Walser (Robert)
Écrivain suisse-allemand (Bienne 1878 – Herisau 1956).
Chéri par Kafka, objet de fascination des écrivains suisses pour son style imagé, il fut commis, domestique, secrétaire, avant de publier des essais (les Rédactions de Fritz Kocher, 1904). Ses romans écrits à Berlin, où il séjourne de 1905 à 1913 (les Enfants Tanner, 1907; le Commis, 1908; l'Institut Benjamenta, 1909), abordent le réel depuis ses marges mélancoliques et valorisent le refus d'ambition avec humour. Revenu aux formes courtes entre 1914 et 1919, il se retire à l'asile psychiatrique en 1929 (Waldau, Herisau), où il rédige ses Microgrammes, plus de 4 000 pages en écriture microscopique.
Waltari (Mika)
Écrivain finlandais de langue finnoise (Helsinki 1908 – id. 1979).
Les héros de ses grands romans historiques se trouvent toujours mêlés aux événements marquants d'une période de changements et de bouleversements de l'histoire occidentale : Sinouhé, l'Égyptien (1945) aux temps d'Akhenaton ; Johannes Angelos dans l'Ange noir (1952) assistant à la chute de Byzance. Sa production va du roman de mœurs (la Grande Illusion, 1928, texte d'une liberté de vue surprenante pour l'époque), au roman policier (Qui a tué Madame Skroof ?, 1939 ; la Faute du commissaire Palmu, 1940), ou à la comédie satirique (la Génération rebelle, 1937). À la fin de sa vie, il s'oriente vers la réflexion philosophique et religieuse (Félix le Bienheureux, 1958).
Walther von der Vogelweide
Poète autrichien (vers 1170 – Würzburg ? v. 1230).
Il a fait ses débuts de poète à la cour des ducs d'Autriche (vers 1190), où il subit l'influence de Reinmar avant de s'opposer à lui. En 1198, il est contraint de quitter la cour de Vienne. Commence alors une longue période d'errance. Il séjourna à la cour des trois souverains qui se disputaient la couronne impériale, Philippe de Souabe, Othon IV et Frédéric II, défendant successivement leur cause, en restant fidèle à son souci primordial : défendre l'empire contre le pouvoir papale. Cette existence riche en expériences diverses a nourri sa poésie, notamment sa poésie gnomique. Qu'il médite sur la condition de l'homme, qu'il se plaigne de la dégradation des mœurs de son temps ou qu'il fasse œuvre de publiciste politique, c'est toujours l'homme Walther qui s'exprime. Cette même spontanéité et cette profondeur caractérisent aussi sa poésie d'amour qui s'écarte des conventions stériles du Minnesang à la manière de son rival Reinmar.
Walton (Izaak)
Écrivain anglais (Stafford 1593 – Winchester 1683).
Fils de cabaretiers, drapier, auteur d'une Élégie sur la mort de John Donne (1633) et de biographies de Wotton Hooker, Herbert et Donne (Vies, 1670), il donna avec son dialogue philosophique et pratique sur la pêche (le Parfait Pêcheur à la ligne, 1653), un des classiques du quiétisme anglais.
Walzer (Pierre Olivier)
Écrivain et critique littéraire suisse de langue française (Porrentruy 1915 – Berne 2000).
Après ses études, il fonde, avec Cuttat et Schaffter, les éditions des Portes de France. Professeur, à partir de 1955, à l'université de Berne, il publie des études sur Valéry (1953), Toulet (1954), Mallarmé (1963), s'attachant aussi à la Révolution des sept (1970) : Lautréamont, Mallarmé, Rimbaud, Corbière, Cros, Nouveau, Laforgue. On lui doit, entre autres, l'édition des Œuvres complètes de C.A. Cingria (17 vol.), l'Anthologie jurassienne (1964-1965) et le Dictionnaire des littératures suisses (1991), etc. Esprit encyclopédique, il a su allier érudition et élégance, sans négliger l'humour, comme dans sa plus belle réussite, Vie des saints du Jura, avec une prière de chacun d'eux (1979).
Wang Anyi
Romancière chinoise (née en 1954).
Elle fait partie des « jeunes instruits » volontaires pour le travail à la campagne. De cette expérience elle tire ses premiers textes (le Murmure de la pluie). Avec le Petit Village Bao (1985), elle s'apparente à la littérature de recherche des racines. À partir de 1986, elle exploite le thème de l'amour et de la sexualité féminine : une trilogie romanesque qui lui vaut l'attention de la critique chinoise. Les Lumières de Hong Kong (1995) exploite le même thème, assaisonné de cosmopolitisme.
Wang Meng
Romancier chinois (Pékin 1934).
Collégien, il adhère au P.C.C. (1948), dont il est toujours membre. Révolutionnaire actif dès son adolescence, d'une fidélité exemplaire à son idéal communiste, il sera piégé par la pseudo-libéralisation des Cent Fleurs, à cause d'un court roman, le Jeune Nouveau Venu au Département de l'Organisation (1956), dans lequel il dénonce la bureaucratie en plein essor. En 1963, il choisit l'exil pour le Xinjiang, ce qui, paradoxalement, lui vaudra de survivre à la Révolution culturelle : de cet exil bénéfique naîtront (1984-1985) des récits, où le sentiment de la nature, l'humour du narrateur, joints à une inextinguible chaleur humaine, donnent à la « différence » ouighoure une valeur hautement positive. Réhabilité en 1979, il retrouve Pékin et ne cesse plus d'écrire, après un silence de près de vingt ans. Refusant toutes les étiquettes, ce polygraphe (fiction, pamphlets, critique littéraire...) publie le Salut bolchevique (1979) et 5 nouvelles (l'Œil de la nuit, le Papillon...) qui lui valent d'être considéré par la critique comme « le pionnier en R.P.C. de la technique du courant de conscience ». Ministre de la Culture (1986-1989), démissionnaire lors du massacre de Tian'Anmen, il a l'audace d'écrire satires et pamphlets (Nec plus ultra, 1987) et d'attaquer en justice ceux qui l'accusent de tourner en dérision Deng Xiaoping (Dur, dure le brouet, 1991). Aujourd'hui, cet humaniste, infatigable globe-trotteur, écrit de grandes sagas retraçant les destinées d'hommes et de femmes, de 1949 à nos jours (5 tomes, les Saisons, chacun couvrant dix années).
Wang Shifu
Dramaturge chinois (Pékin 1260 ? – 1336 ?).
Fonctionnaire, il démissionna, fréquenta les milieux théâtraux et écrivit 14 zaju. Parmi les trois qui nous sont parvenus, on trouve le Pavillon de l'Ouest, composition ambitieuse en 20 actes qui rompt avec les règles du genre. Prenant appui sur l'Histoire de Yingying de Yuan Zhen (VIIIe s.), déjà portée sur scène par Dong Jieyuan (XIIe s.), il conte l'histoire d'amour du jeune lettré Zhang et de la fille d'un ministre, Cui Yingying. Transgressant les lois sociales, ils incarnent le triomphe de l'amour sincère et de la fidélité sur les conventions et l'intérêt. La pièce fut interdite sous les Qing (1644-1911) pour incitation à la débauche. Jin Shengtan (1608-1661), le « Prince des commentateurs », l'intégra en sixième et dernière position dans sa liste des œuvres les plus marquantes de la littérature chinoise, juste derrière Au bord de l'eau.