Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
C

Cauvigny (François de) , sieur de Colomby

Écrivain français (1588 – 1648).

Traducteur de Tacite, il polémique avec Perrot d'Ablancourt sur les principes de la traduction. On lui doit aussi des poèmes, publiés dans les Délices de la poésie française. L'un des premiers membres de l'Académie française, il s'éleva contre le droit que la compagnie s'arrogeait de censurer les écrivains, au moment même où elle abandonnait la conception philosophique et morale de la littérature qui avait été celle des cercles lettrés humanistes.

Cavafy (Konstandínos Kaváfis, dit Constantin)

Poète grec (Alexandrie 1863 – id. 1933).

D'une famille phanariote de Constantinople venue s'installer à Alexandrie en 1850, Cavafis passa son enfance dans cette ville ; après la mort de son père (1870), les Cavafis émigrèrent en Angleterre où ils restèrent jusqu'en 1880. En 1885, la famille se fixa définitivement à Alexandrie, que Cavafis ne quitta plus que pour quelques brefs voyages à Londres, à Paris ou à Athènes. Il fut, trente ans durant, un employé modèle au ministère des Travaux publics, alors contrôlé par les Anglais. L'essentiel de sa vie est à chercher dans une œuvre qui, d'abord incomprise et méconnue, devint bientôt l'objet d'un intérêt grandissant, tant en Grèce qu'à l'étranger, où la figure du poète alexandrin est considérée comme l'une des plus importantes de la modernité poétique européenne. Cavafis publiait ses poèmes sous forme de « feuilles volantes », sans cesse modifiées ou corrigées, et distribuées à ses seuls intimes. Il a donc fallu attendre la publication, en 1935, des 154 poèmes dispersés – aujourd'hui complétés par 75 poèmes inédits rejetés par ce poète exigeant – pour mieux percevoir l'unité d'un univers très particulier, où la vie privée du poète et l'Histoire semblent ne plus faire qu'une seule et même réalité. Avec un goût prononcé pour l'époque hellénistique, mais aussi pour le Bas-Empire et Byzance, nourri de l'Anthologie palatine et de Gibbon, Cavafis peint un univers où règnent la tromperie, la duplicité d'aventuriers ou d'escrocs, la déchéance de roitelets lagides ou séleucides réduits à l'impuissance (Démétrios Sôter). Le monde de Cavafis est celui d'une nostalgie, tant pour la grandeur historique passée que pour la beauté de ces corps d'éphèbes qu'il évoque dans des poèmes « mémoriaux » (Jours de 1896, Jours de 1901). L'émotion poétique naît du contraste entre la froideur d'une expression neutre, d'une langue sobre mêlant termes rares et populaires en ce que Séféris appelait une « démotique bien à lui », et le tragique d'efforts voués à l'échec, soit dérisoire (Oropherne), soit stoïquement accepté (Thermopyles, son Dieu abandonne Antoine). Le sens de l'Histoire de Cavafis ne néglige nullement sa propre époque. La Grèce hellénistique devient ainsi emblématique de celle de son temps, toutes deux époques de décadence et de dissolution. La force de cette œuvre, la première à introduire en Grèce la modernité poétique, fait de Cavafis l'un des grands de la poésie contemporaine.

Cavalcanti (Guido)

Poète italien (Florence v. 1260 – id. 1300).

Issu d'une noble famille guelfe, Cavalcanti participa activement à la vie politique de la commune de Florence. Privé de ses charges publiques, il se lança dans les luttes entre les grandes familles florentines, en prenant parti pour les Cerchi contre les Donati. Exilé en juin 1300 en Lunigiane par le Conseil des prieurs, dont Dante faisait alors partie, il fut atteint de malaria et obtint de revenir mourir à Florence. Sa prédilection pour la philosophie matérialiste de l'Antiquité, jointe à son goût de la solitude et à un caractère ombrageux et hautain, frappa l'imagination de ses contemporains, qui le soupçonnèrent d'épicurisme et d'averroïsme. Dante lui-même ne mentionne son ami qu'au chant X de l'Enfer, le chant des hérétiques. Les 52 poèmes attribués avec certitude à Cavalcanti sont tous consacrés à l'amour : exégèse, célébration et analyse psychologique. La chanson Une dame me prie est le texte théorique le plus important du « dolce stil nuovo ». À l'ascension dialectique de la « comédie » dantesque Cavalcanti oppose une « tragédie » statique de l'angoisse amoureuse, fondée sur une phénoménologie du désir.

Caverne des Trésors (la)

Apocryphe syriaque anonyme (Ve ou VIe s.), connu aussi sous le titre de Livre de la descendance des tribus.

C'est la relation des vicissitudes d'Adam et de ses descendants, qui finissent par se réfugier avec leurs trésors dans une caverne voisine du Paradis puis au Golgotha. Le découpage de l'œuvre, présentée selon une structure temporelle en six ères, influencera plusieurs textes postérieurs.

Caxton (William)

Imprimeur anglais (dans le Kent v. 1422 – Londres 1491).

Apprenti drapier jusqu'en 1441, il étudie l'imprimerie à Cologne, puis monte une presse à Bruges (1473). En 1474, il publie le premier livre anglais imprimé, une traduction du Recueil des histoires de Troyes. Installé à Westminster (1476), il publie le premier livre imprimé en Angleterre, Dits et propos des philosophes (1477). Il édite ensuite de nombreux ouvrages français, grecs ou latins qu'il traduit souvent lui-même, mais aussi Chaucer, Lydgate et Gower.

Cayet (Pierre, sieur de La Palme) , connu sous le nom de Palma-Cayet

Historien français (Montrichard v. 1525 – Paris 1610).

Il passa du protestantisme au catholicisme, et du collège de Navarre au Collège royal, où il enseigna l'hébreu et les langues orientales. On lui doit des histoires universelles (Chronique septenaire, 1605 ; Chronique novenaire, 1608).

Caylus (Anne Claude Philippe de Tubières-Grimoard, comte de)

Archéologue et écrivain français (Paris 1692 – id. 1765).

Aristocrate apparenté à Mme de Maintenon, il abandonna rapidement la carrière des armes pour voyager en Europe et au Moyen-Orient. Ses fouilles archéologiques, ses recherches historiques, ses dessins et gravures l'appelèrent à l'Académie de peinture et de sculpture, puis à celle des inscriptions et belles-lettres où il présenta de nombreux mémoires. Son Recueil d'antiquités égyptiennes, étrusques, grecques, romaines et gauloises (1752-1767) a été lu attentivement par Winckelmann et Lessing. Son activité de critique l'opposa à Diderot qui s'est parfois inspiré de lui. Il témoigne du même goût pour la diversité des mœurs et des témoignages historiques dans ses œuvres : traduction d'un roman médiéval, contes de fées, écritures populaires (Histoire de Guillaume, cocher).