Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Tunström (Göran)

Écrivain suédois (Värmland 1937 – Stockholm 2000).

Fils de pasteur, il a fait ses débuts avec des poèmes en 1956. La reconnaissance advient avec la publication de l'Oratorio de Noël en 1983, qui présente les souffrances et les tribulations de trois générations de la famille Nordensson, en Suède, au XXe siècle. Le Buveur de lune (1997) explore la mystérieuse généalogie du narrateur Pétur ; quant à Stellan, épicier, il est chargé de rédiger le Livre d'or des gens de Sunne (1999), mais préfère, aux images héroïques, le souvenir de petits faits. La pensée, le rêve, l'art sont chez Tunström le moyen d'échapper au réel.

Tuqan (Fadwa)

Poétesse palestinienne (Naplouse 1917 – id. 2003).

Elle est l'auteur de poésies qui expriment, au-delà du drame de son peuple, l'angoisse et la solitude des déshérités (Seule avec les jours, 1952 ; Je l'ai trouvée, 1956 ; Donne-nous l'amour, 1960 ; En face de la porte fermée, 1968 ; la Nuit et les Cavaliers, 1969 ; Cauchemars nuit et jour, 1974 ; Poèmes politiques, 1980). Elle a aussi écrit une autobiographie saisissante, Rihla jabaliyya rihla sa'ba [Le rocher et la peine], 1985). Son frère Ibrâhîm (Naplouse 1905 – Beyrouth 1941) est l'auteur d'un Dîwân (1946) d'une sensibilité patriotique angoissée et retenue.

Turcios (Froilán)

Écrivain hondurien (Jutipalpa 1875 – San José, Costa Rica, 1943).

Fondateur de l'hebdomadaire El Pensamiento (1894) qui devait promouvoir les jeunes auteurs honduriens, il fonda la célèbre revue Ariel. Parmi ses recueils de poèmes, Feuilles d'automne (1905) contient des Contes cruels inspirés de Villiers de L'Isle-Adam, qui lui valurent une grande renommée. Tant en vers qu'en prose (le Vampire, 1910), son œuvre joint à une certaine élégance les principes du modernisme.

Turell (Dan)

Écrivain danois (Copenhague 1946).

Anarchiste, traducteur de Burroughs et d'Allen Ginsberg, c'est un poète héritier de la beat generation et de la révolte des années 1960 (Dernière Représentation d'images en tranches de trucs de miroir qui explosent à travers une machine volante du temps de photos de verre en fusion). Il est aussi l'auteur de chroniques et de romans policiers (Meurtre dans l'obscurité, 1981 ; Meurtre en mars, 1984, Mortels lundis, 1998).

Turgot (Anne Robert Jacques)

Baron de l'Eaulne, économiste, homme politique et écrivain français (Paris 1727 – id. 1781).

Membre du parlement de Paris, il se lie avec les physiocrates et participe à l'Encyclopédie. En 1750, il donne un Discours sur les progrès de l'esprit humain ; en 1753-1754, ses Lettres sur la tolérance, avant son Mémoire sur la tolérance (1775), plaident pour la liberté de culte des protestants. Intendant de la généralité de Limoges de 1761 à 1774, il agit beaucoup : simplification administrative, aide à l'agriculture, développement des routes. En 1774, il devient contrôleur général des Finances, mais sa politique libérale est brisée par les privilégiés. Il est disgracié en mai 1776. Son ouvrage principal reste les Réflexions sur la formation et la distribution des richesses (1766) : après avoir exposé les théories physiocratiques, il conteste la stérilité de l'industrie, insiste sur le rôle du travail et préconise la suppression de la fiscalité indirecte.

Turkménistan

Issus de la symbiose de tribus iraniennes indigènes et des envahisseurs turcs, les Turkmènes partagent jusqu'au XVIIe s. avec les autres peuples du Turkestan un patrimoine oral épique et romanesque (Kitabi Dédé Korkoud, Guiorogly) et une poésie d'esprit mystique et didactique (soufisme) en djagataï (Iusuf Balasagouni, Ahmad Iasafi, XIe-XIIe s., Vepaï, XVe s., Azadi, XVIIIe s.). Ce sont les crises du XVIIIe s. qui stimulent l'émergence chez Makhtoumkouli (1730-1780) et ses disciples Seïdi et Zelili d'une poésie civique et sociale, que prolongent au siècle suivant le populaire satirique Keminé (1770-1840) et le grand lyrique Mollanépès (1810-1862). Leurs continuateurs Mollamourt (1879-1930), Dourdy Klytch (1886-1950), Kiormolla sont les pères d'une poésie soviétique, qui place les ressources du folklore au service des idées neuves (Ata Salikh [1908-1964], T. Achirov [né en 1910]). Sous l'impulsion de B. Kerbabaïev (1894-1974) s'épanouiront ensuite dans le cadre réaliste-socialiste la prose de fiction (N. Sarykhanov, A. Dourdyïev) et le théâtre (A. Kaouchoutov). Dominée par la poésie de A. Kékilov, de K. Seïtliev, de K. Kourbannepesov, les pièces de T. Essenova (né en 1915) et de G. Moukhtarov, la prose de K. Deriaïev (né en 1905), de B. Seïtakov (1914-1979), de B. Khoudaïnazarov et de T. Djoumageldyïev (né en 1938), la littérature présente associe la réflexion sur le passé à l'interrogation sur la société actuelle.

Turmeda (Anselm)

Écrivain catalan (Palma de Majorque XIVe s. – Tunis 1423).

La Disputa del asno, son œuvre principale, composée à Tunis (1417-1418), fustige les vices de l'Église et des ordres monastiques et annonce le rationalisme de l'averroïsme et le scepticisme de la première Renaissance. Largement copié d'un poème italien (Dottrina dello Schiavo di Bari) et composé en 1398, le Libro de buenas amonestaciones fait preuve d'un violent anticléricalisme.

Turnèbe (Adrien Tournebous, dit)

Philologue et humaniste français (Les Andelys 1512 – Paris 1565).

Maître ès arts en 1532, il enseigna à l'université de Toulouse sous la protection d'Odet de Châtillon, avant d'occuper en 1547, à la mort de Toussain, la chaire de littérature grecque et latine, puis, à partir de 1561, celle de philosophie grecque au Collège royal – le futur collège de France. Directeur de l'imprimerie du Roi de 1552 à 1556, il édita et commenta de nombreux écrivains grecs (Philon, Plutarque, Théophraste) et latins (Cicéron, Pline le Jeune, Varron, Horace), tout en s'engageant dans certains débats : une querelle sur la philosophie cicéronienne l'opposa à Ramus – et, par devers ce dernier, à Omer Talon, qui défendait la valeur du scepticisme de l'Arpinate pour la rénovation des études dialectiques. La rigueur scientifique de ses travaux, réputés dans l'Europe entière, lui valut d'être tenu par ses contemporains, de Pasquier à Camerarius en passant par Michel de Lhospital, pour l'un des tout premiers philologues de son temps.