Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
L

Luzi (Mario)

Écrivain italien (Florence 1914-id. 2005).

Ses débuts appartiennent à l'hermétisme par leur préciosité symboliste (la Barque, 1935 ; Avènement nocturne, 1940). À partir de la Vérité sur la vie (1960), qui rassemble plusieurs recueils précédents, sa poésie se dénoue en une sorte de récitatif intellectuel dont l'intensité égale le dénuement (Sur d'invisibles fondements, 1971 ; Au feu de la controverse, 1978 ; Pour le baptême de nos fragments, 1985). Son dernier recueil, Phrases et incises d'un chant salutaire (1990), met fin à la quête tourmentée de la poésie religieuse de Luzi.

Lydgate (John)

Poète anglais (Lidgate, Suffolk, v. 1370 – Bury Saint Edmunds v. 1450).

Bénédictin prolixe, il s'essaya à tous les genres (on lui attribue près de 140 000 vers). Poète de cour, admirateur du roman français, il tira de l'histoire une morale conformiste (le Temple de verre, 1405 ; le Livre de Troie, 1412-1420 ; l'Histoire de Thèbes, 1420 ; le Pèlerinage de la vie humaine, 1426 ; la Chute des princes, 1430-1438).

Lyly (John)

Écrivain anglais (Canterbury v. 1554 – Londres 1606).

Professeur à Oxford, parlementaire (1591-1601), il tenta d'illustrer le raffinement des âmes et de la langue anglaises avec un roman didactique (Euphues ou l'Anatomie de l'esprit, 1578). Romanesque sentimental et maniérisme célèbrent le chevalier ; la courtoisie se détache de son contenu spirituel et amoureux pour se muer en manières : l'euphuisme fera école. La suite de ce roman (Euphues et son Angleterre, 1580) rend hommage aux femmes anglaises et à la reine Élisabeth. On doit aussi à Lyly des comédies mythologiques (Alexandre et Campaspe, 1584 ; Sapho et Phaon, 1584 ; Endymion, 1591 ; Midas, 1592) ou satiriques (la Femme dans la lune, 1594) bien accueillies du public aristocratique.

lyrique (poésie)

La poésie lyrique se réfère à la lyre, attribut symbolique du dieu Apollon et des héros fondateurs de la musique et du chant (Orphée, Arion). Dans la poésie antique, on désigne traditionnellement comme « lyrique » tout poème destiné à être chanté (ceux de Pindare, d'Alcée, de Sappho, etc.), et dans la tragédie, tout ce qui est du domaine du chœur (« les parties lyriques »). La distinction s'appuie sur une différence de rythme et une disposition particulière du discours en strophes (par rapport à l'épopée, ou aux parties narratives ou dialoguées des œuvres dramatiques). Mais elle repose simultanément sur une différenciation des attitudes et des émotions qui permet de reconnaître des genres : épique, lyrique, tragique, comique, satyrique. Dans le langage de la Pléiade, lyrique semble caractériser l'ambition d'une poésie « noble », adaptée à l'expression de sentiments élevés : la lyre – par rapport à la flûte, instrument de bergers (cf. le mythe du concours de prestige entre le dieu de la lyre, Apollon, et le satyre Marsyas, dont l'instrument est la flûte de Pan) est dans la hiérarchie l'instrument prestigieux. L'acception moderne, popularisée par le romantisme et l'enseignement scolaire, fait de la poésie lyrique celle qui développe un discours centré sur le je, exaltant des sentiments et des passions généralement douloureux (le « lyrisme » de Lamartine). Discours qui peut s'ouvrir, dans le jeu de l'innocence et de la mémoire (c'est ainsi qu'Ungaretti définit le lyrisme), soit sur un « chant du monde » où nature et sentiments s'appellent dans une mutuelle évocation (Saint-John Perse), soit sur le constat de la misère de la parole qui impose l'élégie (Rilke).

   La définition du lyrisme est dans la poésie française du « vingtième siècle et demi » (Biga) l'enjeu de polémiques. Vers 1980, on parle, pour des auteurs comme Réda, Goffette, Lemaire, d'écritures « néolyriques », plus attentives au sermo pedestris qu'au sermo sublimis. Ces pratiques ont intériorisé les critiques du lyrisme faites dans les années 1970 par le structuralisme. Une langue plus sobre, à fleur de mots, s'interdit l'emportement par amour de la mesure. Ce lyrisme est critique ou bien tempéré. À l'opposé, les « antilyriques » sont partisans d'une littéralité qui s'appuient sur un mot prêté à Rimbaud, « littéralement et dans tous les sens ». Chaque « camp » a ses théoriciens, ses revues, sa part du dispositif éditorial littéraire, ses œuvres de qualité.

Lysias

Orateur grec (vers 440 – v. 375 av. J.-C. ?).

Fils d'un riche métèque installé au Pirée, victime des Trente, Lysias devint logographe après la restauration démocratique, et il est l'un des meilleurs représentants de l'éloquence judiciaire. Parmi les discours transmis sous son nom (un peu plus d'une trentaine), on peut signaler Contre Ératosthène, où l'orateur, qui poursuit l'accusé pour le meurtre de son frère, analyse l'action de Théramène et la situation politique d'Athènes sous les Trente et juste après eux, ou encore Pour l'invalide, qui peint la vie de la cité.

Lytton (Edward George Bulwer-Lytton, 1er baron)

Homme politique et écrivain anglais (Londres 1803 – Torquay 1873).

Fils d'un général, il est privé des ressources familiales en raison de son mariage avec une Irlandaise et obligé de vivre de ses romans. Fasciné par les criminels, comme ses contemporains, il adopte dans Eugène Aram (1832) le point de vue d'un meurtrier pour raconter son crime. Dandy libéral et sentencieux, il est anobli en 1838 et se rapproche des conservateurs. On lui doit des romans historiques (les Derniers Jours de Pompéi, 1834 ; Rienzi, 1835). En 1837, Ernest Maltravers évoque les milieux politiques. Dramaturge inégal, Lytton s'oriente vers un utopisme fantastique (la Race future, 1871) et répand les idées rosicruciennes pour lesquelles il avait toujours marqué son attirance (Zanoni, 1842).