Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
A

Adams (Henry)

Historien américain (Boston 1838 – Washington 1918).

Issu d'une lignée de présidents des États-Unis, il donna une histoire de son pays sous Jefferson et Madison (Histoire des États-Unis de 1801 à 1817, 1884-1891). Son autobiographie (l'Éducation d'Henry Adams, 1906) souligne les contrastes, dans l'Amérique d'après la guerre de Sécession, entre traditions éducatives et réalités modernes et débouche sur une philosophie de l'histoire. Ses romans politiques (Démocratie, 1880 ; Esther, 1884) et ses essais (la Décadence du dogme démocratique, 1919) composent une méditation sur l'aube de la modernité. Mont Saint-Michel et Chartres (1904) oppose la stabilité de la société médiévale du XIIIe siècle français au dynamisme et à la déstructuration de l'histoire contemporaine, composant en des termes théologiques, philosophiques et esthétiques une critique en creux de l'idéologie américaine.

Addison (Joseph)

Écrivain et homme politique anglais (Milston, Wiltshire, 1672 – Kensington 1719).

Ayant célébré la victoire de Marlborough à Blenheim (la Campagne, 1704), il fait carrière dans le parti whig : membre du Parlement (1708), secrétaire du vice-roi d'Irlande (1709), secrétaire d'État (1717). Il rejoint Steele à la tête du journal le Babillard (1709-1711), puis les deux amis fondent The Spectator (1711-1714), quotidien traduit et imité dans toute l'Europe, véritable laboratoire de formes littéraires, et dont Addison est le principal rédacteur ; viendra ensuite The Guardian. Dans ses essais pour The Spectator, Addison brosse avec humour le portrait d'un gentilhomme campagnard, sir Roger de Coverley. Ce parfait gentleman trouve son homologue dramatique avec le héros de la tragédie Caton (1713), défenseur de la liberté, stoïque face à l'arbitraire.

Adenet le Roi

Trouvère brabançon (vers 1240 – v. 1300).

Il fut le ménestrel du duc Henri III de Brabant (musicien, récitant, écrivain), puis du comte Gui de Flandre (après 1265), qu'il accompagna en Italie (il fut peut-être « roi des ménestrels », d'où son surnom). Il écrivit aussi pour la reine de France, Marie, épouse de Philippe le Hardi. Au cours de sa période d'activité littéraire connue (entre 1269 et 1285), il délaissa l'épique au profit du roman et de ses techniques. Buevon de Conmarchis (vers 1270) est un remaniement, entre chanson de geste et roman, du Siège de Barbastre, une des branches de la Geste Aymeri évoquant un fils d'Aimeri de Narbonne fait prisonnier par les sarrasins. Le remanieur restructure la trame narrative et accorde une place importante à la femme. Dans sa chanson de geste les Enfances Ogier (fin XIIIe s.), modifiant la première partie d'un poème de Raimbert de Paris (la Chevalerie Ogier), il retrace les exploits du héros danois contre les sarrasins en Italie. Quant à Berthe au grand pied (vers 1275), c'est la mise en roman d'une légende rapportée par une chronique en prose de 1225, à propos de la mère de Charlemagne. Berthe est remplacée, la nuit de son mariage avec Pépin, par une serve, si bien qu'un doute pèse sur la naissance de Charlemagne ; elle est abandonnée par la suite dans les bois, recueillie pendant neuf ans et demi et retrouvée par Pépin. Cléomadès (1285) est un roman courtois inspiré par l'histoire magique du cheval d'ébène des Mille et Une Nuits (traité aussi dans Méliacin de Girard d'Amiens). Adenet tire parti de cette machinerie merveilleuse qu'est le cheval volant pour créer une intrigue riche en péripéties méticuleusement agencées, où se succèdent les combats et duels, les aléas des amours de Cléomadès et de Clarmondine et les aventures indéfiniment relancées. Fort de son expérience de voyageur, il promène son lecteur dans une Espagne et une Italie non christianisées.

A.D.G. (Alain Camille, dit)

Romancier français (Tours 1947).

Abandonnant son patronyme de Fournier, il signe A.D.G. à la Série noire et publie, entre 1971 et 1982, quinze romans très stylisés, prenant le contre-pied des chantres du milieu comme Le Breton (la Nuit des grands chiens malades, 1972 ; Pour venger pépère, 1981). En Nouvelle-Calédonie, il écrira trois romans anti-indépendantistes (Joujoux sur le Caillou 1987) et une saga calédonienne : le Grand Sud (1987).

Adi Granth
(le « Premier » Livre)

Livre saint des Sikhs.

Compilé en 1604 par Arjun, le cinquième guru, et complété par le dixième guru, Govind, cet ouvrage réunit, outre les hymnes du guru Nanak, fondateur du sikhisme, des poèmes soufis et hindous de Namdev et Kabir.

Adi ibn Zayd

Poète arabe (mort v. 600).

Dans l'Arabie d'avant l'Islam, il est l'un des rares poètes parfaitement représentatifs du type citadin vivant chez les sédentaires aux marges du désert. Son œuvre, connue par fragments, le désigne comme un chrétien préoccupé par le duo douloureux du plaisir et de la caducité du monde.

Adiaffi (Jean-Marie, Ade)

Écrivain ivoirien (Bettié 1941 – Abidjan 1999).

Il fait, en France, des études de cinéma, puis de philosophie. Son roman, la Carte d'identité (1980), est couronné par le grand prix littéraire d'Afrique noire. Symbole imposé par un pouvoir étranger et répressif, la carte d'identité n'a aucune valeur pour le prince Meledouman (Je n'ai pas de nom), qui est pourtant contraint de la rechercher ; sa quête prend une dimension initiatique dans un Bettié de plus en plus fantastique malgré son nom réel, au long d'une semaine sacrée akan, qui est en même temps Genèse et Semaine sainte. D'éclairs et de foudre (1980), puis la Galerie infernale (1984) révèlent un poète puissant qui soumet la langue française à des rythmes africains. Silence, on développe (1992), chronique tonitruante d'une dictature, plus épique que romanesque, mêle toutes les mythologies. Volumineux, tumultueux, le texte a connu des difficultés de publication et n'a pas rencontré l'audience qu'il mériterait.

Adnan (Etel)

Poétesse, essayiste et romancière libanaise (Beyrouth 1925).

Elle est considérée comme l'une des meilleures spécialistes de l'art islamique, et est également connue pour son engagement en faveur des droits de la femme. Son œuvre est écrite pour partie en anglais : Moonshots (Beyrouth, 1966), Five Senses For One Death (New York, 1971), From A to Z (1982), Love Poems (1996). En français, elle a publié trois titres : Jebu (1973), Sitt Marie Rose (1978) et l'Apocalypse arabe.