Ta Abbata Charran (Thabit ibn Djabir, dit)
Poète arabe (VIe-VIIe s.).
L'un des plus célèbres su'luk, poète-brigand de l'Arabie prémusulmane, à l'instar d'al-Chanfara ou de 'Urwa Ibn al-Ward, il chante la misère de la vie bédouine, faisant valoir sa propre endurance.
Tabari (Abu Djafar ibn Djarir al-)
Historien arabe (839 – Bagdad 923).
Nourri d'une solide culture traditionnelle, il est le fondateur d'une école juridique qui n'eut qu'une existence éphémère. Son commentaire (tafsir) du Coran, en revanche, est resté jusqu'à aujourd'hui un classique du genre. L'autre grand ouvrage d'al-Tabari est son histoire universelle, une monumentale composition qui vise à replacer l'avènement de l'islam dans l'histoire universelle telle que l'envisage, du moins à ses débuts, la tradition judéo-chrétienne.
Tabib (Mordechaï)
Écrivain israélien (Rishon Le-Ziyon 1910 – id. 1979).
Né dans une famille yéménite, cet autodidacte, fut l'un des rédacteurs de la revue littéraire bilingue, hébreu-arabe, Rencontre. Son œuvre, qui comprend deux romans autobiographiques (Comme l'herbe des champs, 1948 ; Comme la bruyère dans la lande, 1957), deux recueils de nouvelles (le Sentier, 1954 ; Voyage vers le grand pays, 1969) et quelques poèmes, s'attache à décrire sa communauté immigrée en terre d'Israël dans la première moitié du XXe siècle. À l'instar d'autres écrivains israéliens d'origine orientale, Tabib évoque les problèmes d'intégration des Juifs orientaux dans une société conçue sur un modèle occidental. Cependant Tabib, membre de la Histadrouth, privilégie la lutte au sein d'un syndicat qui permet, selon lui, de réduire les inégalités et de résoudre les problèmes sociaux.
T'abidze (Galak't'ion Vasilis dze)
Poète géorgien (Tch'q'vichi 1892 – Tbilisi 1959).
Fils d'un instituteur, d'abord influencé par les symbolistes français (la Nuit et moi, 1913 ; la Lune de Mtats'minda, 1919 ; Cantique des cantiques à Nik'orts'minda, 1947), le premier à célébrer la révolution pour laquelle il s'enthousiasme (les Drapeaux, vite ! ; l'Époque, 1928 ; À la Géorgie révolutionnaire, 1930), mais qui le laisse bientôt désenchanté, et la résistance (Pays de mes pères, ô ma vie !, 1943). Il est, aux yeux des Géorgiens, le plus grand poète du XXe siècle, d'un lyrisme prenant.
T'abidze (T'itsian Iust'ines dze)
Poète géorgien (Tch'q'vichi 1895 – 1937).
Né dans une famille de popes, ami des symbolistes russes, il est l'un des fondateurs des Tsisperi q'ants'ebi (Les Cornes d'Azur), le rédacteur de deux de leurs revues, Rubik'oni et Barik'adi, puis rejette leur esthétique. Il traduit en géorgien Lautréamont et Laforgue, Pasternak (qui lui adresse ses Lettres aux amis géorgiens) et Blok. Après avoir combattu dans ses articles les sociaux-démocrates, il chante avec lyrisme la Géorgie nouvelle, la Nuit de Tbilisi (1927), Rioni-Port (1928), Okroq'ana (1929) et l'Internationale révolutionnaire, En Arménie (1932), Dolorès ma sœur, Basques mes frères (1936). Il est arrêté et disparaît lors de la grande purge stalinienne de 1937.
Tablada (José Juan)
Écrivain mexicain (Mexico 1871 – New York 1945).
Il réunit ses satires politiques dans Tirs à blanc (1910) et fut à l'origine de la Revista moderna, principal organe du modernisme littéraire mexicain. Poète postmoderniste (le Florilège, 1894), il inventa la lyrique « synthétique » (Un jour, poèmes synthétiques, 1919), introduisit la poésie japonaise au Mexique (Au soleil, sous la lune, 1918), puis revint à des thèmes mexicains (La Feria, 1928). Il écrivit aussi ses souvenirs et un roman (la Résurrection des idoles, 1924).
