Jonckheere (Karel)
Poète belge d'expression néerlandaise (Ostende 1906-Rijmenam 1993).
La mélancolie de ses vers exprime sa nostalgie devant l'enfance enfuie (Miroir de la mer, 1946), la souffrance (le Regard consolé, en 1961, évoque la cécité de son fils), le bilan du temps perdu (Inventaire poétique, 1973). Son œuvre, d'abord conçue dans des tonalités réalistes, évolue vers une écriture plus distanciée (De la mer au coquillage, 1956), particulièrement sensible dans ses reportages et ses souvenirs où l'observation se teinte d'humour (Cargo, 1940 ; Tierra caliente, 1941 ; le Port vivant, 1942 ; Miniatures, 1979 ; Oh ! si ces mots n'avaient pas eu de suite, 1983).
Jones (David)
Poète et peintre anglais (Brockley, Kent, 1895 – Londres 1974).
Graveur et aquarelliste (il mêle à un réalisme minutieux dans ses paysages et ses marines des thèmes empruntés à la mythologie ou aux légendes galloises), converti au catholicisme (1921), il a publié des récits dont la violence morcelée rappelle Joyce et Eliot (Entre parenthèses, 1937 ; Anathemata, 1952).
Jong (Erica)
Poète et romancière américaine (New York 1942).
Poète majeur dans la lignée de Robert Lowell, Sylvia Plath et John Berryman, Jong appartient au courant confessionnel. Sa poésie humoristique et érudite (Fruits et légumes, 1971 ; Aux limites du corps, 1981 ; Devenir lumière, 1991) aborde les tensions entre sexualité et création intellectuelle. Dépassant les problématiques féministes ou ethniques, elle élabore une réflexion large sur la condition humaine. Si sa poésie est sobre et dense, elle conçoit ses romans (Peur de voler, 1973 ; Fanny, ou la véritable histoire des aventures de Fanny Hackabout-Jones, 1980 ; Serenissima : un roman vénitien, 1987 ; le Blues des femmes, 1990) comme des textes excessifs, digressifs et dynamiques dans la tradition du XVIIIe siècle anglais.
Jonke (Gert Friedrich)
Écrivain autrichien (Klagenfurt 1946).
À des recherches stylistiques influencées à la fois par A. Robbe-Grillet et Thomas Bernhard, il ajoute une bonne dose d'humour, voire de bouffonnerie, pour brosser un tableau critique de la société industrielle moderne (Roman géométrique de terroir, 1969 ; la Multiplication des phares, 1971) ; École de la virtuosité, 1977, Musique lointaine, 1979, Réveil pour la grande guerre du sommeil, 1982, forment une trilogie autour du compositeur Burgmüller. Jonke est aussi auteur de théâtre (Opus 111).
Jonquet (Thierry)
Écrivain français (Paris 1945).
S'inspirant de ses expériences professionnelles dans les milieux hospitalier et carcéral, mais aussi de faits divers, il offre dans ses romans noirs le portrait de notre époque, de ses angoisses et de ses dysfonctionnements (Mygale, 1984 ; les Orpailleurs, 1993 ; Moloch, 1998 ; Ad vitam aeternam, 2002). Sous le pseudonyme de Ramon Mercader, il a publié quelques pamphlets politiques (URSS go home !, 1985).
Jonson (Benjamin, dit Ben)
Poète et auteur dramatique anglais (Westminster 1572 ? – Londres 1637).
Fils posthume d'un prédicateur écossais, maçon, soldat, comédien ami de Shakespeare (qui jouera dans ses pièces), il tue en duel un acteur, est marqué d'infamie, se fait pour un temps catholique (1598-1610). Trois fois emprisonné, mêlé à la Conspiration des poudres (1605), il sera toute sa vie à contre-courant. Son théâtre s'inspire de la théorie des humeurs, dérivée de la médecine antique : l'homme est régi par le jeu des quatre « humeurs » ou fluides corporels (sang, pituite, bile, mélancolie). La prédominance d'une humeur engendre des types (l'atrabilaire, le flegmatique, etc.) dotés d'un destin médical et social. De ces types dérivent les « caractères », personnages types qui sont déterminés physiologiquement et agissent en fonction d'une humeur, d'une manie qui maintient leur comportement identique dans toutes les situations. Chacun dans son humeur (1598) et Chacun hors de son humeur (1599) brossent ainsi une galerie d'excentriques et de possédés. Volpone, ou le Renard (1605) peint un univers cynique fait de convoitise et d'hypocrisie, bestiaire humain où chacun manœuvre pour son désir. Épicène, la femme silencieuse (1609) et la Foire de la Saint-Barthélemy (1614) poursuivent la satire des mœurs contemporaines. Séjan (1603) et Catilina (1611), tragédies à l'ancienne, illustrent la corruption du pouvoir fondé sur la délation. Ben Jonson est aussi le spécialiste du « masque », spectacle de cour associant théâtre, musique, chant et ballet. En 1600, les Fêtes de Cynthia rendent hommage à la reine Élisabeth : les vices comparaissent masqués de vertus devant la reine, qui perce les apparences. Jonson rénove le genre en y introduisant l'« antimasque », parodie du thème glorieux abordé dans le masque : le Masque de la noirceur (1603), Oberon (1611), le Masque irlandais (1613), Mercure ravi aux alchimistes (1615), l'Âge d'or restauré (1616) traduisent une exigence de pureté qui lui vaudra, dans ses années de silence (1616-1637), d'être entouré de disciples. Poète du mépris et de la pureté, frappé d'attaques de paralysie en 1626 et en 1628, il laisse inachevé un drame pastoral (le Triste Berger, 1641).
Jordan (Archibald Campbell)
Écrivain sud-africain d'expression xhosa (Mboko Thwana Mission, province du Cap, 1906 – Madison, Wisconsin, 1968).
Il est l'auteur d'un roman écrit dans sa langue maternelle, la Colère des ancêtres (1940), qui traite du conflit entre tradition et modernité. Il a laissé des essais critiques (Pour une littérature africaine, 1973).
Jordanes
ou Jornandes
Historien latin d'origine gothique (VIe s.).
Ce Germain romanisé, devenu évêque de Ravenne après la reconquête de l'Italie par les Byzantins, écrivit vers 550 une Histoire des Goths (qu'il appelle « Gètes ») et un ouvrage d'histoire romaine. Peu favorable à sa nation d'origine, il voit dans Byzance l'héritière de Rome et salue dans la reconquête la restauration de l'autorité romaine sur l'Italie.
Jørgensen (Johannes)
Écrivain danois (Svendborg 1866 – id. 1956).
Les poèmes en prose de Baudelaire donnent la tonalité de ses Atmosphères (1892). Dans ses essais, il traite de ses modèles : Poe, Verlaine – dont il admire la conversion –, Huysmans, et se fait un ardent défenseur du symbolisme. En 1896, il se convertit au catholicisme (le Livre de voyage, 1895). Sa biographie de Saint François d'Assise (1907), qui lui valut une célébrité internationale, fut suivie de plusieurs autres vies de saints.