Bernari (Carlo)
Écrivain italien (Naples 1909 – Rome 1992).
Romancier réaliste et engagé, dont l'œuvre la plus significative (Trois Ouvriers, 1934) décrit la misère, la rébellion et la défaite du prolétariat napolitain avant le fascisme, il est l'auteur de nombreux romans : Vésuve et pain, 1952 ; C'était l'année du soleil tranquille, 1964 ; l'Éternel lendemain, 1957 ; le Grand Lit, 1988.
bernesque
Ce genre burlesque par excellence, dont l'expressionnisme populaire a souvent la parodie pour ressort, trouve son origine dans les sonnets du Burchiello (qui inventa le genre alla burchia). Il inspira notamment Francesco Berni et plusieurs de ses proches : le Florentin Matteo Franzesi ainsi que Francesco Maria Molza ; Giovanni Della Casa, Ludovico Dolce et Anton Francesco Grazzini s'y sont également essayé au XVIe siècle. Pendant l'âge du baroque, son ton perd en spontanéité. Remise au goût du jour au XVIIIe siècle, avec Carlo Gozzi, Giuseppe Baretti (Poésies agréables, 1750) et Giuseppe Parini (Quelques poésies de Ripano Eupilino, 1752), la littérature bernesque renaîtra toutefois sous une forme innovatrice au XIXe siècle avec Carlo Porta et G. Belli.
Bernhard (Thomas)
Écrivain autrichien (Heerlen, Pays-Bas, 1931 – Gmunden, Haute-Autriche, 1989).
Dans son enfance Bernhard subit surtout l'ascendant de son grand-père, le poète Johannes Freumbichler (1881-1949), « le seul être vraiment aimé », comme l'avoue le récit le Souffle (1978) : leurs nombreuses promenades se trouvent inscrites comme figure rythmique dans la plupart des textes de Bernhard. En 1947, il abandonne ses études et devient apprenti dans une épicerie, où il contractera une maladie pulmonaire (la Cave, 1976). En même temps, il étudie la musique à l'académie Mozarteum de Salzbourg, dont il sort diplômé en 1957. La même année, il publie son premier volume de poésie, qui témoigne de l'influence de Trakl (Sur terre et en enfer). À partir de 1965, il habite seul une immense ferme dans le village de Ohlsdorf, en Haute-Autriche. En 1967, il obtient le Grand Prix de l'État autrichien, en 1970 le prix Büchner. Le monde des récits de Bernhard est le pire de tous les mondes possibles, et la vie n'y est qu'une maladie mortelle, que ressasse son autobiographie (l'Origine, 1975 ; le Souffle, 1978 ; le Froid, 1981). Les différents paysages autrichiens (Salzbourg dans Gel de 1963, le Tyrol dans Amras de 1964, la Styrie dans Perturbation de 1967 et la Haute-Autriche dans Ungenach de 1968, Watten de 1969, la Plâtrière de 1970, Oui de 1978) lui servent de prétexte à une description monomane de processus de destruction. La mort, souvent sous forme de suicide, la maladie, la folie, la solitude forment la trame de son œuvre. Bernhard les « encercle » par des phrases d'un baroque tout musical qui, par leur structure cyclique et l'usage systématique du superlatif, suggèrent au lecteur que le mal du monde est définitif, inévitable et incorrigible (l'Imitateur, 1978 ; Maîtres anciens, 1985 ; Extinction, 1986). Dans le Neveu de Wittgenstein (1982), il évoque, à la manière de Diderot, une philosophie du monde que trace « en creux » un personnage à la fois attirant et déceptif. Bernhard est également un auteur de théâtre : dans le sillage de Beckett, il montre des êtres estropiés, privés de langage authentique, incapables de communiquer (Une fête pour Boris, 1970 ; l'Ignorant et le Fou, 1972 ; Minetti, 1976 ; le Faiseur de théâtre, 1985) et traque dans ses pièces la nostalgie nazie qu'il prête à l'Autriche (Avant la retraite, 1979 ; Place des héros, 1988).
Berni (Francesco)
Poète italien (Lamporecchio v. 1497 – Florence 1535).
Il mourut empoisonné au terme d'une carrière courtisane mouvementée. Son goût de la satire s'exerce sur le monde ecclésiastique et la Cour dans ses Rime et ses Lettres (publiées intégralement en 1885). Son comique, inspiré en partie de Burchiello et de Pulci, a donné naissance au genre « bernesque ».
Bernis (François Joachim de Pierres, cardinal de)
Homme d'État et écrivain français (Saint-Marcel-en-Vivarais 1715 – Rome 1794).
Abbé mondain (surnommé « Babet la bouquetière ») il écrivit des petits vers qui lui ouvrirent en 1744 les portes de l'Académie française et lui apportèrent la protection de Mme de Pompadour, qui le fit ambassadeur à Venise, puis ministre. Il rima de nombreuses poésies fugitives (les Quatre Saisons, 1763) et une imposante Religion vengée (1795) en dix chants. Ses contacts avec Casanova le destinaient à devenir après sa mort un personnage de Sade, puis de Roger Vailland.
Bernlef (Hendrik Jan Marsman, dit J.)
Écrivain hollandais (Sint-Pancras 1937).
Il débuta dans le courant néoréaliste qui réagit à l'esthétique expérimentaliste. Rédacteur de la revue Barbarber (1958-1965), période qu'il décrit dans Un chèque pour un dentiste (1967, avec K. Schippers), il est en poésie l'adepte de la « trouvaille », du hasard objectif et du ready-made (Qui dit A, 1970), tandis que ses nouvelles et ses romans expriment la solitude de l'homme contemporain (Neige, 1975 ; Mouettes, 1977 ; Sous les icebergs, 1981 ; Chimères, 1984).
Bernstein (Charles)
Poète américain (New York, 1950).
Éduqué à Harvard University, Charles Bernstein est actuellement professeur de poésie et de littérature à la State University of New York (Buffalo), où il dirige les travaux de nombreux jeunes poètes. Il est le chef de file des Language Poets dont il a donné, par l'exemple, la définition dans la revue L=A=N=G=U=A=G=E et dans l'anthologie du même nom, compilée avec Bruce Andrews (1984). Ses œuvres poétiques comprennent notamment les Intérêts d'argent (1980), Résistance (1983), le Sophiste (1987), Dur en affaires (1991) et la Ville obscure (1994), où le poète brille par sa verve et son ironie qui attaque, entre autres choses, tous les clichés de l'Amérique contemporaine. Ses essais, extrêmement éclairants sur les enjeux éthiques et politiques en poésie, sont rassemblés dans Rêve de contenu (1986) et Une poétique (1992).
Bernstein (Henry)
Auteur dramatique français (Paris 1876 – id. 1953).
Il régna plus d'un demi-siècle sur le théâtre de boulevard avec des pièces célèbres pour l'audace de leurs situations et le caractère excessif de leurs personnages, incarnés par les monstres sacrés de la scène (Lucien Guitry, Gabin), et qui animent un monde parcouru par la violence des conflits nés de l'argent et des passions sensuelles (le Détour, 1902 ; la Rafale, 1905 ; le Voleur, 1906 ; Judith, 1922 ; la Soif, 1949 ; Évangéline, 1952).