Tabori (George)
Auteur dramatique austro-britannique (Budapest 1914 – Berlin 2007).
Exilé à Londres en 1935, puis aux États-Unis (1947-1971), il écrit en anglais, en yiddish et en allemand. Le thème de la Shoah s'impose lors d'une visite en Allemagne, où il crée la plupart de ses pièces à partir de 1969. Farces provocatrices (les Cannibales, 1969 ; Jubilé, 1983 ; Mein Kampf, 1987), celles-ci montrent que l'humour engage une mémoire sensible. Ses essais (Unterammergau, 1981) et récits (Son of a bitch, 1984) sont une autre « tentative de la plaie pour comprendre le couteau ».
Tabourot (Étienne)
Seigneur des Accords, écrivain français (Dijon 1549 – id. 1590).
Fils de magistrat, il acheta en 1582 un office de procureur du roi au bailliage de Dijon. Ligueur actif, il consacra à la littérature les loisirs que lui laissaient ses activités professionnelles et politiques. Auteur de poésies néolatines, d'un Dictionnaire des rimes françaises (1587) et d'une étude historique en latin sur le duché de Bourgogne (1587), Tabourot dut sa célébrité à quatre ouvrages : les Bigarrures (1583-1585), les Touches (1585-1588), les Apophtegmes du sieur Gaulard et les Escraignes dijonnoises (1603). Les Bigarrures attirent surtout l'attention. Quoique touchant, comme son titre l'indique, à divers sujets, cet ouvrage n'en est pas moins attaché, pour l'essentiel, à des questions de langage, de rhétorique et de poétique (l'invention et l'utilité des lettres, les rébus, les équivoques, les anagrammes, les singularités du vers français, etc.) ; il constitue ainsi un témoignage précieux sur certains aspects des pratiques scripturales de la Renaissance.
Tabourot (Jean)
Écrivain français (Dijon 1520 – Langres 1595).
Chanoine de Langres (1574) et oncle d'Étienne Tabourot – l'auteur des Bigarrures – , il publia en 1588, sous le nom de Thoinot Arbeau, son ouvrage Orchésographie et traité en forme de dialogue par lequel toutes personnes peuvent apprendre et pratiquer l'honneste exercice des dances. La matière est exposée aux débutants pas à pas, dans une sorte de tablature où, sous la portée musicale, est disposée la notation alphabétique des danses. La description minutieuse des danses de l'époque (pavanes, moresques, matassins, volta) constitue un document intéressant sur la vie et les coutumes du XVIe s.
Tabucchi (Antonio)
Écrivain italien (Pise 1943).
Professeur de littérature portugaise, il se réfère à F. Pessoa même dans sa production littéraire. Un sens du mystère et de la perte, comme caractéristique de la condition humaine, parcourt son œuvre, qui oscille entre de brefs récits (Place d'Italie, 1975 ; le Jeu de l'envers, 1981 ; Nocturne indien, 1984 ; Petits Malentendus sans importance, 1985 ; le Fil de l'horizon, 1986 ; Requiem, en portugais, 1991) et des romans plus longs (Pereira prétend, 1993 ; la Tête perdue de Damasceno Monteiro, 1997). Le best-seller Pereira prétend a marqué un tournant dans son œuvre. Si ses premiers travaux révélaient un goût maniériste très développé, le plaisir pur du récit et de la citation, Pereira prétend englobe des problèmes politiques et sociaux (la dictature fasciste au Portugal). Tabucchi a dernièrement confirmé cette tendance en intervenant dans la presse nationale et internationale. Toutefois, dans sa dernière œuvre, le roman épistolaire ll se fait de plus en plus tard (2001), il a choisi d'explorer les méandres des sentiments amoureux. On lui doit aussi des œuvres théâtrales (Dialogues manqués, 1988 ; les Trois derniers Jours de Ferdinando Pessoa, 1996).