Shiina Rinzo (Otsubo Noboru, dit)
Écrivain japonais (Hyogo 1911 – 1973).
Dès l'âge de 18 ans, il se prend d'enthousiasme pour le mouvement ouvrier et adhère au parti communiste. Il est arrêté pour ses activités politiques et emprisonné. À sa sortie de prison, il découvre Dostoïevski, Kierkegaard et Nietzsche. Il publie, après la guerre, ses premières œuvres, dont le Banquet nocturne (1947) où il s'interroge sur le sens de l'existence. Converti au christianisme en 1951 après une crise de désespoir, il s'intéresse aux rapports existant entre le protestantisme et la culture japonaise. Rencontre (1952), œuvre largement autobiographique ; Une belle femme (1955).
Shikitei Samba
Écrivain japonais (Edo, auj. Tokyo, 1776 – id. 1822).
Fils d'un graveur d'Edo, il travailla dans le commerce des livres et entreprit une carrière d'écrivain, publiant dès 1795 dans divers genres. Persévérant dans la peinture des mœurs populaires, il s'impose aux côtés de Jippensha Ikku comme le maître du kokkeibon, ou « livre comique ». Au bain public (1809-1813) et Chez le barbier (1813-1814) proposent une évocation à la fois précise et amusée de la langue et du comportement des petites gens d'Edo.
Shimao Toshio
Écrivain japonais (Yokohama 1917 – 1986).
Après avoir publié son premier ouvrage, Chronique des années d'enfance, en 1943, il se porta volontaire dans la marine tout en sachant qu'il serait incorporé dans une unité de « kamikazes ». En 1944, il fut envoyé comme officier dans l'île de l'archipel d'Amami à la tête d'un groupe de jeunes gens destinés à la mort. Le 15 août 1945, il attendait l'ordre de décollage pour sa mission, lorsque la fin de la guerre lui fut annoncée. Ses récits de guerre, réellement vécus, le placèrent d'emblée parmi les écrivains d'après-guerre : À l'extrémité de l'île (1946), Chronique du départ de l'île (1949) ; De départ, il n'y en eut point (1962). Il écrivit aussi quelques récits oniriques, dont Ces journées telles qu'en rêves (1948), ainsi que son vaste roman autobiographique sur le drame vécu avec sa femme, devenue folle par suite de son infidélité, et sa décision de la sauver : l'Aiguillon de la mort (1960-1977).
Shimazaki Toson (Shimazaki Haruki, dit)
Écrivain japonais (Nagano 1872 – Kanagawa 1943).
Issu d'une vieille famille dans une région montagneuse de Kiso, il vint à Tokyo à 9 ans pour recevoir une éducation classique. Après la mort de son père, devenu fou à cause des changements dramatiques dus à la Restauration de Meiji, il entra à seize ans au Meiji Gakukin, école privée d'obédience protestante, où il se fit baptiser et se passionna de littérature. Devenu enseignant d'anglais, il fondera, avec son condisciple Kitamura Tokoku, la revue Bungakkai (1893). Son premier livre de poèmes, Recueil des jeunes pousses (1897), le classa d'emblée comme un poète romantique. Son premier roman, la Rupture de l'interdit (1906), publié à ses propres frais, – ce qui mit sa famille dans une misère extrême –, fit l'effet d'une bombe dans les milieux littéraires de l'époque. Il y racontait la lutte pour conquérir la liberté et la dignité humaine d'un instituteur de campagne né burakumin, les parias de la société japonaise. Ce roman, écrit dans une langue tout à fait moderne, fut considéré comme une œuvre « naturaliste ». Il continua à écrire des romans dont le style se révéla bientôt de plus en plus proche des « romans à la première personne » : Printemps (1908) ; Une famille (1910). Quelque temps après le décès de sa femme, en 1910, ses relations avec sa nièce firent scandale, et il dut s'expatrier, de 1913 à 1916, vivant à Paris puis à Limoges. Il publia ainsi plusieurs recueils d'essais sur la France, Paris en paix et Paris et la guerre (1915), et Étranger (1922). De retour à Tokyo, il confesse dans Vie nouvelle (1918) ses relations avec sa nièce et publie de nombreux essais et récits pour enfants. Son dernier chef-d'œuvre posthume, Avant l'aube (1929-1935), constitue une grande fresque historique centrée sur son père au sein d'une communauté démantelée par la rénovation de Meiji.
