Delpit (Albert)
Écrivain français (La Nouvelle-Orléans 1849 – Paris 1893).
Il dut à sa nationalité américaine (il ne fut naturalisé qu'en 1892) d'échapper au peloton d'exécution des communards. Il collabora avec A. Dumas père, dont il fut secrétaire, et publia poèmes (l'Invasion, 1872) et romans (le Fils de Coralie, 1879 ; Thérésine, 1888). Son frère Édouard (La Nouvelle-Orléans 1844 – Paris 1911), sous-préfet de Nérac (1873), se consacra à la poésie (les Mosaïques, 1871), au théâtre (Constantin, 1877) et au roman (Chaîne brisée, 1890).
Delsham (Tony, André Pétricien, dit)
Écrivain martiniquais (Fort-de France 1945).
Journaliste, chroniqueur judiciaire, éditeur, il est l'un des principaux écrivains de la créolité. Ses romans historiques (An tan Robè, 1994) disent le mal-être de la société antillaise et son tragique social ou domestique, notamment Lapo-farine (1983), roman des déshérités, et Fanm Dèwo, celui des concubines ou « femmes-dehors » (1993). Il recueille une très large audience dans les D.O.M.
Delta (Pénélope)
Romancière grecque (Alexandrie 1871 – Athènes 1941).
Son œuvre est essentiellement destinée aux enfants, avec une double intention pédagogique et nationaliste, illustrée dans son livre le plus célèbre : Au temps du Bulgaroctone (1911).
Delteil (Gérard Folio, dit Gérard)
Écrivain français (1939).
Ses enquêtes journalistiques sur le terrorisme, les banques, les prisons, les agences matrimoniales, la mafia moscovite, les luttes populaires en Amérique latine, l'amènent à des romans noirs fort documentés (Votre argent m'intéresse, 1984 ; Festin de crabes, 1987 ; Chili incarné, 1996 ; la Peau des autres, 1997). Il s'est essayé également au polar pour enfants et à la science-fiction.
Delteil (Joseph)
Écrivain français (Villar-en-Val, Aude, 1894 – Massane, Hérault, 1978).
Son procès, depuis les années 1920, est continuellement rouvert et fermé. La publication des Œuvres complètes (1961) n'a pas mis fin aux divergences à son sujet, non plus que la Deltheillerie (1968). Il a débuté par une poétique du cocasse (le Cœur grec, 1919 ; le Cygne androgyne, 1921) et, dans ses premiers romans (Sur le fleuve Amour, 1922 ; Choléra, 1923 ; les Cinq Sens, 1924), les initiateurs du surréalisme (notamment Aragon, Breton et Desnos) reconnaissent la spontanéité, la sensualité, l'impudeur, la joie et la passion dépourvues d'intellectualisme, qu'ils prônaient dans leur mouvement. Séduits aussi par sa personnalité fruste et rebelle, ils parcourent ensemble un bout de chemin, jusqu'à ce qu'ils se rendent compte de leur mutuelle incompatibilité d'humour. Sa Jeanne d'Arc (1925), « récit d'une vie passionnée », qui obtient le prix Femina, déclenche un scandale, dû surtout à l'extraordinaire publicité dont elle est l'objet : Delteil réalisera le scénario du film de Dreyer à partir de son livre (1927). Ses épopées en prose (les Poilus, 1926 ; la Jonque de porcelaine, 1927), ses biographies largement imaginaires (La Fayette, 1928 ; le Petit Jésus, 1928 ; Il était une fois Napoléon, 1929 ; Saint Don Juan, 1930) révèlent un écrivain de belle verve, hanté par la fatalité du destin, cherchant à dégager la grâce dont étaient investies ces personnalités dans une aventure qu'il conçoit comme solitaire, en dépit des foules. En 1930, il rencontre Caroline Dudley, la directrice de la Revue nègre, qu'il épousera en 1937. Une grave maladie l'amène alors à s'installer en province, près de Montpellier, où il se consacre à l'agriculture et à la vigne, s'enfermant dans un silence quasi total. C'est sa « période paléolithique » avec Jésus II (1947), la Cuisine paléolithique (1964), Alphabet (1973), le Sacré Corps (1976). Un portrait télévisé de J. M. Drot attire alors à nouveau l'attention sur lui et le consacre en sage rustique. Fidèle à son éducation chrétienne, il considère avoir fait œuvre de foi dans une œuvre où certains retrouvent le Verbe évangélique à l'état pur, c'est-à-dire un style original, brutal et lumineux.
Delvaille (Bernard)
Poète français (Bordeaux 1951).
Voyageur attentif au rythme de l'époque aussi bien qu'au monde plénier des jeunes années à Paris (Enfance mon amour, 1957) et à la parole romantique (Tout objet aimé est le centre d'un paradis, 1958), Delvaille est marqué par Morand. Via un langage personnel (le Vague à l'âme de la Royal Navy, 1979), cet amoureux des villes montre une prédilection, rare en France, pour les cités nordiques comme Oslo ou Copenhague, ce qui n'exclut pas l'amour stendhalien du Sud, de Venise et de Rome. Il saisit le mystère lent ou heurté des villes, syntaxe et images, en même temps que la douloureuse contradiction entre la labilité du temps humain et la corne d'abondance des beautés du monde. Outre son auto-anthologie (Poëmes, 1982), il a donné une vaste anthologie de la poésie française Plaisir solitaire (1989).
Demedts (André)
Écrivain belge d'expression néerlandaise (Sint-Baafs-Vijve 1906-Audenarde 1992).
Son inspiration chrétienne nourrit son œuvre romanesque, particulièrement les récits qu'il consacre au monde paysan (Avant la tombée du soir, 1947 ; Dans la lumière du matin, 1949 ; la Boucle est fermée, 1951), sa poésie (Terres labourées, 1931 ; Après, 1968) et son théâtre. On lui doit aussi des récits à la psychologie plus nuancée (Encore longtemps, 1961 ; Une couronne de bois, 1978) et des essais sur Streuvels, Daisne, Verriest.
Demirdjian (Derenik)
Écrivain arménien (Akhalkalaki 1877 – Erevan 1956).
Auteur de nouvelles pessimistes qui peignent une société en proie à la domination des Avars, il transforme en satire politique et dramatique le conte populaire Nazar le brave (1923). Son roman historique, les Vardanank (1943-1946), s'inspire de l'historien Élisée pour exalter l'esprit de résistance nationale.
Deml (Jakub)
Poète tchèque (Tasov 1878 – Trebic 1961).
Prêtre catholique en difficulté avec sa hiérarchie, il subit l'influence de Brezina (Notantur lumina, 1907) sur lequel il laissera un Témoignage (1933) capital. Il mêle dans son lyrisme un spiritualisme franciscain (le Château de la mort, 1912 ; Mes amis,1913 ; Miriam, 1916) à une violence de pamphlétaire héritée de Léon Bloy dans un journal poétique qu'il publie à ses frais (Traces de pas, 1917-1941).