Mallea (Eduardo)
Écrivain argentin (Bahía Blanca 1903 – Buenos Aires 1982).
Il allie le rythme du récit et la réflexion de l'essai (Histoire d'une passion argentine, 1935 ; la Ville près du fleuve immobile, 1936) pour tenter de cerner la spécificité culturelle argentine. Soucieuse de la structure narrative et de la recherche formelle, notamment à travers l'emploi du monologue intérieur (Cendres, 1941 ; le Réseau, 1968), son œuvre romanesque est imprégnée de la réalité contemporaine de l'Argentine (Fête en novembre, 1938 ; Chaves, 1953 ; Simbad, 1957).
Mallet-Joris (Françoise)
Écrivain de langue française (Anvers 1930).
Elle publie à Bruxelles des Poèmes du dimanche (1947). Son premier roman, le Rempart des Béguines (1951), traitant d'amours féminines, fait scandale et ouvre un cycle réaliste jusqu'à la Chambre rouge (1955) et les Mensonges (1956). À partir de l'Empire céleste (1958), elle s'attache à saisir le secret de vies hors du commun, traversées par la politique (Marie Mancini, 1964), la sorcellerie (Trois Âges de la nuit, 1968), le mysticisme (Jeanne Guyon, 1978), mais aussi celui de destins plus quotidiens (le Jeu du souterrain, 1973 ; Adriana Sposa, 1990), où un événement infime change la vie. L'auteur peint ainsi une société en pleine mutation (la Tristesse du cerf-volant, 1988) ou en décomposition (le Rire de Laura, 1985).
Malleville (Claude de)
Poète français (Paris av. 1597 – id. 1647).
Il se fit connaître par des Héroïdes imitées d'Ovide (1624). Familier des salons (il participa en 1634 à la Guirlande de Julie, recueil de poèmes galants en l'honneur de la fille de la marquise de Rambouillet), et membre dès sa création de l'Académie française, il incarne le poète mondain de style Louis XIII, abondant en images et en pointes, à mi-chemin entre le purisme de Malherbe et la subtilité italianisante (Poésies, 1649).
Malmanche (Tanguy)
Auteur dramatique français d'expression bretonne (Saint-Omer 1875 – Clichy 1953).
Il passa son adolescence à Brest et dans le manoir familial du Rest en Plabennec, et posséda très tôt la langue bretonne. Après des études de droit à Rennes, de lettres à Paris, et quelques emplois dans les bureaux (chemins de fer, assurances), il s'installa (1912) maître forgeron à Courbevoie. Dès 1898, il avait fait paraître quelques poèmes en breton dans la revue l'Hermine et, en 1903, il avait fondé le mensuel littéraire Spered ar Vro (l'Esprit du pays) qui n'avait connu que 4 numéros. C'est comme dramaturge qu'il devait se révéler. Sa première pièce, publiée en 1900 par l'Hermine et jouée en Bretagne, fut Marvailh an Ene naonek (le Conte de l'âme qui a faim) ; celles qu'il écrivit ensuite restèrent longtemps inédites : écrite vers 1900, Gwreg an Toer (la Femme du couvreur) ne devait paraître qu'en 1943 ; An Intanvez Arzhur (la Veuve Arthur), composée en 1907, fut publiée en 1973. Mais en 1923, il imprima lui-même, à 50 exemplaires, sur une presse à bras de sa fabrication, un chef-d'œuvre, Gurvan, mystère en vers, en 3 actes et une « éternité ». Puis ce furent en 1931 Ar Baganiz (les Païens), en 1943 Buhez Salaün lesanvet ar Fol (la Vie de Salaün surnommé le Fou), en 1950 An Antekrist (l'Antéchrist). Dans toute l'œuvre dramatique de Malmanche, la réalité bretonne se mêle au rêve, le monde des vivants est pénétré par le merveilleux ; souvent aussi les personnages y sont la proie d'étranges illusions : le réalisme y est indissociable du fantastique. Malmanche a écrit, en français, des contes qui ne manquent ni de truculence ni d'humour (la Tour de plomb, Kou le Corbeau) et des versions de ses pièces de théâtre qui sont très loin de valoir les originaux bretons, dont la langue drue, savoureuse et imagée est d'une extraordinaire musicalité.
Malory (sir Thomas)
Écrivain anglais (Newbold Revell, Warwickshire, 1408 – Newgate 1471).
On lui doit la première épopée anglaise en prose, la Mort d'Arthur (1485). Compilation des données du cycle arthurien, l'ouvrage, inspiré du conflit de la guerre des Deux-Roses, durant laquelle écrit son auteur, place les amours de Lancelot et de Guenièvre et la mort d'Arthur dans une perspective nettement religieuse : l'adultère causera la chute de Lancelot, qui ne découvrira pas le Graal, la désaffection des chevaliers pour leur suzerain, la révolte de Mordred, la mort d'Arthur. Mais la morale apparut plus ambiguë aux puritains qui condamneront la peinture complaisante du mal, le monde fantastique, l'univers de mirage : une prose poétique pour célébrer la mort de toute pureté et la renaissance du chevaleresque.
Malot (Hector)
Écrivain français (La Bouille 1830 – Fontenay-sous-Bois 1907).
Journaliste, il publia des romans réalistes comme les Amants (1859) et tout le cycle des Victimes d'amour (1859-1867), où s'exprimaient ses idées sociales et qui proposent un tableau de la France du XIXe siècle. Certains de ses romans connurent un succès populaire : Romain Kalbris (1867) et surtout Sans famille (1878) puis En famille (1893) qui mettent en scène l'enfance malheureuse (orphelins, enfants trouvés ou malades). Les mésaventures de Rémi, le héros de Sans famille, devenant saltimbanque dans la troupe d'animaux savants de Vitalis, évoquent parfois le roman picaresque. Elles ont ému de nombreux lecteurs et suscité maintes adaptations au cinéma et à la télévision.
Malouf (David)
Écrivain australien (Brisbane, Queensland, 1934).
Né de parents libanais, David Malouf grandit à Brisbane, puis passe de nombreuses années en Grande-Bretagne et en Italie. Il vit maintenant à Sydney. Poète (il a publié cinq recueils), il a aussi produit des livrets d'opéra et écrit une pièce (Liens de sang, 1987). Toutefois, il est surtout connu pour ses romans, évoquant la violence et l'étrangeté associées à l'Australie, que ce soit dans ses personnages (Johnno, 1975), dans l'environnement hostile ou dans la rencontre de l'altérité (Je me souviens de Babylone, 1993). Dans Conversations à Curlow Creek (1997), deux histoires se télescopent, qui parlent de l'expérience australienne : un bagnard qui a été repris va être pendu et, par ailleurs, le soldat qui doit exécuter ce dernier se remémore des souvenirs de son Europe natale, désormais inaccessible.