus récente mêle texte et image, par l'insertion de lithographies d'Eric Fischl. L'influence de James Joyce et de Virginia Woolf est perceptible quand le ton devient parfois inquiétant, les monologues poétiques étant les voies d'une plongée dans l'inconscient.