Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Middleton (Thomas)

Auteur dramatique anglais (Londres v. 1570 – Newington Butts 1627).

Il écrivit, seul ou en collaboration avec William Rowley, des drames (Une juste querelle, 1616 ; le Bohémien espagnol, 1623) et des comédies qui constituent sur la vie londonienne des documents précieux (Un truc pour attraper le vieux, 1608 ; Le monde est fou, mes maîtres, 1608 ; Une chaste jeune fille de Cheapside, 1612). Michaelmas Term (1606) et Que les femmes se défient des femmes (1607) tendent vers un réalisme plus cru. On lui doit aussi une tragédie sur les effets psychologiques du crime (l'Idiot, 1621) et une satire anti-espagnole qui lui vaudra nombre d'ennuis (Une partie d'échecs, 1624).

midrash

Ce mot, qui signifie « étude », désigne l'ensemble des interprétations de la Bible hébraïque par les Rabbins. On distingue deux types de midrash : le midrash halakha et le midrash aggada. Le premier porte sur les textes législatifs du Pentateuque dont il scrute les versets, voire les termes, afin de préciser la loi (halakha) et ses moda– lités d'application. Ainsi, par exemple, le huitième commandement (Ex. 20, 13) proscrit le vol. Cette interdiction est reprise en Lév. 19, 11. Pour les Rabbins, il ne peut s'agir d'une simple répétition. Constatant que l'interdit de l'Exode apparaît après deux autres prohibant des crimes contre la personne humaine et passibles de mort, ils en concluent qu'il y est question du rapt. Le texte du Lévitique, lui, renvoie au vol de biens matériels (Mekhilta, Sanhedrin 86a). Autre exemple : le Lévitique (23, 40) prescrit de prendre, à l'occasion de la fête de Souccot, un fruit et trois plantes. Par analogie avec un autre verset (Ex. 12, 22) où le même verbe apparaît, le texte du midrash considère que ces éléments doivent être attachés. Mais, dans la mesure où seuls les noms des plantes sont reliés par une conjonction de coordination, l'on déduit que les trois plantes doivent être liées, le fruit restant séparé (cf. Sifra).

   Le midrash aggada a pour objet les textes narratifs, prophétiques, poétiques, sapientiaux de la Bible, que les Rabbins interprètent afin de trouver des réponses aux questions qui se sont posées à eux. Si l'on se réfère à son étymologie, le terme aggada signifie « récit ». Cependant, la aggada va bien au-delà de la narration. Certes, elle comporte de nombreux récits (sur les personnages bibliques, les rabbins...), mais on y trouve aussi des considérations morales, religieuses, sociales, politiques, des réflexions sur l'histoire, des informations sur les sciences de l'époque... Les domaines couverts par la aggada sont si variés qu'on donne de celle-ci, pour plus de commodité, une définition négative : c'est tout ce qui, dans la littérature rabbinique, n'est pas du domaine de la halakha. Les enseignements de la aggada se sont développés d'une part dans les maisons d'étude et, d'autre part, lors des sermons effectués dans les synagogues à l'occasion des différentes solennités du calendrier juif, ou dans le cadre plus restreint des cérémonies familiales (circoncision, mariage, deuil...). Chaque occasion était saisie pour entretenir la foi en un Dieu juste et miséricordieux, affirmer l'importance de l'étude des textes sacrés et de la pratique des commandements, inculquer les valeurs morales, maintenir l'espoir en un avenir meilleur. Le caractère didactique de la aggada est souligné par ce texte : « Si tu désires connaître Celui qui a créé le monde par la parole, étudie la aggada car, ainsi, tu connaîtras Celui qui a créé le monde par la parole et tu t'attacheras à [suivre] Ses voies. » (Sifre Deutéronome, § 49)

   L'histoire de Caïn et Abel et quelques-unes de ses interprétations peuvent permettre une approche du midrash aggada. Concernant Genèse 4, 8, on peut lire dans Genèse Rabba : « À propos de quoi se sont-ils querellés ? Ils se sont dit : partageons le monde. L'un a pris les terres, l'autre les biens meubles. Celui-ci a dit : la terre sur laquelle tu es m'appartient. Celui-là a répondu : [le vêtement] que tu portes est à moi. Celui-ci a dit : retire [le], celui-là a dit : envole-toi. » De ce fait « Caïn se dressa contre son frère Abel et le tua  ». Rabbi Yehoshua de Sikhnin rapporte au nom de Rabbi Lévi : tous les deux ont pris les terres et les biens meubles. Et pourquoi se sont-ils querellés ? Chacun a dit : le Temple sera construit sur mon territoire, ainsi qu'il est dit : « pendant qu'ils étaient dans le champ ». [Le terme] champ désigne le Temple, comme il est dit : « Sion sera labourée comme un champ » (Michée 3, 12). De ce fait, « Caïn se dressa contre son frère Abel... ». Rabbi Houna dit : une jumelle supplémentaire est née avec Abel. L'un a dit : je la prends car je suis l'aîné, l'autre a dit : je la prends car elle est née avec moi. De ce fait « Caïn se dressa contre son frère Abel... »

