Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
A

As'vaghosa

Poète, musicien et philosophe bouddhiste, ami de l'empereur Kaniska (IIe s.).

Parmi ses œuvres sanskrites les plus célèbres figurent deux poèmes épiques, Buddhacarita et Saundarananda. On lui attribue de nombreuses autres compositions littéraires et des textes de théologie bouddhique (Sutralamkara, Mahayanas'raddhotpada).

Athanase (saint)

Docteur de l'Église (Alexandrie v. 295 – id. 373).

Évêque d'Alexandrie en 328, il engagea la lutte contre les Ariens et fut même exilé à cinq reprises par les empereurs favorables à l'arianisme. Son œuvre, composée de Discours, de Lettres et de Commentaires sur l'Écriture, témoigne d'une force de polémiste qui place la foi non dans le domaine de la spéculation, mais dans celui de l'existence. Sa Vie de saint Antoine joua un grand rôle dans la diffusion de l'idéal monastique en Occident.

Athénée

Rhéteur et grammairien grec (Naucratis, Égypte, IIe-IIIe s. apr. J.-C.).

Il est l'auteur du Banquet des Sophistes, compilation dont il ne reste que 15 livres (certains étant seulement résumés). Athénée propose une mise en scène ludique de l'érudition : un riche Romain invite des savants à converser de nombreux sujets, arts de la table, amour, musique. Cet ouvrage fournit de multiples citations d'œuvres disparues et un riche tableau de la vie privée grecque et de ses normes morales et esthétiques.

Atías (Guillermo)

Écrivain chilien (Ovalle 1917 – Paris 1979).

Son premier roman, le Temps banal (1956), relève du réalisme social : des personnages de milieux divers évoluent dans une série d'actions entrecroisées et simultanées. Après Un jour de lumière (1959) et À l'ombre des jours (1965), dénonciation des tares de la société chilienne, paraît Et courait le billet (1972), relatant les événements du début de la présidence de Salvador Allende. Le Sang dans la rue (1978) est le roman de la révolution et de la contre-révolution.

Atre (Pralhad Kesav)

Auteur dramatique indien de langue marathi (1898 – 1919).

Écrivain témoin de son temps, poète, scénariste, c'est surtout un dramaturge de génie (To mi navhec), dont l'humour décapant, uni à un sens profond de l'humain, a redonné vie au théâtre marathi.

Attar (Cheikh Hasan ibn Muhammad al-)

Savant égyptien (Le Caire 1766 – id. 1835).

Il dirigea le Journal officiel fondé par Muhammad Ali, puis l'univesité d'al-Azhar (1830). Auteur d'un célèbre Art de rédiger (1827), il exerça une influence majeure sur Tahtâwî.

Attar (Farid al-Din Muhammad ibn Ibrahim)

Poète persan (Nichapour v. 1119 – v. 1190 ou v. 1220).

Il pratiqua la pharmacie, d'où son surnom de 'Attar, « le droguiste ». S'il ne fit jamais partie d'une congrégation soufie, il fut le disciple du kubrawi Majd al-din Baghdadi et se passionna pour la vie des saints de l'islam. Il est l'auteur d'un Divan lyrique, d'un recueil hagiographique, le Mémorial des saints et de nombreux mathnavis (poèmes longs), tels que le Langage des oiseaux, le Livre Divin, le Livre de l'épreuve, le Livre des secrets. Sa poésie exprime la quête spirituelle conduisant à l'union mystique avec Dieu. L'œuvre majeure de 'Attar reste le Manteq al-Teyr (le Colloque des oiseaux) : c'est l'itinéraire allégorique d'une multitude d'oiseaux guidés par la Huppe (le maître spirituel) à la recherche du Simorgh (l'oiseau de paradis = Allah). Trente oiseaux seulement survivront. Parvenus devant Simorgh, après une pérégrination à travers les sept Vallées (les étapes du cheminement mystique), ils s'aperçoivent que l'objet de leur recherche se trouve en eux-mêmes (notons qu'en persan si-morgh signifie aussi trente oiseaux). Révélateur de la sensibilité iranienne, s'exprimant à travers l'allégorie, le symbole et le conte, 'Attar témoigne de l'équilibre parfait, qu'il fut le premier à réaliser, entre la métaphysique musulmane et le génie poétique persan.

