Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
L

Loy (Rosetta)

Écrivain italien (Rome 1931).

Ses œuvres relatent des histoires de famille sur le fond des grands événements historiques : la Seconde Guerre mondiale dans la Bicyclette, 1974 ; les années de l'époque napoléonienne jusqu'à l'unification italienne dans les Routes de Poussière, 1987. Le roman, Madame Della Seta aussi est juive, 1997, conte l'histoire d'une famille italienne juive en proie à la vague antisémite des années 1930, à travers les souvenirs d'enfance de l'écrivain. Parmi ses autres romans : Rêves d'hiver, 1992 et Un chocolat chez Hanselmann, 1995.

Lu Wenfu

Nouvelliste chinois (Suzhou, Jiangsu, 1928 – ? 2005).

D'abord journaliste, puis écrivain orthodoxe reconnu, il fait suffisamment confiance à l'illusoire liberté promise par les Cent Fleurs pour raconter, dans Au fond de la ruelle (1956), l'histoire d'une prostituée avant et après la libération. Victime d'une purge en 1957 et à nouveau pendant la Révolution culturelle, envoyé à la campagne pour être « rééduqué », il est réhabilité en 1978. Il fait de sa ville, Suzhou, la « Venise chinoise », le cadre de ses nouvelles, dont les personnages sont tantôt des intellectuels au destin tragique (le Puits, 1983), tantôt de petites gens échaudés par la Révolution culturelle (Une famille de colporteurs, 1980), tantôt des membres du Parti (le Gourmet, 1983), ce qui confère à ses récits la dimension d'apologues à valeur sociale.

Lu Xun (Zhou Shuren, dit)

Écrivain chinois (1881 – 1936).

On le considère comme le père de la littérature chinoise moderne. Il abandonne des études de médecine au Japon (1902-1909) pour se consacrer à la littérature, jugeant plus utile de « sauver l'âme de la Chine » et voyant dans l'écriture « une arme au service de la révolution ». Dès les prodromes du mouvement du 4 Mai, il rejoint la revue Xin Qingnian, y publie le Journal d'un fou (1918), premier récit en baihua, qui dénonce la cruauté et l'hypocrisie de la société chinoise traditionnelle, confite dans le confucianisme. Auteur d'une trentaine de nouvelles, dont Histoire d'AQ : véridique biographie – qui pointe l'apathie comme vice national –, de poèmes en prose (les Herbes sauvages), il publie surtout d'innombrables essais, souvent brefs (des « javelines »), satiriques et iconoclastes, suscités par l'actualité politique et sociale. Âme de la Ligue de gauche (1930), militant ardemment pour une littérature engagée, il meurt de tuberculose.

Lucain, en lat. Marcus Annaeus Lucanus

Poète latin (Cordoue 39 – Rome 65).

Petit-fils de Sénèque le Rhéteur et neveu de Sénèque le Philosophe, il fut, très jeune, l'un des poètes les plus en vue de l'entourage de Néron. Son amitié pour l'empereur lui valut de participer activement à la renaissance culturelle des premières années du règne. Mais sa célébrité et les succès qu'il remporta dans les concours littéraires suscitèrent la jalousie de Néron et il fut contraint de s'éloigner de la cour. Impliqué en 65 dans la conjuration de Pison, il tenta d'échapper à la mort en dénonçant sa propre mère, mais fut contraint de se suicider. De son œuvre abondante, tragédie (Médée), livrets de pantomimes, recueils poétiques (Saturnales, Silves, Éloge de Néron), il reste son épopée inachevée en 10 livres, la Pharsale, dans laquelle, en choisissant de traiter la guerre qui opposa de 49 à 45 av. J.-C. César aux troupes sénatoriales commandées par Pompée (le titre du poème retenu par l'auteur était plutôt la Guerre civile), il renouvela le genre épique par le récit d'événements historiques qui ne laissent aucune place au merveilleux. L'inspiration stoïcienne et le rôle dévolu à la Providence ont poussé le poète à faire de Caton d'Utique le véritable centre de l'œuvre : cette grande figure de l'époque républicaine devient dans la Pharsale le symbole de la sagesse et de la vertu que Lucain oppose implicitement aux dérèglements de Néron. L'ensemble du poème, avec ses outrances rhétoriques et son expressionnisme coloré, constitue un bon exemple du style baroque à l'honneur sous le règne de Néron.

Lucebert (Lubertus Jacobus Swaanswijk, dit)

Peintre et écrivain hollandais (Amsterdam 1924 – Alkmaar 1994).

Il appartint au groupe Cobra et collabora aux revues Reflex et Braak. Poète « expérimentaliste », il pratique un lyrisme « atonal », qui recherche volontiers l'insolite et qui s'attache à traduire l'inattendu et l'agressivité de la vie (Triangle dans la jungle, 1951 ; Apocryphe, 1952 ; De l'abîme et de l'homme aérien, 1953 ; Amulette, 1957 ; Lithologie, 1959 ; Jour et Nuit, 1961 ; les Récoltes du Labyrinthe, 1980).

Lucien de Samosate, en gr. Loukianos

Écrivain grec (Samosate, Syrie, v. 120 – Égypte après 180).

Syrien d'origine modeste, il devint rhéteur et avocat, puis entreprit des tournées de conférences. Devenu citoyen romain, il se fixa à Athènes. Il finit sa vie comme haut fonctionnaire en Égypte. On lui attribue environ 80 ouvrages, exercices de rhétoriques (l'Éloge de la mouche), dialogues satiriques (le Dialogue des courtisanes), contes fantastiques. Il s'attaque aux opinions philosophiques ou religieuses (les Sectes à l'encan) et critique les ridicules humains (Sur l'astrologie) : son imagination bouffonne, son style typiquement atticiste et sa maîtrise ironique des genres dont il s'inspire (dialogue platonicien, diatribe cynique, comédie et mime) firent l'admiration d'Érasme et de Voltaire. Son style servit de référence aux débats sur l'éloquence jusqu'au milieu du XVIIe siècle. Parmi ses ouvrages marquants, on citera les Dialogues des dieux (26 dialogues vifs où l'anthropomorphisme des Olympiens est mené à ses limites), les Dialogues des morts (30 dialogues burlesques, situés aux Enfers, entre héros mythologiques, personnages historiques, hommes obscurs et philosophes célèbres, qui illustrent la vanité des hommes et des systèmes de pensée, à l'exception de Ménippe le Cynique – ces dialogues seront imités par Fontenelle et Fénelon), le Songe ou le Coq (dialogue philosophique, dont le thème principal, repris par La Fontaine dans le Savetier et le Financier, est la dénonciation des soucis qu'apporte la richesse), Lucius ou L'Âne (conte, à l'attribution discutée, où Lucius de Patras, transformé en âne par une sorcière, connaît de nombreuses mésaventures héroïco-comiques, et qui a inspiré Apulée dans ses Métamorphoses). Enfin, dans les Histoires vraies en deux volumes, un périple fantastique entraîne le héros dans la Lune, le ventre d'une baleine, l'île des Bienheureux, le pays des songes... : cette œuvre burlesque, qui parodie historiens, ethnographes et philosophes, a inspiré de nombreux voyages imaginaires, de Rabelais à Swift et à Voltaire.