Serafi (Pere)
Écrivain espagnol d'expression catalane (Grèce ? v. 1505 – Barcelone 1567).
Le seul ouvrage qui nous soit parvenu, Dos llibres de poesia vulgar en llengua catalana (1565), comprend un livre de « chants d'amour » dans la mouvance de Pétrarque et d'Ausiàs March, et un autre dit d'« œuvres spirituelles ». Pere Serafi y mêle des formes catalanes médiévales (le lai ou la cançó) à d'autres plus récentes d'origine italienne (la tierce rime et, surtout, le sonnet).
Serao (Matilde)
Écrivain italien (Patras 1856 – Naples 1927).
Journaliste, parfois en collaboration avec son mari E. Scarfoglio, elle est l'auteur d'une quarantaine de romans et de nouvelles véristes, qui dessinent une fresque sociale de la Naples populaire (la Vertu de Checchina, 1884 ; le Ventre de Naples, 1884 ; Sentinelles, prenez garde à vous, 1889 ; Adieu, amour, 1889 ; le Pays de cocagne, 1890). Vers la fin de sa vie, son œuvre évolue de plus en plus vers le mysticisme visionnaire (Vie en détresse, 1900), la vulgarisation dévote et l'hagiographie esthétisante (Au pays de Jésus : souvenirs d'un voyage en Palestine, 1898 ; Naples. Les légendes de la réalité, 1909).
Serbie
Chez les Serbes, la littérature était très féconde au Moyen Âge. Prolongeant l'œuvre des apôtres slaves Cyrille et Méthode (IXe s.), rédigée en vieux slave auquel s'intègrent des éléments de parler populaire, elle est d'abord une littérature de traduction et d'imitation (évangéliaires, hagiographies, apocryphes), avant d'acquérir, au début du XIIIe s., son autonomie. Elle a vu se développer un genre littéraire qui est l'une de ses caractéristiques : les biographies de souverains serbes et de hauts dignitaires de l'Église. Ce genre, inauguré par le fondateur de l'Église autonome serbe, Sava Nemanjic, a été poursuivi après lui par son frère, le roi Stevan, et après eux par des moines érudits et des hauts fonctionnaires ecclésiastiques : Domentijan, Teodosije, Danilo, Grigorije Camblak, Konstantin. Après la conquête turque, la littérature serbe n'a jamais cessé d'exister, elle a continué à être cultivée dans les monastères : Jefimija (1405), Pajsije (1647), Étienne Lazarevic (1427).
À la fin du XVIIe s., les Serbes émigrés massivement en Hongrie redonnent son essor à la littérature. Ils reprennent d'abord la tradition médiévale. L'histoire nationale est une des préoccupations majeures de l'époque : Chroniques slavo-serbes de Djordje Brankovic (1647-1711), Histoire du peuple slavo-serbe de Pavle Julinac (1730-1785), Histoire de divers peuples slaves, bulgares, croates et serbes de Jovan Rajic (1726-1801). Gavrilo Venclovic (1750) et Zaharija Orfelin (1726-1785) sont les initiateurs d'une littérature didactique laïque. Dositej Obradovic (1739-1811) a cherché le premier à dégager la langue de la tradition cléricale. Il a écrit ses traités didactiques et ses fables dans une langue qui prend pour base les parlers populaires. Ses disciples, Jovan Muskatirovic (1743-1809) et Pavle Solaric (1779-1821), poursuivent son œuvre didactique. Milovan Vidakovic (1770-1841) est l'auteur des premiers romans.
Au début du XIXe s., dans le cadre de la Turquie d'Europe, la Serbie obtient une large autonomie et le Monténégro consolide son indépendance de fait. Cette période de renaissance d'une vie culturelle nationale est dominée par la « découverte » de la littérature orale, dont la langue va servir de modèle à l'expression littéraire. Dans ce mouvement, Vuk Karadzic (1787-1864) a pris une place exceptionnelle. Ses recueils de Chants lyriques et héroïques rencontrent l'accueil enthousiaste de l'Europe romantique. En quarante années de lutte contre les conservatismes, il a réussi à imposer la langue parlée comme langue littéraire.