Atterbom (Per Daniel Amadeus)

Écrivain suédois (Åbo 1790 – Uppsala 1855).

Introducteur du romantisme en Suède, il fonde la société Aurora en 1807. Passionné par l'Allemagne, en particulier par Schelling, les frères Schlegel, il est en quête d'un idéal féerique inspiré de Tieck et exprimé dans les cycles poétiques les Fleurs (1812) et l'Oiseau bleu (1814). Obsédé par l'idée de Dieu, il écrit un grand drame en vers, l'Île de félicité (1824-1827). En 1835, il devient maître de la chaire d'esthétique à Uppsala.

Atwood (Margaret)

Femme de lettres canadienne d'expression anglaise (Ottawa 1939).

Connue surtout pour son œuvre romanesque (Faire surface, 1972 ; la Vie avant l'homme, 1979 ; la Servante écarlate, 1985 ; Œil de chat, 1988 ; Captive, 1998), elle utilise des thématiques typiquement canadiennes (hostilité de la nature, gigantisme des villes) dans l'élaboration d'une fiction où l'étrange et l'impersonnel traduisent l'aliénation de l'individu. Elle est lauréate du Booker Prize en 2000 pour le Tueur aveugle.

Au bord de l'eau
(Shuihu zhuan)

Ce roman d'aventures chinois fut le premier roman-fleuve à être interdit officiellement, et ce, dès 1642 pour incitation au « banditisme ». Il est le fruit d'un long et complexe processus d'élaboration mettant à contribution des sources d'époques et de natures différentes : des annales historiques notant un soulèvement populaire qui s'est produit au Shandong vers 1120 ; des récits des conteurs publics des Song (960-1279) qui avaient commencé de broder sur cette trame somme toute assez ténue ; les premières versions écrites que ces cycles narratifs cristallisés autour du personnage mythique du chef rebelle Song Jiang avaient suscitées aux alentours de 1300 ; ainsi que deux douzaines d'opéras de l'ère mongole (1279-1368). La version complète serait redevable à Shi Nai'an (1296-1370), lettré dont on ignore tout, et à Luo Guanzhong, l'auteur du Roman des Trois Royaumes. L'édition la plus ancienne ne date que du milieu du XVIe siècle. Ses 100 chapitres décrivent le rassemblement progressif de 108 héros, de leurs combats héroïques pour venger les torts causés par les puissants dirigeants d'un empire en pleine déliquescence, avant qu'ils ne se mettent finalement au service de l'empereur. Ce revirement, diversement apprécié selon les époques, cause la disparition progressive et tragique de toute la confrérie fidèle à son chef charismatique. En 1614, le philosophe Li Zhi (1527-1602) en fournit une nouvelle édition en 120 chapitres et lui donne une préface mettant en avant le sens de la loyauté et de l'honneur des rebelles. Ces éditions furent occultées jusqu'au XXe siècle par l'édition en 71 chapitres concoctée en 1644 par le lettré iconoclaste Jin Shengtan (1610-1661), lequel condamne la troupe dans un ultime chapitre afin de décourager quiconque de se livrer au brigandage. Malgré cette intervention discutable, c'est lui qui, grâce à un commentaire brillant et abondant, sut le mieux rendre justice à l'excellence de ce roman riche en épisodes mémorables et en personnages hauts en couleur finement individualisés. Usant d'une langue parlée pleine de verve, l'œuvre est à ce point réussie qu'elle a eu une influence marquante sur la production littéraire chinoise, livrant notamment au Jin Ping Mei (Fleur en fiole d'or) ses principaux personnages. C'est l'un des ouvrages les plus lus et les plus adaptés aujourd'hui encore dans l'aire culturelle asiatique.