Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Martovytch (Less Semenovytch)

Écrivain ukrainien (Torhovytsia Pilna 1871 – Poharyske 1916).

Avocat provincial lié au mouvement démocratique, il fut, par son métier, au contact du monde rural. D'essence satirique, ses récits offrent un tableau de la société galicienne : exprimant sa sympathie envers le paysan arriéré et exploité, ils dénoncent l'égoïsme des nantis, le pharisaïsme des intellectuels « libéraux » et la domination austro-hongroise (Mort d'un moujik, 1898 ; l'Illettré, 1900 ; Panko-le-Rusé, 1901 ; le Don d'Éole, 1905 ; Superstition, 1911).

Marulic (Marko)

Écrivain de Raguse d'expression latine et croate (Split 1450 – id. 1524).

Entré dans les ordres, il a composé en latin des ouvrages de théologie, d'histoire et de politique (De institutione bene vivendi, 1504 ; Quinquaginta parabolae, 1510), mais il est devenu célèbre par ses poésies en croate, notamment Judith, poème épique, écrit en 1501, publié en 1521.

Maruya Saiichi (Nemura Saiichi, dit)

Romancier et critique japonais (Yamagata 1925).

Professeur de littérature anglaise (1953-1965), il a traduit les œuvres de Green (1956), Poe (1963), et Joyce (Ulysse, 1964). Depuis son premier roman Fuyant la face de Yahvé (1960), il élabore un art romanesque dans le même sillage. Rébellions solitaires (roman, 1972) ; Bourrasques de pluie (recueil de récits, 1975) ; l'Ombre des arbres (1988). Grand connaisseur également de littérature japonaise classique, il est l'auteur de nombreux essais et critiques sur la langue et la littérature japonaises.

Marvell (Andrew)

Poète et homme politique anglais (Winestead, Yorkshire, 1621 – Londres 1678).

Fils d'un calviniste, il voyagea en Italie, profita de son préceptorat chez lord Fairfax dans le Yorkshire pour célébrer la campagne (« Sur la colline et le bois de Billborough ») et entra dans la maison de Cromwell : ses Odes (1650-1658) au Protecteur ne l'empêchèrent pas d'être élu aux Communes sous la restauration où il s'opposa à l'intolérance religieuse de Dryden et se fit le défenseur de Milton. De l'élan puritain, il a gardé l'amour de la musique et de la nature, un rêve de paradis dont ses pastorales nationalistes chantent la gravité sensuelle : « les Bermudes », « À une maîtresse trop prude », « le Jardin » maintiennent un équilibre précieux entre l'ingéniosité des poètes métaphysiques, l'individualisme chrétien et le raffinement poétique.

Mary (Jules Martinie, dit Jules)

Écrivain français (Launois-sur-Vence 1851 – Paris 1922).

Influencé par le naturalisme, il publia de nombreux romans populaires à partir de 1875, parmi lesquels Roger-la-Honte (1886) et la Pocharde (1897) qui furent ensuite adaptés au théâtre. Il aborda aussi le roman judiciaire et développa une fibre patriotique au début du XXe siècle (les Dernières Cartouches, 1902). En 1919, il créa à la Société des gens de lettres une commission qui élabora le statut du cinéroman.

Mas Marco Kartodikromo

Écrivain indonésien (Cepu v. 1890 – Boven Digul 1932).

D'humble origine, quasi autodidacte, il lutta toute sa vie dans la branche communiste du Sarekat Islam (parti nationaliste fondé en 1912). Plusieurs fois arrêté, il mourut en Nouvelle-Guinée où il avait été exilé. Il est l'auteur de quatre romans (Aveuglés, 1914 ; Hijo l'étudiant, 1918, dont le héros va terminer ses études aux Pays-Bas ; Mata Hariah, 1918, sur la célèbre espionne Mata-Hari ; Un sentiment de liberté, 1924, sur un jeune homme qui, pour lutter contre le colonialisme, abandonne la carrière administrative), d'une pièce de théâtre, de poèmes et de nouvelles qui témoignent avant tout d'un didactisme politique.

Masadi (Mahmud al-)
ou Mahmud al-Messadi

Écrivain tunisien de langue arabe (Tazerka 1911 – ? 2004).

Rédacteur en chef d'al-Mabâhith (1944-1947), militant nationaliste (il fut député en 1952-1953), ministre de l'Éducation nationale (1958-1968) puis de la Culture, il témoigne à la fois de son souci de modernité et d'une langue enracinée dans la tradition. On lui doit une pièce de théâtre au symbolisme poussé (le Barrage, écrit en 1940, publié en 1955), un roman (Propos de Abû Huraya, 1973) et des nouvelles (la Naissance de l'oubli, 1945-1974).

Masamune Hakucho (Masamune Tadao, dit)

Écrivain japonais (Okayama 1879 – Tokyo 1962).

Fils aîné d'une vieille famille très cultivée, il découvre, adolescent, le christianisme, puis il s'en éloigne. Avec Vers où ? (1908), il apparaît comme un des chefs de file du naturalisme. Poursuivant son œuvre de romancier avec Poupée de boue (1911), Au bord de la crique (1915), il pratique divers genres : le Bonheur dans la vie (théâtre, 1924), et Grandeur et décadence du « naturalisme » (critique, 1948), Uchimura Kanzo (biographie, 1950).

Masaoka Shiki (Masaoka Tsunenori, dit)

Écrivain japonais (Matsuyama 1867 – Tokyo 1902).

Ayant reçu dès l'enfance une solide culture classique, il se tourna, dès 1892, vers le haiku, genre qu'il rénova d'une façon définitive, et publia dans le journal Nihon ses manifestes sur la poésie : Propos sur le haikai dans la bibliothèque de la loutre (1892), Principes du haikai (1895), et Buson poète de Haikai (1897). En 1897, il fonda la revue Hototogisu (le Coucou), qui a marqué toute la littérature japonaise moderne par son principe de l'art descriptif de la réalité, inspiré des « dessins d'après nature ». Il étendit ensuite son intérêt au tanka, avec sa Lettre aux poètes de tanka (1898), qui réhabilite le Manyo-shu. Dans les grandes souffrances de la maladie qui l'emporta à 35 ans, il a laissé Montagne froide, Arbre abattu (recueil posthume, 1924), Une goutte d'encre (essai, 1901) et Causeries d'un homme couché (journal, 1901-1902).

Masaryk (Tomáš Garrigue)

Homme d'État et écrivain tchécoslovaque (Hodonín 1850 – château de Lány, près de Prague, 1937).

Auteur d'essais (Blaise Pascal, sa vie et sa philosophie, 1884 ; la Question sociale, 1898 ; les Idéaux de l'humanité, 1901 ; Russie et Europe, 1913) et d'ouvrages sur la littérature et l'histoire tchèques (la Question tchèque, 1895 ; Jan Hus, 1896 ; Karel Havlíček, 1896), fondateur et directeur des revues Athenaeum (1883-1893) et Notre époque (1893), il contribua à libérer ses compatriotes de l'emprise intellectuelle germanique et chercha à définir un humanisme moderne avant de devenir président de la première République (la Révolution mondiale, 1925).