Le romantisme
La langue et la poétique des chants oraux ont fortement marqué les écrivains de l'époque romantique, dont les œuvres sont imprégnées d'un sentiment national et de traditions populaires. Le plus grand poète de cette époque, le prince-évêque du Monténégro Petar II Petrovic Njegos (1813-1851) a réussi la synthèse des éléments de la poésie orale dans une œuvre originale. La génération suivante s'inspire largement des romantiques européens, de Byron à Petofi. Les poètes Branko Radicevic (1824-1853), Jovan Jovanovic Zmaj (1833-1904), Djura Jaksic (1832-1878), Laza Kostic (1841-1910) répandent les idées nationales et démocratiques. Les prosateurs sont aussi nombreux : Bogoboj Atanackovic (1826-1858), Milorad Popovic Sapcanin (1842-1895), Stjepan Mitrov Ljubisa (1824-1878).
Le réalisme
En Serbie même, affranchie de la domination turque, la question sociale, les problèmes d'une paysannerie confrontée au capitalisme naissant prennent le dessus sur la question nationale. Un jeune idéologue socialiste, Svetozar Markovic (1846-1875), élève de la pensée russe, se fait, au début des années 1870, le champion du réalisme engagé et du socialisme. Jovan Sterija Popovic donne de célèbres comédies de mœurs, où il évoque les travers de la bourgeoisie. Et c'est encore dans cette lignée que se situe le premier prosateur réaliste serbe, Jakov Ignjatovic, dont les romans, parus de 1860 à 1888, peignent la petite bourgeoisie serbe de Hongrie et sa déchéance. La nouvelle rurale devient le genre littéraire dominant (Milovan Glisic, Janko Veselinovic). Laza Lazarevic (1851-1890) décrit le monde patriarcal en voie de disparition. Stevan Sremac (1855-1906) peint avec humour la vie des bourgades marchandes et Simo Matavulj (1852-1908) retrace les mœurs de sa province natale, du Monténégro et de Belgrade. Svetolik Rankovic (1863-1899) évoque la vie rurale et Radoje Domanovic (1873-1908) se voue à la satire politique. Au XIXe s. la veine réaliste, très marquée par le régionalisme, se poursuit chez le conteur bosniaque Petar Kocic (1877-1916) et le romancier dalmate Ivo Cipiko (1869-1923). Le grand auteur de comédies Branislav Nusic (1875-1927) décrit sa province d'origine, la Serbie du Sud-Est, arriérée et récemment libérée des Turcs.
Les années 1895-1914 sont marquées par l'ouverture sur l'Occident dans tous les domaines : la critique littéraire (Ljubomir Nedic, Jovan Skerlic, Bogdan Popovic), la poésie et la prose (Vojislav Ilic, Milan Rakic, Jovan Ducic, Vladislav Petkovic Dis, Milos Crnjanski, Sima Pandurovic, Momcilo Nastasijevic, Stanislav Vinaver, Isidora Sekulic). Rares sont ceux qui ont suivi la tradition (Aleksa Santic, Veljko Petrovic, etc.). La vie littéraire serbe, au lendemain de la Première Guerre mondiale, connaît la percée des avant-gardes européennes. Le centre de la vie littéraire yougoslave devient Belgrade, où se trouvent de nombreux écrivains, rentrés d'exil. Certains sont arrivés des régions qui, avant l'année 1918, faisaient partie de l'Empire austro-hongrois. Ivo Andric s'affirme par la prose poétique et par des nouvelles, dont sa Bosnie natale est le décor et où il étudie des types de solitaires tourmentés par leur sensualité. Un groupe de treize jeunes gens introduit à Belgrade le surréalisme, parmi lesquels M. Ristic, M. Dedinac, D. Matic, A. Vuco.
