Richler (Mordecai)
Écrivain canadien d'expression anglaise (Montréal 1931 – id. 2001).
Juif de Montréal, il dépeint, dans Fils d'un héros mineur (1955) et l'Apprentissage de Duddy Kravitz (1959), consacrés à l'enfance et à l'adolescence, la difficile recherche de valeurs d'un jeune juif dans la société canadienne moderne. Les Acrobates (1954), Une abondance d'ennemis (1957), le Cavalier de Saint-Urbain (1971) ont pour héros des expatriés canadiens affrontant la culture européenne. Se considérant lui-même comme un écrivain canadien malgré une carrière et une réputation internationales, il a également publié, outre des romans (notamment le Monde de Barney, 1999), des recueils d'essais et un livre pour enfants (Qui a peur de Croquemoutard ?, 1975).
Richterova (Sylvie)
Écrivain tchèque (Brno 1945).
Universitaire et théoricienne de la littérature, installée en Italie, elle poursuit une œuvre d'essayiste, de poète et de romancière. Ses recueils et ses romans empreints d'interrogations existentielles et éthiques explorent le monde environnant et les moyens verbaux de le transcrire (Topographie, 1981 ; Abécédaire de la langue paternelle, 1985 ; Second Adieu, 1994).
Rictus (Gabriel Randon de Saint-Amand, dit Jehan)
Poète français (Boulogne-sur-Mer 1867 – Paris 1933).
Chantre du Paris populaire, figure célèbre des cabarets, il connaît une enfance sombre (qu'il retrace dans son roman autobiographique de 1906, Fil de fer) et les difficultés d'une vie de bohème montmartroise. Autodidacte épris de poésie, il fréquente les anarchistes et les poètes de la Butte ; il se lie d'amitié avec Albert Samain et fonde les soirées de diction de la salle Harcourt pour y lire ses poètes de prédilection. À partir de 1896, il commence à se produire avec un vif succès au Cabaret des Quatz'Arts et au Chat noir, sous son nom de plume, Jehan-Rictus, en référence à la poésie médiévale et à un vers de Villon : « Je ris en pleurs... » Ses poèmes, d'une remarquable expressivité, transcrivent le parler des faubourgs dans le vers de la chanson et associent continuellement l'argot au langage littéraire ; dans la musique heurtée, syncopée, très orale, de ses vers, il donne voix – plus crûment que Richepin ou Bruant – aux plus démunis et aux marginaux qu'il ne cessera de chanter. En 1897, ses Soliloques du pauvre sont publiés, avec de très beaux dessins de Steinlen. Suivront les Doléances (1899), les Cantilènes du malheur (1902), le Cœur populaire (1914), la Pipe cassée (1926). L'une de ses comédies sera jouée au Théâtre de l'Œuvre en 1905 (Dimanche et Lundi férié ou le Numéro gagnant, 1905). Polémiste ardent, il compose deux pamphlets contre ses bêtes noires, F. Sarcey (1895) et E. Rostand (1903). Parmi ses nombreux admirateurs figurent Léon Bloy, Mallarmé, Apollinaire, Max Jacob, Carco.
Riding (Laura)
Femme de lettres américaine (New York 1901-Wabasso, Florida.1991).
Liée au groupe des « Fugitifs », elle s'expatrie en Europe en 1927 et publie avec Graves Une anthologie de la poésie moderniste (1927). Ses propres poèmes (le Rosaire secret, 1926 ; Poèmes : un mot de mensonge, 1933), écrits dans une langue proche des métaphysiques, sont d'inspiration autobiographique. Outre des romans (Une fin troyenne, 1937 ; Vies d'épouses, 1939), elle donne des études critiques, attachées à définir le modernisme et le rapport du langage et de la pensée.
Ridruejo (Dionisio)
Écrivain espagnol (El Burgo de Osma 1912 – Madrid 1975).
Son œuvre poétique, réunie depuis Pluriel (1935) dans Jusqu'à la date (1962) et 122 Poèmes (1967), est marquée par un retour à Garcilaso et au sonnet, mais aussi par l'emploi du vers libre. Son œuvre en prose comprend des romans (Rome, 1969 ; Presque en prose, 1972 ; En bref, 1975), des Mémoires politiques et des essais (Entre littérature et politique, 1973).
Riel (Jørn)
Écrivain danois (Odense 1931).
Parti au Groenland à la fin des années 1940, il a séjourné vingt ans entre la glace et l'eau. Puis, désireux de voir le monde, il a changé de résidence, et s »est installé finalement à Kuala-Lumpur, à la lisière de la forêt malaisienne. Son œuvre est donc celle d'un conteur et d'un ethnologue, défenseur des Inuits, connaisseur de l'Afrique et de l'Asie, capable de productions scientfiques comme de «racontars». Ainsi nomme-t-il ces contes qui mêlent l'expérience et l'imaginaire (Arluk, Lasselille, la Fête du premier de tout, la Vierge froide...).
Rifbjerg (Klaus)
Écrivain danois (Amager 1931).
Il apparaît très vite comme l'enfant terrible de la littérature danoise : la diversité de son œuvre lyrique révèle non seulement les crises humaines et esthétiques de sa génération, mais une conception très moderne de l'expression poétique (Confrontation, 1960 ; Poèmes d'Amager, 1965 ; Poèmes espagnols, 1981 ; l'Arbre qui se balance, 1984). La même acuité dans l'observation psychologique, sociologique, historique ou politique anime ses romans et ses nouvelles (l'Innocence chronique, 1958 ; Anna, moi, Anna, 1969 ; Tango, 1980 ; Faux printemps, 1984). Son théâtre propose une vision du monde qui rappelle Beckett (Patience ou les Cartes sur la table, 1983 ; Ça marche, 1985).
Rigas (Velestinlis)
ou Feraíos Rigas
Écrivain grec (Velestínon, Thessalie, 1757 – Trieste 1798).
Partisan de l'indépendance, inspiré par les idées des Lumières et de la Révolution française, il composa des poèmes, dont le plus célèbre, Chant de guerre, devint le symbole de l'insurrection naissante. Il est également l'auteur de l'une des premières œuvres en prose de la littérature grecque moderne, l'École des amants délicats (1790), traduction-adaptation de nouvelles de Restif de La Bretonne.
Rigaut (Jacques)
Écrivain français (Paris 1898 – Châtenay-Malabry 1929).
Ses études secondaires achevées, il devança l'appel et s'engagea à 18 ans dans l'armée pour la durée de la guerre. Au retour, il s'inscrivit à la faculté de droit de Paris et devint le secrétaire du peintre mondain J.-E. Blanche. Dadaïste exemplaire, de 1920 à 1922, il publia quelques rares textes dans les organes du mouvement : « Je serai sérieux comme le plaisir », écrivait-il. Il mena ensuite une existence dissolue, séjourna longtemps à New York, où il épousa une riche Américaine. Éperdu d'alcool et d'héroïne, ne parvenant pas à se désintoxiquer, il se suicida dans une clinique à Châtenay-Malabry. Modèle de la Valise vide et du Feu follet de Drieu La Rochelle, Rigaut a laissé des Papiers posthumes (1934) et un ensemble de textes brefs rassemblés en 1970, Écrits. Ce Chamfort noir fut admiré des surréalistes pour la grandeur de sa révolte et de son désespoir, son insolence, son obsession méticuleuse du suicide.