Stephenson (Elie)
Écrivain guyanais de langues française et créole (Cayenne 1944).
Son œuvre dénonce la déterritorialisation de ce département d'outre-mer, la dépersonnalisation de ses peuples dans leurs amours, leurs langues, leur espace. Ses poèmes riches de métaphores (Catacombes de Soleil, 1979 ; Terres mêlées, 1984 ; Comme des gouttes de sang, 1988) et sa pièce de théâtre O Mayouri (1975) attestent de son nationalisme radical.
Sterling (Bruce)
Auteur américain de science-fiction (Brownsville, Texas, 1954).
Si son œuvre personnelle est un peu oblitérée par sa qualité de premier anthologiste et préfacier de la vague « cyberpunk » (Mozart en verres miroirs, 1986), il a pourtant développé dans de nombreuses nouvelles (parfois en collaboration avec W. Gibson) un univers fantasmatique explorant les connexions entre l'informatique, la vidéo, les réseaux et le sexe, et les nouvelles formes de violences et de délinquances qu'elles rendent possibles dans les sociétés à venir, pas si éloignées des nôtres.
Stern (Daniel)
Écrivain américain (New York 1928 – Houston 2007).
Selon Stern, « tous les hommes sont des artistes – tous ont une vie » et cette ouverture au Rabbin à la rose (1971) résume bien les tensions entre vie et art qui habitent l'ensemble de son œuvre. Que l'art soit architecture urbaine (Une affaire de ville, 1980) ou langage (Suicide Academy, 1968), il ne peut être que forme imposée au chaos du monde dans la perspective d'une rédemption finale. La mémoire, à la fois facteur de continuité et de rupture, permet aux héros de résoudre leurs crises existentielles, mais aussi les accable sous le poids de la culpabilité comme dans Qui doit vivre, qui doit mourir (1963), où s'affrontent deux survivants de l'Holocauste dont l'un a sacrifié la famille de l'autre pour assurer la vie des siens.
Sternberg (Jacques)
Écrivain belge de langue française (Anvers 1923 – Paris 2006).
Il est un maître de la science-fiction (La sortie est au fond de l'espace, 1956 ; Mai 86, 1978). Mais on lui doit aussi des récits de l'absurde (la Géométrie dans l'impossible, 1953 ; Un jour ouvrable, 1961 ; l'Anonyme, 1982), une pièce de théâtre (C'est la guerre, Mr. Gruber, 1968), un scénario de film (Je t'aime, je t'aime, d'Alain Resnais, 1968), des nouvelles et des récits où l'amour et l'humour sont également fous (Un cœur froid, 1971). Virtuose de l'esquisse et du croquis (Contes glacés, 1974), anticonformiste à la dent dure, il a fait dans son Dictionnaire des idées revues (1985) un bilan de ses humeurs et de ses admirations.
Sterne (Laurence)
Écrivain anglais (Clonmel, Irlande, 1713 – Londres 1768).
Entré dans les ordres grâce à un oncle chanoine d'York, il menait à Sutton-in-the-Forest une existence épicurienne lorsqu'il accède à la célébrité en 1759, avec la publication des deux premiers volumes de Vie et Opinions de Tristram Shandy, gentleman, chef-d'œuvre d'humour doucement absurde qui, de digression en digression, parvient à retarder la naissance du héros jusqu'à la moitié du roman, en passant par quantité de jeux typographiques (pages blanches, pages noires, pages tachées, etc.) et de réflexions de la narration sur elle-même. Après avoir fait paraître un recueil de Sermons (1760), Sterne voyage en France pour raison de santé, et il en rapporte le Voyage sentimental (1768), fantaisie semi-autobiographique dont la finesse amusée masque l'étrange mélange de pudeur et d'obscénité, placé sous l'égide de Rabelais, de Cervantès et de Montaigne. S'identifiant à Yorick, le fou d'Hamlet, il découvre avec ravissement la philanthropie et la bienveillance naturelle des continentaux dans une suite de réflexions et de descriptions pleines d'humour. Par la maîtrise littéraire du fantasme, Sterne surmonte sa mélancolie : c'est l'ombre d'une sagesse qui se dessine à travers un stoïcisme de dérision. Après sa mort furent publiés différents recueils de sa correspondance, notamment les Lettres de Yorick à Eliza (1775). Sterne reste le maître d'une désinvolture et d'un humour qui ont exercé sur Diderot une influence notable.
Sternheim (Carl)
Écrivain allemand (Leipzig 1878 – Bruxelles 1942).
Après des débuts influencés par le naturalisme puis le néoromantisme, il compose une tragédie d'inspiration nietzschéenne (Don Juan, 1909) puis une tétralogiecomique (le Pantalon, 1911 ; le Snob, 1914 ; 1913, 1915 ; le Fossile, 1923), chronique de l'ascension sociale d'une famille aux personnages cyniques. Sa verve caustique se retrouve dans les pièces du recueil Scènes de l'héroïsme bourgeois. Sa critique de l'esprit bourgeois s'exprime dans ses essais (Berlin ou le Juste Milieu, 1920). Il est également l'auteur de nouvelles (Chronique du début du XXe siècle, 1926-1928).
Stétie (Salah)
Poète, essayiste, critique et romancier libanais de langue française (Beyrouth 1929).
Il réside actuellement en France, où il a fait ses études supérieures, après avoir évolué dans les milieux diplomatiques en tant que représentant du Liban auprès de l'Unesco. Il est membre de l'Association internationale des critiques d'art. Salah Stétie a obtenu le prix de l'Amitié franco-arabe en 1973 pour les Porteurs de feu (1972), le prix Max Jacob en 1981 pour Inversion de l'arbre et du silence (1980), et en 1995, l'Académie française lui a décerné son Grand Prix de la francophonie pour l'ensemble de son œuvre : la Mort abeille (1972), l'Eau froide gardée (1973), André Pieyre de Mandiargues (1978), Fragments (1978), Obscure lampe de cela (1979, 1994), la Unième Nuit (1980), Ur en poésie (1980), l'Être poupée (suivi de), Colombe aquiline (1983), Firdaws : essai sur les jardins et contre-jardins de l'islam (1984), Nuage avec des voix (1984), Archer aveugle (1986), Lecture d'une femme (1988), l'Autre côté brûlé du très pur (1992), le Voyage d'Alep (1992), l'Interdit (1993), le Nibbio ou la méditation des imaginaires (1993), Rimbaud, le huitième dormant (1993), Réfraction du désert et du désir (1994), la Nuit du cœur flambant, la Terre avec l'oubli (1995), l'Ouvraison (1995), Un suspens de cristal (1995), le Calame (1997), Hermès défenestré (1997), Sauf erreur (1999).