Holeček (Josef)
Écrivain tchèque (Stožice, Bohême, 1853 – Prague 1929).
Journaliste, il dirigea dans les Národní Listy la rubrique slave, publia une Étude sur la paysannerie (1928) et adapta les œuvres littéraires des Serbes et des Bulgares (Sokolovič, 1922). Dans une vaste fresque romancée (les Nôtres, 1910-1930), il a exprimé les concepts religieux et moraux prédominants à travers les siècles en Bohême.
Holm (Sven)
Romancier danois (Copenhague 1940).
Auteur de nouvelles d'une ironie agressive (le Grand Ennemi, 1961 ; la Chute, 1963) et de romans d'anticipation (Du ciel inférieur, 1965 ; Termush, côte atlantique, 1967), il oscille entre un réalisme reflété dans le langage (Mon amour, un roman-poncif, 1968 ; Malade et Gai, 1972) et un fantastique qui n'exclut pas l'humour (Rex, 1969 ; Sept Passions, 1971 ; Au loin la ville parle par ma voix, 1976 ; Léonora, trois scènes pour une héroïne, 1982).
Holmes (Oliver Wendell)
Médecin et écrivain américain (Cambridge, Massachusetts, 1809 – Boston 1894).
Ses causeries en prose (l'Autocrate au petit déjeuner, 1857 ; le Professeur au petit déjeuner, 1860 ; le Poète au petit déjeuner, 1872) et ses romans (Elsie Venner, 1861 ; l'Ange-gardien, 1867) reflètent son opposition au puritanisme.
Holovatskyî (Iakiv Fedorovytch)
Écrivain ukrainien (Tchepeli 1814 – Vilnius 1888).
Collecteur du folklore et professeur à l'université de Lviv (Chants populaires de Galicie, 1878), il publia des traductions des folklores slaves (le Bouquet des glaneurs, 1846) et se fit le champion en Galicie d'un renouveau ukrainien dans une perspective slavophile.
Holovko (Andriï Vassylovytch)
Écrivain ukrainien (Iourky 1897 – Kiev 1972).
Fils de paysan, il évoque dans ses premiers vers (Pierres précieuses, 1919) et ses récits les péripéties de la guerre civile et de la collectivisation (Je peux, 1926 ; Chiendent, 1927). Sa trilogie (la Mère, 1931 ; Artem Harmach, 1951-1973) fait revivre le mouvement paysan et les luttes qui, de 1905 à 1920, aboutirent en Ukraine à l'instauration du pouvoir soviétique.
Hölty (Ludwig)
Poète allemand (Mariensee, Hanovre, 1748 – Hanovre 1776).
Fils de pasteur, il fit ses études à Göttingen, où il devint le cofondateur et le meilleur représentant du cercle poétique du Göttinger Hain (1772). Son lyrisme s'éloigne de l'anacréontisme pour trouver un ton personnel où domine une sentimentalité voilée de mélancolie. Ses poèmes, publiés dans le Göttinger Musenalmanach, sont écrits dans une langue harmonieuse qui le rapproche de Klopstock. S'intéressant à la poésie médiévale, Hölty a contribué avec Adelstan und Röschen et la Religieuse à créer le genre de la ballade fantastique, directement issue du chant populaire.
Holz (Arno)
Écrivain allemand (Rastenburg, Prusse-Orientale, 1863 – Berlin 1929).
Un des personnages centraux du naturalisme allemand, il a tenté de formuler la théorie esthétique de l'art nouveau (l'Art, son essence et ses lois, 1891-1892), aboutissant à la formule : art = nature minus x. Avec J. Schlaf, il a illustré ses principes dans les nouvelles de Papa Hamlet (1889) et dans le drame la Famille Selicke (1890). Mais, rapidement, il se détacha du naturalisme, se laissant aller à son goût du pastiche (Daphnis, 1904-1924), de la satire (les Socio-aristocrates, 1894 ; la Forge de fer-blanc, 1902) et à un lyrisme prolixe (Phantasus, 1898-1924).
Homère
Poète épique grec (VIIIe s. av. J.-C.).
