Blavier (André)
Écrivain belge (Hodimon-lez-Verviers 1922 – Verviers 2001).
Bibliothécaire, éditeur, membre de l'Oulipo et du Collège de pataphysique, il crée la revue Temps mêlés (1953-1978) et Temps mêlés II, consacrée à R. Queneau. Son roman Occupe-toi d'homélies (1976) et ses poèmes (le Mal du pays ou les travaux forc[en]és, 1983-1996) sont de veine oulipienne. Ses écrits critiques explorent les mondes de Magritte (Ceci n'est pas une pipe : contribution furtive à l'étude d'un tableau de René Magritte, 1973) et de Queneau. On lui doit une étonnante anthologie des Fous littéraires (1982, rééd. 2000), devenu ouvrage de référence.
Blest Gana (Alberto)
Écrivain chilien (Santiago 1830 – Paris 1920).
Fondateur du roman chilien moderne, il se proposa, tel Balzac, d'écrire une sorte de Comédie humaine de son pays. Des quatorze récits de sa première époque (1853-1864), le plus connu est Martín Rivas (1862). Le conflit entre la province et la capitale paraît une des constantes de son œuvre. Dans Pendant la reconquête (1897), il mêle, à la manière de Pérez Galdós, l'histoire à la fiction. Les Exilés (1904) sont une peinture du milieu des émigrés chiliens à Paris.
Blicher (Steen Steensen)
Écrivain danois (Vium 1782 – Spentrup 1848).
Sa poésie, influencée par Oehlenschläger et Grundtvig, use volontiers du dialecte dans les Oiseaux migrateurs (1838). L'essentiel de son œuvre est constitué de nouvelles (le Pasteur de Veilby, Fragments du journal d'un bedeau de campagne) inspirées de faits divers célèbres, de références régionales (le Bonnetier, 1829). Romantique, il est aussi un précurseur du réalisme à la Jacobsen (qui lui reprendra le personnage de Marie Grubbe).
Blish (James)
Écrivain américain (Orange, New Jersey, 1921 – Londres 1975).
Son œuvre, qui relève dans sa quasi-totalité de la science-fiction, est celle d'un humaniste ayant foi en la science et croyant au développement illimité de l'homme et de ses possibilités : le cycle des Villes nomades (1956-1958) se présente comme une histoire du futur où l'homme, ayant vaincu la pesanteur, parcourt l'espace dans des villes entières qu'il a arrachées au sol de la planète ; Semailles humaines (1956) envisage une science, la « panthropie », qui permet à l'homme de s'adapter à n'importe quel environnement. Blish est également l'auteur d'une des œuvres majeures de la « science-fiction théologique » anglo-saxonne (Un cas de conscience, 1958), d'une biographie romancée de Francis Bacon (Doctor Mirabilis, 1965) et de deux récits fantastiques (Pâques noires, 1968 ; le Lendemain du Jugement dernier, 1970), quatre livres qui traitent du désir de connaissance.
Blixen (Karen)
Femme de lettres danoise (Rungstedlund 1885 – id. 1962).
Issue d'une famille de propriétaires terriens apparentée à la haute aristocratie, elle commença très tôt à écrire, tout en poursuivant des études artistiques à Copenhague, à Paris et à Rome. Elle épousa en 1914 son cousin, le baron Blixen-Finecke, et vécut de 1914 à 1931 au Kenya, où ils possédaient une plantation de café. Ruinée par la crise, divorcée, elle revint en Europe avec le regret poignant d'un paysage grandiose et sauvage, d'une vie libre et fière et d'une population qu'elle avait profondément aimée. Elle fit ses débuts littéraires avec Sept Contes gothiques (1934), écrits d'abord en anglais, puis traduits par elle-même en danois ; ce fut d'ailleurs sa méthode habituelle de travail, et il n'y a guère que ses œuvres de jeunesse qui ont été écrites directement en danois. Elle use des procédés du genre fantastique et du roman noir dans les Contes d'hiver (1942), les Voies de la vengeance, Anecdotes du destin (1958) et Contes posthumes (1975). Elle est aussi l'auteur de souvenirs sur son expérience africaine (la Ferme africaine [Out of Africa], 1937), complétés par les témoignages plus directs de ses Lettres (1978). L'adaptation partielle de son œuvre au cinéma (le Festin de Babette, 1987 ; Out of Africa, 1986) a considérablement augmenté son audience à l'échelle internationale, mettant en évidence son souci de confronter les cultures.
Bloch (Jean, dit Jean-Richard)
Écrivain français (Paris 1884 – id. 1947).
Il veut rendre sensible l'idée qu'il se fait de la judaïté, qu'il juge inséparable des notions de justice et d'humanisme révolutionnaire (Lévy, 1912 ; Et Cie, 1918). Dans sa revue l'Effort libre, qu'il fonde à Poitiers en 1910, il annonce, en même temps que Barbusse, la venue d'une littérature prolétarienne : c'est la préoccupation générale de son œuvre, essais (Carnaval est mort, 1920 ; Naissance d'une culture, 1936) ou théâtre (le Dernier Empereur, 1926). Mais il soumit peu à peu la constitution de cette « culture naissante » à des impératifs politiques, voire staliniens (Toulon, 1943). Il fut, à Moscou, à partir de 1942, un des speakers de Radio-France.
Bloch (Robert)
Écrivain américain (Chicago 1917 – Los Angeles 1994).
C'est à une correspondance précoce avec H. P. Lovecraft que Robert Bloch prétend devoir sa carrière d'écrivain – on pourrait ajouter que c'est également à la revue Contes de l'étrange, qu'il découvrit vers sa 10e année et à laquelle il vendit sa première histoire à 17 ans. Composée de plus de 300 nouvelles et romans, son œuvre se partage entre trois genres : le fantastique, la science-fiction et le roman policier. Plusieurs de ses récits font d'ailleurs s'interpénétrer certains de ces genres comme en témoigne son roman Psychose (1959), dont Alfred Hitchcock a tiré l'un de ses films les plus célèbres. Deux anthologies parues en France rassemblent ses meilleures nouvelles (Contes de terreur, 1974 ; la Boîte à maléfices de Robert Bloch, 1981).
Bloem (Jakobus Cornelis)
Poète hollandais (Oudshoorn 1887 – Kalenberg 1966).
Dans la poésie, ce fonctionnaire « au cœur nomade » chercha toute sa vie un moyen de « désapprendre », polissant minutieusement les formes traditionnelles de la rhétorique classique (qu'il discuta avec Gossaert et Van Eyck dans la revue De Beweging), tout en aspirant à l'équilibre entre la sensualité (le Désir, 1921) et la résignation (Media Vita, 1931 ; l'Échec, 1937 ; Adieu, 1957).