   Le texte biblique présente une lacune : Caïn parle à son frère, mais que lui dit-il ? L'objectif du passage que l'on vient de citer est de combler cette lacune, de rechercher la cause du crime dont il est question dans le même verset, et peut-être aussi de réfléchir à ce qui pousse les hommes à s'entretuer. Ces trois avis se fondent sur la Bible même. Le premier renvoie, bien évidemment à ce qui est dit en Genèse 4, 2 sur les occupations des deux frères. Pour le second, il s'agit de trouver le motif du meurtre dans le verset lui-même, et l'analogie avec Michée permet de donner au terme « champ » un sens tout à fait particulier. Dans le troisième cas, il est fait allusion à un enseignement précédemment cité dans Genèse Rabba, qui mentionne des jumelles nées avec Caïn et Abel et dont il n'est pas question dans la Bible, expliquant ainsi comment les premiers hommes ont pu se reproduire. Bien que ce ne soit pas explicité, c'est également le mot « champ » qui, en référence à Deutéronome 22, 25, permet de voir en une femme l'objet de la querelle. Après le meurtre, Dieu dit à Caïn : «  ... Les sangs de ton frère crient vers moi. » (Genèse 4, 10). Ce pluriel appelle l'interprétation suivante : « Son sang et celui de ses descendants [qui n'ont pu venir au monde]. » À propos de ce cri, Rabbi Shim'on ben Yohaï, passant par une parabole, met en cause, avec audace, la responsabilité divine : « La chose est difficile à dire, et la bouche ne peut l'exprimer. Deux athlètes luttaient devant le roi. Si celui-ci l'avait voulu, il les aurait séparés. Il ne l'a pas voulu. L'un des athlètes a pris le dessus sur le second et l'a tué. Celui-ci criait : « Que justice soit réclamée au roi ! »

   Sur le plan de la forme, les corpus midrashiques se divisent en midrash exégétique, qui suit le texte biblique pas à pas et en explique chaque verset, chaque expression (ex : Genèse Rabba), et en midrash homilétique, constitué d'unités plus ou moins longues, développant un thème central et portant sur l'un des premiers versets d'un passage de la Bible (ex : Lévitique Rabba).

   On classe habituellement les différents recueils du midrash en trois périodes. Sont de la période classique Mekhilta (sur l'Exode), Sifra (sur le Lévitique), Sifre (sur les Nombres et le Deutéronome). Ces ouvrages qui regroupent des enseignements des tannaïm (Ier-IIe s.) sont généralement considérés comme midrash halakha, malgré la place relativement importante qu'y occupe la aggada. Sont également de cette période Genèse Rabba (Ve s.), Lévitique Rabba (VIe s.) et la Pesiqta de Rav Kahana, midrash homilétique sur certains passages de la Torah ou des Prophètes lus à la synagogue à divers moments de l'année juive. La période intermédiaire est représentée par les Rabba sur les « cinq rouleaux », dont le plus ancien est Lamentations Rabba. Font partie de la période tardive les recueils du groupe Tanhuma – Yelammedenu qui comporte le Tanhuma (midrash homilétique sur le Pentateuque), Deutéronome Rabba, Exode Rabba, Nombres Rabba (dont certains textes datent du XIe s.) et la Pesiqta Rabbati dont la structure est semblable à celle de la Pesiqta de Rav Kahana. On citera également Avot de Rabbi Nathan, qui amplifie le traité Avot de la Mishna et le midrash sur les Psaumes.

   Deux ouvrages occupent une place un peu particulière : Seder Olam (attribué à un rabbin du IIe s.), qui reprend la chronologie biblique, et Pirqe de Rabbi Eliezer (VIIIe s.), dont l'auteur réécrit les récits du Pentateuque, de la Création à Moïse, en mêlant intimement éléments bibliques et midrashiques. Au Moyen Âge, ont été composés des anthologies comme le Yalqut Shim'oni ou le Midrash ha-gadol (tous les deux du XIIIe s.) dont les auteurs ont puisé dans les sources à leur disposition les enseignements, sur la Bible, qui leur ont semblé dignes d'intérêt. L'importance de ces ouvrages réside dans le fait qu'on y trouve des textes perdus par ailleurs ou des variantes intéressantes de textes déjà connus.

   Signalons, pour finir, deux anthologies modernes : le Sefer ha-aggada de Bialik et Ravnitski et, de L. Ginzberg, The Legends of the Jews.