Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Diego (Gerardo)

Poète espagnol (Santander 1896 – Madrid 1987).

Sa poésie, en restant fidèle aux formes classiques, passe de l'influence de Jiménez à celle de Huidobro et du creacionismo (Image, 1922 ; Manuel d'écumes, 1924). Góngora lui inspire sa Fable d'X et Z (1932). L'amour (Amour seul, 1958), la musique et les taureaux sont les thèmes dominants d'une œuvre toujours soucieuse d'expérimentations formelles (Poésie et création, 1974). Son anthologie de la poésie espagnole (1931) a fait date.

Dierx (Léon)

Poète français (la Réunion 1838 - Paris 1912).

Il vient tôt à Paris et publie Aspirations poétiques (1858), Poèmes et poésies (1864), les Lèvres closes (1867). Ses Poésies complètes connaissent plusieurs éditions jusqu'en 1896. Il admire Leconte de Lisle, mais sa poésie ne semble pas en avoir la force « barbare » même si elle en subit l'influence quelque peu paralysante. De fait, ses textes réécrivent des œuvres connues du maître ou de Hugo. Il reprend des textes d'écrivains français et des mètres existants plus qu'il n'innove. On retient sa thématique de l'étrangeté, qui n'a rien d'exotique, et ses vues sur le heurt des civilisations. Pris isolément, certains vers brillent d'un éclat très fort. Les Amants (1879) sont marqués par la « décadence ». Dierx succède à Mallarmé comme « Prince des poètes ».

Digénis Akritas

Épopée byzantine.

Ce long poème en vers de quinze syllabes conte les aventures de Basile Digénis Akritas, l'homme à la double origine, né d'une princesse byzantine et d'un émir arabe converti. Datant du XIe siècle, ce roman héroïque n'est connu que par des versions plus tardives (XIIIe-XVe s.), en langue populaire et en langue savante. Issu à la fois de la tradition orale et du roman antique, il tient de l'épopée par le récit des exploits du héros, et du roman de chevalerie par la place que l'amour y occupe.

Dihlawi (Chah Ahmad Wali Allah ibn Abd al-Rahim al-)

Savant musulman indien (Delhi 1703 – id. 1762).

Soufi de l'ordre Naqchabendi, après quelques années à La Mecque, il enseigna à Delhi, et combattit, au nom du sunnisme orthodoxe, le chi'isme et l'hindouisme. Il traduisit le Coran en persan. Dans l'Argument décisif de Dieu, écrit en arabe, le comparatiste trouve d'étonnantes échappées à la Rousseau et à la Montesquieu.

Dik Al-Djinn Al-Himsi (Abd al-Salam ibn Raghban)

Poète arabe (Homs 777 – v. 850).

Né et mort en Syrie, il mena une vie passablement libre qui lui valut son sobriquet de « Coq des djinns ». Délaissé par la critique de l'époque, il reste intéressant pour ses compositions sur son pays natal.

Diktonius (Elmer)

Écrivain et compositeur finlandais (Helsinki 1896 – id. 1961).

Il écrivit aussi bien en finnois qu'en suédois. Il abandonna la musique pour devenir la personnalité majeure de la poésie moderniste qu'il lança avec Mon poème (1921) et Chansons dures (1922). Son lyrisme marqué, sous l'influence de son ami Kuusinen, par les idées marxistes, le rapproche des expressionnistes allemands, mais il subit également les influences des dadaïstes et des poètes américains qu'il a traduits (Houille, 1927 ; Fort mais sombre, 1930 ; Herbe et Granit, 1936).

Dilov (Ljuben)

Écrivain bulgare (Cerven Brjag 1927).

Il est le représentant le plus éminent de la littérature fantastique en Bulgarie. S'intéressant à la problématique soulevée par la révolution scientifique et technique du XXe siècle, à travers l'éclairage pénétrant du dynamisme de l'homme contemporain et de ses liens avec le cosmos, il analyse de multiples aspects d'ordre psychologique et sociologique (Impressions d'une planète, 1990). L'essai prend un réel essor avec lui, et son recueil Réincarnation (1993), par l'humour et la satire, relate le lent cheminement vers le renouveau national, seul gage de sortie, à ses yeux, du marasme postcommuniste.

Dimaras (Constantin, T.)

Critique et historien grec (Athènes 1904 – ?).

Spécialiste de l'« Aufklärung » grecque, auteur d'une monumentale Histoire de la littérature grecque moderne (1948), sans cesse remise à jour, il pratique une méthode critique alliant la rigueur de l'érudition à l'ouverture d'un esprit comparatiste.

Dimitrova (Blaga)

Femme de lettres bulgare (Bjala Slatina, près de Pleven, 1922-Sofia 2003).

Ses poèmes (En plein air, 1956 ; le Monde dans le creux de la main, 1962 ; Temps à rebours, 1966 ; Condamnés à l'amour, 1967 ; Moments, 1968 ; Nom, 1971 ; Comment, 1974 ; Espaces, 1980) et ses romans, marqués par ses voyages (Voyage en moi-même, 1965 ; Déviation, 1967 ; Avalanche, 1971), et tout particulièrement par le Viêt Nam (Ciel souterrain, 1972), évoquent les problèmes du monde actuel à travers une mise en scène originale du temps et comme des exemples de l'éternel élan de l'homme pour vaincre son destin.

Dimov (Dimitar)

Écrivain bulgare (Lovec 1909 – Bucarest 1966).

Il est l'auteur de drames et de romans, dont le plus célèbre (Tabac, 1951) est une analyse philosophique et morale de la décadence de la bourgeoisie. L'accent est fortement mis, dans son œuvre, sur l'aliénation de l'élite, à travers la dégradation de la personnalité par le mal (Âmes damnées, 1945).

Dimov (Leonid)

Poète roumain (Ismaïl, Ukraine, 1926 – Bucarest 1987).

Avec le prosateur Dumitru Tsepenag, il est le créateur de « l'onirisme », courant littéraire apparenté au surréalisme. Adoptant la vision baroque du « monde comme un rêve », il cultive la liberté totale de l'imagination et procure une grande expressivité au vocabulaire de la vie quotidienne. (7 poèmes, 1968 ; Livre de rêves, 1969 ; ABC poèmes, 1973 ; la Dialectique des âges, 1977 ; l'Éternel retour, 1982).

Ding Ling (Jiang Bingzhi, dite)

Romancière chinoise (1904 – 1986).

La plus célèbre romancière de l'époque moderne, membre du P.C.C. dès 1932, elle fut à la fois dissidente et orthodoxe. Militant trop tôt pour la libération de la femme, tant sociale que sexuelle (le Journal de Miss Sophie, 1928), elle paiera cette audace de longues années de persécutions. Rappelée à l'ordre par les Causeries de Mao à Yan'an (1942), elle devient réaliste socialiste de stricte obédience avec Le soleil brille sur la rivière Sanggan (1948, prix Staline 1951), qui a pour thème la réforme agraire. Victime de toutes les purges, elle est réhabilitée en 1979 et redevient personnage officiel.