Rattigan (Terence Merwyn)
Auteur dramatique anglais (Londres 1911 – Hamilton, Bermudes, 1977).
Depuis le Français sans larmes (1936) jusqu'à Ross (1960, sur Lawrence d'Arabie) en passant par la Haute Mer bleue (1952), Rattigan développe, avec une technique (théâtrale et télévisée) sûre, des thèmes sans risques, pour un théâtre de boulevard que l'irruption des « Jeunes gens en colère » démode irrémédiablement.
Rauville (Camille de)
Écrivain mauricien de langue française (Rose Hill 1910).
Directeur en 1961-1962 des Cahiers littéraires de l'océan Indien avec Robert Mallet et Armand Guibert, fondateur en 1964 de l'Académie mauricienne, il a séjourné à Madagascar, où il a publié une Anthologie de la poésie française à Madagascar (1945) et une Anthologie de l'océan Indien (1955). Il s'est fait à Maurice, dans plusieurs brochures, le champion d'un « indianocéanisme » qui dégagerait les traits communs aux peuples riverains de l'océan Indien.
Ravanipour (Moniro)
Femme-écrivain iranienne (Djofré, village du Khouzistan, 1954).
Originaire du village de Djofre dans le sud de l'Iran et titulaire d'une licence en psychologie, elle a commencé à écrire après la Révolution islamique et s'intéresse particulièrement aux conditions de vie, au folklore et aux coutumes de la région du golfe Persique, ainsi qu'au sort de la femme paysanne iranienne qu'elle aime présenter à travers les yeux d'un enfant. Elle a notamment composé les recueils de nouvelles Kanizo (1988) et la Pierre de Satan, et deux romans, les Gens de Gharaq (1989) et le Cœur d'acier. Son style novateur a été qualifié de « réalisme magique ».
Raveline (Valentin Van Hassel, dit Henry)
Écrivain belge de langue picarde (Pâturages, Hainaut, 1852 – id. 1938).
En marge de son apostolat de médecin dans la région ouvrière du Borinage, il a produit une trentaine de pièces de théâtre (comédies symboliques, adaptations d'auteurs latins et de forces médiévales), tant en français qu'en dialecte, mais surtout il a été le conteur borain par excellence (Pou dire à l'eschrienne, 1909 ; el Famiye Djean Lariguette, 1912 ; Voléz co des Istoires ? In vlà !, 1913 ; el Cu d'el Mante, 1935). Maniant un parler dru, naïf et coloré, il réussit à donner à des histoires inspirées souvent de la tradition populaire un relief inattendu, aux confins du poétique et du fantastique.
Ravikovitch (Dalia)
Poétesse israélienne (Ramat Gan 1936 – Tel Aviv 2005).
Son premier recueil, l'Amour d'une orange (1959), révèle une poésie originale, d'un style riche, puisant images et symboles dans la Bible et la prière, évite tout maniérisme et soutient l'expression de sentiments lyriques d'une grande vérité. D'autres recueils (Un hiver dur, 1964, suivi du Troisième Livre, 1969) redonnent vie à la langue du chant liturgique juif. Des thèmes tels que l'enfance dérobée, la métamorphose, le masque ou l'amour y reviennent. Dans ses poèmes tardifs (l'Abîme fait retentir sa voix, 1976) s'ajoute à la justesse du sentiment une certaine lassitude. Ses derniers livres dénotent un engagement politique dans le camp de la paix (Un amour vrai, 1987 ; Une mère et un enfant, 1992).
Ravitch (Zekharye Bergner, dit Melekh)
Écrivain de langue yiddish (Radymno, Galicie, 1893 – Montréal 1979).
Quittant en 1921 Vienne, où il vient de publier son recueil de poèmes expressionnistes Chants nus, il fonde à Varsovie, avec Grinberg et Markish, le groupe Khaliastre. Secrétaire pendant dix ans de l'Association d'écrivains yiddish de Pologne, il émigre – après un passage par Melbourne et Buenos Aires – au Canada, où il rédige deux grandes séries de Mémoires : Mon lexicon (1945-1958) et le Livre de contes de ma vie (1962-1975).
Ray (Bharat chandra)
Poète indien de langue bengalie (Bhursut v. 1712 – Mulajore 1760).
Poète officiel de la cour de Krisnagarh, il est l'auteur d'un poème narratif, Annada mangal (1753), qui évoque les amours de la princesse Vidya (la Sagesse) et du prince Sundara (le Beau), et fait la part belle à la peinture de la passion.
Ray (Raymond De Kremer, dit Jean)
Écrivain belge de langues française et néerlandaise (Gand 1887 – id. 1964).
Les Contes du whisky (1925) révèlent un talent descriptif et déjà un climat sui generis : brouillards, mystérieuses maisons à pignon, rues pluvieuses des vieux ports hanséatiques, objets s'animant dans la nuit. Signant John Flanders, Ray écrivit en néerlandais des récits d'aventures pour la jeunesse. De 1933 à 1940, il traduisit ou réécrivit les 178 fascicules des Aventures de Harry Dickson. Certaines de ces étourdissantes aventures policières relèvent du fantastique ou de la science-fiction. Durant la Seconde Guerre mondiale, il publia coup sur coup ses œuvres majeures : le Grand Nocturne (1942), les Cercles de l'épouvante (1943), Malpertuis (1943), la Cité de l'indicible peur (1943), les Derniers Contes de Canterbury (1944), le Livre des fantômes (1947). Ces nouvelles et romans évoquent un univers insolite, que renforce encore un parti pris de platitude dans l'écriture. Toute réalité s'avère leurre, ouverture terrifiante sur des mondes parallèles ou intercalaires. Quand bien même narrateur ou personnages « expliquent » rationnellement le mystère, cette pseudo-clé n'ouvre que sur un surcroît de fantastique.
Ray (Robert Lorho, dit Lionel)
Poète français (né en 1935).
C'est à l'âge de 30 ans que Lionel Ray se choisit un pseudonyme, et aborde un versant neuf de lui avec les Métamorphoses du biographe (1971), qui mène à une déconstruction féconde et inventive du langage, poursuivie avec L'interdit est mon opéra (1973), marqué par l'introduction du récit et des audaces typographiques. Partout ici même (1978) renoue avec la lisibilité. Cette date est aussi celle de la naissance du néolyrisme. Approches du lieu (1983) et le Nom perdu (1987), dont le titre renvoie à la pseudonymie, prolongent cette tentative tandis que, dès l'orée de leur titre, Comme un château défait (1993) et Syllabes de sable (1996) témoignent d'une tonalité plus sombre. Le parcours de Ray est emblématique d'une double postulation de la parole poétique contemporaine : le lyrisme et le formalisme.