Shimoni (David)
Poète israélien (Bobruisk, Russie, 1886 – Tel-Aviv 1956).
Encouragé par Bialik, il fait ses débuts littéraires en publiant, en 1902, le poème Entre chien et loup. Un premier séjour en terre d'Israël en 1909 – prélude à son installation définitive en Palestine en 1921 – lui inspire les recueils Désert (1911) et Tempête et Silence (1912). Véritable chantre des pionniers de la deuxième Aliya, il a célébré dans ses « idylles » les joies et les peines des bâtisseurs du nouveau pays. En secret réunit divers poèmes, essais et œuvres en prose. Il a aussi publié des traductions de Tolstoï, Lermontov, Pouchkine et Heine.
Shinkokin-Shu
abréviation de Shinkokin waka-shu (Nouveau Recueil de poèmes de jadis et de maintenant)
Huitième anthologie poétique japonaise compilée sur ordre impérial (chokusen waka-shu) au début du XIII e s. Elle fut commandée par l'empereur retiré Gotoba à une équipe placée sous la direction de Fujiwara no Sadaie (ou Teika), l'un des plus fameux poètes de ce temps. L'ouvrage, en 20 volumes, fut achevé vers 1205 et contient environ 2 000 poèmes, dont un grand nombre du moine Saigyo (1118-1190), de Fujiwara no Sadaie lui-même et de son père Shunzei, ainsi que de l'empereur Gotoba.
Shkreli (Azem)
Écrivain kosovar d'expression albanaise (Pejë 1938 – Prishtinë 1997).
Dès 1952, il publie des vers pour enfants. Collaborateur de la revue la Vie nouvelle, il est à la fois un poète (les Gouttes d'eau, 1960 ; Je connais un mot de pierre, 1969 ; Larmes de montagne, 1974 ; les Anges des rues, 1963 ; De la Bible du silence, 1977 ; Poésies, 1977 ; le Baptême de la parole, 1981 ; la Tombe du coucou, 1983 ; le Chant du hibou, 1986 ; la Nuit des perroquets, 1990 ; Oiseaux et pierres, 1997 ; Dieu n'est pas Albanais, 1997) et un prosateur (la Caravane blanche, 1961 ; les Yeux d'Ève, 1965).
Shlonsky (Avraham)
Poète israélien (Kremenchtoug, Ukraine, 1900 – Tel-Aviv 1973).
Ses parents, socialistes-sionistes engagés et d'origine hassidique, l'envoient en 1912 pour une année à Tel-Aviv. De retour en Russie, il achève ses études, publie son premier poème (1918) et subit les influences du modernisme russe du début du siècle. Il revient en 1921, construit des routes et accomplit des travaux de défrichement dans la vallée de Jezre'el avant de s'installer à Tel-Aviv en 1922. Il est à la tête d'un groupe de poètes qui se révoltent contre l'hégémonie de Bialik et de son école. En 1925, il passe une année à Paris et se familiarise avec les poètes symbolistes, puis développe ses conceptions nouvelles dans des revues littéraires. Innovateur de la langue hébraïque, maître du calembour et du néologisme, il emprunte symboles et images à la littérature et à la culture juives traditionnelles. Sa poésie expressionniste, aux images violentes et d'une profonde tristesse, est le reflet des époques troubles et tragiques qu'il a vécues. Contemplant les décombres d'un monde qui sort de la guerre, il exprime dans Douleurs (1924) l'effondrement de sa foi. Si le second recueil (À papa maman, 1927) est une évocation nostalgique de la maison paternelle mêlée aux souvenirs du pionnier, Dans la roue (1927) est un retour aux thèmes tragiques des guerres et des pogroms. Tandis que En ces jours (1930) et Pierres de la désolation (1934) donnent une vision accablante de la ville moderne et de l'aliénation du citadin, Chants de la défaite et de la réconciliation (1938) célèbre les paysages enchanteurs de la patrie. Les poèmes suivants (1947), hymne à la gloire d'une vie saine et naturelle et aux valeurs constructives de la société, sont un tribut payé au réalisme socialiste, mais les derniers recueils (Pierres brutes, 1960 ; les Poèmes du long couloir, 1968 ; le Livre des Échelles, 1972) retrouvent un ton plus personnel et dressent le bilan d'une vie de création. Shlonsky, qui a également écrit pour les jeunes, a enrichi la littérature hébraïque de nombreuses traductions, dont plus de cinquante pièces de théâtre.