Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Rubió i Ors (Joachim)

Écrivain espagnol d'expression catalane (Barcelone 1818 – id. 1899).

Il publia en catalan, dès 1839, des poèmes de tonalité romantique et d'inspiration principalement patriotique. Le premier de ces poèmes, « Lo Gayter del Llobregat », lui servit de pseudonyme et constitua le titre des éditions successives de son œuvre poétique. Le prologue de la première édition (1841), considéré comme le véritable manifeste de la Renaixença, revendiquait pour la Catalogne une « indépendance littéraire » dont il se fit l'ardent défenseur.

Ruchdi (Rachad)

Auteur dramatique égyptien (Le Caire 1912 – 1983).

Professeur de littérature anglaise à l'université du Caire, directeur du théâtre al-Hakîm et de la revue al-Masrah (1960-1966), il fut dans les années 1960 une figure marquante du renouveau théâtral en Égypte (le Papillon, 1959 ; le Jeu de l'amour, 1962 ; Voyage hors des murs, 1964 ; Théâtre d'ombres, 1965 ; Etfarrag yâ salâm, 1966 ; Ô mon pays (comédie musicale), 1968 ; Douceurs d'autrefois, 1967 ; Lumière d'ombre, 1968 ; Schéhérazade, 1974).

Rückert (Friedrich)

Poète allemand (Schweinfurt 1788 – Neusess, près de Cobourg, 1866).

Professeur de langues orientales, il a produit une poésie où l'on distingue trois sources d'inspiration : patriotique, exotique et lyrique. Ses Sonnets guerriers (1814) expriment l'ardeur guerrière des volontaires de 1813. Roses d'Orient (1822) et la Sagesse des brahmanes (1836-1839) reflètent l'influence du Divan de Goethe et des poésies arabe et persane. Printemps de l'amour (1823) et les vers inspirés par sa vie familiale (Chansons funèbres pour les enfants, 1872) contiennent quelques-unes des strophes les plus mélodieuses du Biedermeier, immortalisées par Schubert, Schumann et Mahler.

Rudkin (David)

Auteur dramatique anglais (Londres 1936).

Divisé par ses origines familiales mi-anglaises mi-irlandaises, Rudkin aborde fréquemment les thèmes du double et de la gémellité douloureuse. Sa première pièce, Avant que la nuit tombe (1960), est une tragédie rurale où un vagabond irlandais nommé Shakespeare, pris comme bouc émissaire par les paysans des Midlands, est la victime d'un sacrifice rituel païen. Dans Cendres (1974), la stérilité du couple de protagonistes apparaît comme une métaphore de la situation de l'Irlande du Nord. Le Triomphe de la mort (1981) s'inspire du Moyen Âge, tandis que le Rivage saxon (1986) évoque les querelles entre Celtes et Saxons durant l'occupation romaine (comme Howard Brenton quelques années auparavant dans les Romains en Bretagne), nouvelle parabole des rapports entre l'Irlande et l'Angleterre.

Rudolf von Ems

Poète allemand (Hohenems, Vorarlberg, v. 1200 – en Italie v. 1254).

Son œuvre abondante se situe dans la tradition des classiques, Gottfried de Strasbourg, Wolfram von Eschenbach et Hartmann von Aue, mais elle est originale par ses sujets. Le Bon Gérard (vers 1225) met en scène un commerçant de Cologne, égal des rois par ses richesses comme par ses vertus ; Baarlam et Josephat (vers 1230) est une version christianisée de la légende du Bouddha. Alors que Guillaume d'Orléans (vers 1238) et Alexandre (vers 1230-1235) sont des romans de chevalerie, sa Chronique universelle, inachevée, fournira le modèle de nombreuses œuvres historiques de la fin du Moyen Âge.

Rufin d'Aquilée, en lat. Tyrannius Rufinus

Théologien latin (Concordia, près d'Aquilée, v. 340 – Messine 410).

Ami de saint Jérôme, il se fit moine comme lui et se fixa à Jérusalem en 377. Sa retraite fut troublée par des querelles théologiques qui le brouillèrent avec saint Jérôme, lequel écrivit une Apologie contre Rufin. Son activité de traducteur rendit accessibles à l'Occident les œuvres majeures des Pères de l'Église grecs.

Rühmkorf (Peter)

Écrivain allemand (Dortmund 1929 – Roseburg im Kreis 2008).

Difficile à classer en termes d'école ou de courant, il cherche à concilier tradition littéraire et engagement politique. L'ironie, la parodie, les ruptures et les dissonances font le charme de sa poésie (Poèmes, 1976 ; À consommer avant fin 1999, 1980) ou de ses contes (Au revoir à Kenilworth, 1980 ; le Gardien du tas de fumier, 1983). Moins heureux au théâtre (Que veut dire ici Volsinii ?, créé en 1973), son plus grand succès fut un livre curieux, mêlant les siècles et les genres (essai, traduction, poésie, dialogues) sous le titre Walther von der Vogelweide, Klopstock et moi (1975).

Rührstück

Genre dramatique allemand issu de la « comédie larmoyante » et qui cherche à émouvoir le spectateur en représentant des actions touchantes – le terme vient de rühren (« émouvoir ») – et des personnages vertueux en butte à des difficultés, mais récompensés par un dénouement heureux. Reflet des convictions morales de la bourgeoisie éclairée, ce genre a connu une première vogue vers 1750-1770, en particulier grâce à Ch. F. Weisse (1726-1804). Lessing en a également fixé certains thèmes dans Minna von Barnhelm et Nathan le Sage. Les pièces d'Iffland, de Kotzebue et de Ch. Birch-Pfeiffer (1800-1868) témoignent de la faveur que ce genre a conservée au XIXe s.

Ruiz (Juan)

Archiprêtre de Hita, écrivain espagnol (Alcalá de Henares ? v. 1290 – v. 1350).

Il est l'auteur d'un long poème, le Livre du bon amour (1343), considéré comme le sommet de la littérature cléricale en langue vernaculaire. Cet ouvrage singulier, dont l'intention serait de mettre en garde contre les méfaits de l'amour, est au fond une autobiographie, mêlée de légendes, d'allégories, de pointes satiriques, parfois très dures pour la société du temps, et fait de son auteur un des plus grands poètes espagnols de son temps.

Ruiz de Alarcón y Mendoza (Juan)

Poète dramatique espagnol (Mexico 1581 – Madrid 1639).

Né au Mexique où il reste jusqu'à 20 ans et où il retourne entre 1608 et 1613, il est avant tout juriste et ne se consacre à la littérature qu'entre 1613 et 1625, écrivant deux douzaines de pièces dont surtout des comédies, imitées de Lope de Vega ou de Tirso de Molina (les Murs ont des oreilles ; la Vérité suspecte ; l'Examen des maris ; Se faire des amis), et un grand drame en deux parties, le Tisserand de Ségovie (1634), dont Hugo se souviendra en écrivant Hernani. Son style travaillé, sa mesure, sa logique de l'action et la profondeur de vérité de ses caractères le situent parmi les grands noms du Siècle d'or.