Pour les Anciens, l'existence de ce poète ne faisait pas de doute, quels que soient les débats sur sa naissance, son nom, sa cécité, ou le texte authentique de ses poèmes. On considérait comme historiques les événements qu'il rapporte, la guerre de Troie et le retour des héros grecs, et on lui attribuait la composition des textes fondateurs de la culture grecque que sont l'Iliade, l'Odyssée, les Hymnes homériques, voire la Batrachomyomachie et l'essentiel du Cycle épique. Dès le VIIe siècle se formèrent des groupes d'« homérides » qui se disaient ses descendants. L'œuvre est très vite connue de tout le monde grec, sans que l'on sache les détails de sa transmission et de sa transcription. Le texte aurait été fixé officiellement à Athènes, au VIe siècle, à la demande du tyran Pisistrate, et récité aux fêtes des Panathénées. Les érudits alexandrins, considérant que les poèmes homériques étaient stratifiés, entreprirent d'éliminer les vers qu'ils jugeaient interpolés, établirent la division en 24 chants et menèrent les premières études de langue et de style. Certains, les chorizontes ou « séparateurs », soutinrent que seule l'Iliade devait être considérée comme son œuvre. La « question homérique » se posa vraiment au XVIIe siècle : l'abbé d'Aubignac (Conjectures académiques sur l'Iliade, publiées en 1715) vit dans l'épopée une suite de poèmes différents réunis par des rhapsodes. En 1795, contre Winckelmann et Goethe, F. A. Wolf (Prolegomena ad Homerum) fait de l'Iliade et de l'Odyssée des textes dus à des aèdes différents, fixés tardivement par écrit. À l'époque moderne s'affrontent les partisans d'un auteur unique – inventeur du thème des poèmes (la colère d'Achille et le retour d'Ulysse), sur lequel auraient brodé d'habiles arrangeurs, ou, au contraire, rassembleur et organisateur génial de textes antérieurs – et les partisans d'auteurs multiples d'époque différente. La thèse unitaire prévaut ensuite : un auteur a pu rédiger, à cinquante années de distance, les deux poèmes, en utilisant des thèmes, voire des passages, d'épopées orales antérieures et en passant d'un pathétique guerrier exprimant une âme collective à un roman d'aventures où l'homme solitaire affronte la vie avec sa volonté et son intelligence. Cependant, la réflexion, menée d'abord par M. Parry et W. Arend, sur les épithètes traditionnelles, la prosodie, le formulaire, les comparaisons et les scènes typiques, a mis en évidence un processus de composition orale et traditionnelle, comparable à celui des bardes ou griots de sociétés traditionnelles encore vivaces. Homère serait alors l'héritier d'un passé séculaire de création poétique, ce qui, d'ailleurs, n'enlève rien à l'originalité, à la souplesse et à la vigueur de son style, de l'emploi détaillé des formules à la structure générale du récit : la question homérique se pose en termes nouveaux, les premières épopées grecques résultant à la fois d'un travail collectif et d'une élaboration individuelle. Enfin, qu'il ait existé ou non, Homère est resté, de Virgile à Racine ou Joyce, une référence majeure pour les littératures occidentales, et l'on a pu dire (Queneau) qu'aux origines de toute création nationale ou personnelle il y a soit une Iliade, soit une Odyssée.
Le monde des épopées homériques est complexe. Pour les Grecs, par exemple Hérodote, la guerre de Troie était un fait historique, comme pour l'archéologue H. Schliemann qui, ayant découvert le site de Troie, rattacha l'Iliade et l'Odyssée au monde mycénien, antérieur au XIIe siècle. Le déchiffrement du mycénien, à partir de 1953, révéla cependant une société palatiale, bureaucratique, différente de celle d'Homère, et M. I. Finley (le monde d'Ulysse) rattacha ces épopées aux « âges obscurs » des Xe et IXe siècles. On pense désormais qu'Homère représente une société fictive, mêlant des éléments archéologiques, anthropologiques, linguistiques, religieux et sociaux d'époques variées, du monde mycénien aux prémices de la colonisation et de la cité classique, surtout dans l'Odyssée. L'épopée est ainsi une encyclopédie, et l'aède le porte-parole d'un savoir collectif, mais ces connaissances sont mises en forme poétique : il ne s'agit pas d'un traité historique ou géographique réaliste.
L'Iliade (gr. Ilias) fait le récit de la colère d'Achille, à qui Agamemnon a ravi sa captive Briséis et qui se retire du combat : Thétis, sa mère, obtient de Zeus la défaite des Grecs. Après un catalogue détaillé des forces en présence (chant II), la lutte se déroule au rythme des combats singuliers (Ménélas et Pâris, ch. III ; Diomède et Énée, ch. V ; Hector et Ajax, ch. VII) et des mêlées générales (ch. VI, ch. XI-XIV) auxquelles les dieux prennent part. Alors que les Troyens sont sur le point d'incendier la flotte grecque, Achille prête ses armes à Patrocle, qui, téméraire, est tué par Hector. Pour le venger, Achille fait forger par Héphaïstos de nouvelles armes (description du bouclier, ch. XVIII), reprend le combat et tue Hector (chant XXII). Les deux derniers chants sont consacrés aux funérailles de Patrocle et d'Hector, dont Achille rend le cadavre au roi Priam.
Le poète a cristallisé un conflit de dix ans en une intrigue unique et des épisodes marquants, comme le note la Poétique d'Aristote. L'Iliade n'évoque pas un conflit de civilisations, c'est le poème de la victoire provisoire de l'homme sur lui-même : Achille domine sa colère (contre Agamemnon), son désespoir (après la mort de Patrocle), sa rancune (il rend le corps d'Hector), son destin même (il accepte une mort précoce). Les scènes d'intimité et de tendresse ponctuent l'action guerrière (adieux d'Hector et d'Andromaque, apparition d'Hélène sur les remparts de Troie, préparation d'un repas par Achille et Patrocle), et l'Iliade est un poème humain, par la présence constante de la mort : à travers le bruit et la fureur, sont chantées la dimension tragique d'un destin où les dieux se jouent des hommes, même héroïques, et les valeurs d'individus volontaires et amoureux de la vie.