Après la Seconde Guerre mondiale, la Serbie entre dans la Fédération yougoslave où apparaît une littérature sociale et militante, dont les auteurs vont occuper le devant de la scène. Les idéologues les plus en vue sont les Monténégrins Radovan Zogovic et Milovan Djilas. La littérature exalte la lutte révolutionnaire. La rupture de la Yougoslavie avec le bloc soviétique (1948) n'entraîne pas une disparition immédiate des normes du réalisme socialiste. Les anciens surréalistes jouent un rôle important dans la revendication des libertés artistiques. Dès 1951, D. Cosic brise la technique dite « noir et blanc » en mettant en scène le conflit entre la mentalité paysanne et la discipline révolutionnaire. Il ouvre la voie à A. Isakovic, B. Copic, M. Lalic. Le plus jeune des anciens surréalistes, Oskar Davico, associe dans son roman intitulé Poème (1952) amour fou et ferveur révolutionnaire. Dans sa poésie et dans ses romans, il continuera par la suite à tenter de mettre des techniques d'avant-garde au service de l'idéologie officielle. La poésie s'illustre avec Vasko Popa, Desanka Maksimovic, Stevan Raickovic, Miodrag Pavlovic, Ivan Lalic, Borislav Radovic et Branko Miljkovic. Par son œuvre et son suicide, Branko Miljkovic (1934-1961), chantre du feu, du sang et de la mort, est devenu le symbole de l'engagement poétique.
Le début des années 1960 renoue définitivement avec la littérature de l'entre-deux-guerres et marque le retour à la continuité. Milos Crnjanski rentre en Yougoslavie en 1965 et y réintègre pleinement la vie littéraire. Miodrag Bulatovic décrit dans ses nouvelles et dans ses romans la tendresse et la cruauté de héros marginaux. Ainsi, la littérature assume à nouveau un rôle de critique sociale. Le Bosniaque Mesa Selimovic oppose, dans un cadre historique, la conscience morale de l'individu à l'action politique (le Derviche et la Mort, 1966). Les auteurs de la prose traditionnelle sont Erih Kos, Jara Ribnikar, Veljko Kovacevic, Bosko Petrovic, Aleksandar Tisma et Mladen Markov. Slobodan Dzunic, le poète et romancier Branko V. Radicevic, Zika Lazic, Miodrag Djurdjevic, Svetlana Velmar-Jankovic, Voja Colanovic et Grozdana Olujic-Lesic s'inscrivent dans la tradition réaliste, tandis que la prose nouvelle – le réalisme renouvelé – apparaît chez Zivojin Pavlovic, Slobodan Selenic, Vladimir Stojsin, Momo Dimic. Les conteurs comme Miroslav Jovic Visnjic, Slavko Lebedinski apportent une facilité d'expression tandis que Novak Kilibarda, Ratko Adamovic, Djuro Damjanovic, Branko Letic, Radoslav Bralic, Jovan Radulovic et Miroslav Toholj sont les représentants de la tradition réaliste. D'autres orientations émergent avec le renouvellement du roman historique (Dobrilo Nenadic, Petar Saric, Miroslav Savicevic). Danilo Kis et Milorad Pavic cultivent une prose où se confondent l'imagination et la réalité, à la façon de J. L. Borges. Momo Kapor, Milan Oklopdzic et Svetozar Vlajkovic décrivent la vie urbaine moderne. Les romanciers serbes les plus connus avant la désintégration de la Yougoslavie sont Milorad Pavic, Borislav Pekic, Milovan Danojlic, Miroslav Popovic, Danko Popovic, Radoslav Petkovic. néosymbolisme est représenté par les poètes Borislav Radovic, Velimir Lukic, Ivan Lalic. La poésie, proche de la vie quotidienne, apparaît chez Mirjana Stefanovic, Bozidar Sujica et Vito Markovic. La tradition d'un lyrisme subjectif continue avec Slobodan Rakitic, Dragan Dragojlovic, Dragomir Brajkovic, Darinka Jevric, Radomir Andric et Alek Vukadinovic. Dans la poésie prédominent les interprétation parodiques des mythes et du folklore national : Matija Beckovic, Bosko Bogotic, Gojko Djogo, Rasa Livada, Milan Komnenic, entre autres. Une nouvelle prose de type réaliste introduit une langue proche de l'argot des faubourgs ou du patois des provinces (Dragoslav Mihajlovic, Bora Cosic, Zivojin Pavlovic, Vidosav Stefanovic, Moma Dimic, Milisav Savic, Borislav Pekic, Mirko Kovac).