Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Jünger (Friedrich Georg)

Écrivain allemand (Hanovre 1898 – Uberlingen 1977).

Frère cadet de Ernst Jünger, il a publié des poèmes où s'affirme son admiration pour la période classique allemande (le Taurus, 1937 ; le Collier de perles, 1947 ; Anneau des années, 1954). Auteur d'essais et d'aphorismes, il défend la tradition humaniste contre l'envahissement de la technique (Dieux grecs, 1943 ; la Perfection de la technique, 1946 ; Orient et Occident, 1948 ; Pensées et points de repères, 1949-1954). Il a laissé également des nouvelles au style très travaillé (Nuit dalmate, 1950 ; les Paons, 1952 ; Laura, 1970).

Jungmann (Josef)

Écrivain tchèque (Hudlice 1773 – Prague 1847).

Auteur d'une Histoire de la littérature tchèque (1825), d'un essai Sur le classicisme (1827) et d'une anthologie accompagnée d'un Traité de style (1820, 1845, 1846), il rénova par ses traductions de Chateaubriand et de Milton la langue poétique et donna avec son Dictionnaire tchèque-allemand (1835-1839) le modèle des travaux linguistiques ultérieurs. Il a laissé un Journal (1848).

Junqueiro (Abílio Guerra)

Homme politique et écrivain portugais (Freixo de Espada 1850 – Lisbonne 1923).

Licencié en droit, après avoir suivi des études de théologie, il entreprit une carrière administrative et politique (il fut d'abord progressiste puis républicain). Il donne avec la Mort de Don Juan (1874), la Vieillesse du Père éternel (1885) et Prométhée libéré (resté sous forme de projet) une trilogie qui célèbre le triomphe de la Justice sur la « Névrose » et le « Dogme ». Tandis que Finis Patriae (1890) et Patrie (1896) révèlent ses talents satiriques, ses Poésies diverses (1920) et Proses diverses (1921) constituent un corps de doctrine que complètent les discours politiques réunis dans Heures de combat (1924). Poète pamphlétaire, porte-voix de la révolution, mais évocateur lyrique de la nation et de la race, entouré d'honneurs à sa mort, il fut par la suite l'objet de critiques qui visent surtout son idéologie ambiguë et son abondance oratoire.

Jurieu (Pierre)

Théologien protestant (Mer, Orléanais 1637 – Rotterdam 1713).

Pasteur, professeur de théologie et d'hébreu à l'académie protestante de Sedan (1674-1682), il se réfugie à Rotterdam, où il se partage entre l'enseignement et son ministère à l'Église wallonne. Il se rend célèbre pour ses polémiques avec Bossuet (Lettres pastorales aux fidèles de France qui gémissent sous la captivité de Babylone, 1686-1689), Arnauld (le Janséniste convaincu de vaine sophistiquerie, 1683) et Bayle, dont il critique l'esprit de tolérance et le scepticisme (Des droits des deux souverains en matière de religion, la conscience et le prince, 1687).

Juvénal, en lat. Decimus Junius Juvenalis

Poète latin (Aquinum, Apulie, av. 65 apr. J.-C. – v. 130).

Venu de la campagne italienne, il mena à Rome, sous le règne de Domitien, une existence difficile, obligé de rechercher la protection de riches patrons. Aigri par ses échecs, il composa, au début du IIe s., 16 Satires qui traduisent avec violence sa condamnation des mœurs romaines. Très attaché aux valeurs sociales et morales du passé, Juvénal dénonce le cosmopolitisme de Rome, la place prise par les étrangers et les affranchis dans la société romaine. Sans nuances dans ses jugements, exagérant à dessein les motifs de son indignation, il a donné une orientation décisive au genre satirique et c'est de lui que se réclameront Boileau et Hugo, entre autres.

Juvencus (Gaius Vettius Aquilinus Juvencus)

Poète latin (IVe s.).

On ignore tout de ce prêtre qui, vers 330, mit en vers les Évangiles. Cette « épopée évangélique » en quatre chants raconte en hexamètres dactyliques la « geste » de Jésus-Christ, héros fondateur de la chrétienté, à la manière dont Virgile avait raconté celle d'Énée, héros fondateur de la romanité, et constitue une intéressante synthèse de l'Écriture sainte et de la tradition épique.