L'Odyssée (gr. Odyseeia) est consacrée au retour d'Ulysse dans sa patrie, Ithaque, après la guerre de Troie, pendant dix ans. L'épopée est centrée sur les derniers jours du voyage, et, par des retours en arrière et le récit parallèle des aventures de Télémaque, fils d'Ulysse, l'auteur donne au poème une profondeur qui renouvelle toujours l'intérêt. Dans la Télémaquie (chants I-IV), pendant qu'à Ithaque les prétendants occupent le palais et demandent à Pénélope de choisir l'un d'eux comme époux, Télémaque, guidé par Athéna, se met en quête de son père, chez le roi Nestor à Pylos et le roi Ménélas à Sparte. Les prétendants préparent une embuscade contre le jeune homme et Athéna demande à Zeus de faire revenir Ulysse. S'ouvre alors le deuxième mouvement (ch. V-VIII), consacré à la navigation d'Ulysse de l'île de Calypso aux côtes de l'île des Phéaciens, où le jette une tempête. Trouvé sur le rivage par Nausicaa, fille d'Alcinoos, roi des Phéaciens, Ulysse est bien accueilli. Après avoir entendu, à un banquet, l'aède chanter l'épisode du cheval de Troie, Ulysse avoue son identité et raconte ses aventures, ce qui introduit un nouveau groupe d'épisodes (ch. IX-XII) : le héros a affronté les Lotophages, le cyclope Polyphème, les Lestrygons anthropophages, la magicienne Circé, une évocation des morts, les Sirènes, Charybde et Scylla, Calypso. Ces aventures, qui s'inspirent de thèmes folkloriques méditerranéens, permettent à Ulysse d'éprouver son intelligence, son astuce et parfois sa faiblesse. Ensuite s'amorce le dernier mouvement, le retour à Ithaque et le massacre des prétendants. Dans les chants XIII à XVI, Ulysse, après avoir été accueilli par son vieux porcher Eumée, retrouve Télémaque. Aux chants XVII à XXIII, déguisé en mendiant, il pénètre dans son palais, subit les insultes et n'est reconnu de personne, sauf de son chien et de sa nourrice. Au cours du festin, Pénélope promet d'épouser celui qui pourra tendre l'arc d'Ulysse. Aucun des prétendants n'y parvient. Ulysse se fait reconnaître et les massacre. Ses retrouvailles avec Pénélope sont suivies d'un dernier chant qui évoque une descente aux Enfers et le retour de la paix.
Face à l'univers guerrier de l'Iliade, l'Odyssée, avec ses notations familières, son pittoresque exotique, a une allure romanesque. On y a vu la transposition des connaissances des navigateurs anciens, et V. Bérard a cru identifier les escales du marin autour de la Méditerranée. Cependant, les errances d'Ulysse peuvent être vues, de manière allégorique, comme les aventures d'un homme grec qui, confronté à l'autre, féminin, étrange, chthonien, animal, monstrueux ou lointain, finit par retrouver son identité d'homme, de père, d'époux et de roi, surtout au moment où Pénélope le reconnaît. Les personnages et les situations qu'il rencontre font appel à des images archétypales, rappelant les contes de fées. Et la liste des femmes de l'Odyssée est longue, sans parler des déesses : Calypso, Circé, Hélène, Nausicaa, Arété, Pénélope, Euryclée... Les victoires d'Ulysse sont dues au courage et à l'astuce de « l'homme aux mille ruses ». Cette capacité à toujours rebondir, à mentir, à se déguiser, fait qu'on ne craint pas trop pour lui : on sait que, dans toutes les situations, il se tirera d'affaire. D'autant plus que, souvent, l'Odyssée apparaît comme une parodie des valeurs pessimistes de l'Iliade. Ulysse, solitaire mais soutenu par certains dieux, surtout Athéna, est l'homme qui soit raconte ses aventures (ainsi chez les Phéaciens) avec une position de recul, soit les vit réellement, mais avec une lenteur qui en fait autant un spectateur qu'un acteur (ainsi chez Eumée). Ulysse, jusqu'à Joyce, est le patron des aventures distanciées et touchantes à la fois, le héros populaire aussi fragile et endurant à l'épreuve que trompeur.
Les Hymnes homériques, enfin, constituent un recueil de 34 hymnes attribués à Homère, mais composés aux VIIe et VIe siècles, dans la tradition épique, par des auteurs différents, et évoquant des épisodes de la vie des dieux : les plus notables sont consacrés à Apollon, à Aphrodite, à Déméter et à Hermès.