Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
L

Lichtenberg (Georg Christoph)

Physicien et écrivain allemand  (Oberramstadt 1742 – Göttingen 1799).

Fils de pasteur, il séjourna à deux reprises en Angleterre (1769 et 1774-1775) et fut professeur de mathématiques et de physique à l'université de Göttingen. Il a fondé, avec Georg Forster, une revue savante, le Göttingisches Magazin der Wissenschaften und Literatur (1780). Adversaire résolu de l'irrationalisme, il a fait une satire élégante du mysticisme et de la sensiblerie, des excès du Sturm und Drang et des théories physiognomoniques de Lavater. Cependant, son œuvre maîtresse, les onze cahiers de notes aphoristiques, appelés les Livres-brouillards, rédigées tout au long de sa vie et non destinées à la publication, révèle une pensée délibérément non systématique – fort prisée par F. Schlegel, Breton, Freud et Wittgenstein. À côté de la satire politique, on y trouve des observations psychologiques minutieuses fondées sur une introspection sans complaisance, et de nombreuses vues sur la religion, le langage et le rêve.

Lidman (Sara)

Femme de lettres suédoise (Jörn, Västerbotten, 1923 – Umeå 2004).

La Vallée au goudron (1953), le Pays des fausses mûres (1955), écrits dans une langue mêlée d'expressions dialectales, décrivent les populations du Grand Nord suédois. Le drame Aïna (1956) ou le roman le Sceptre de la pluie (1958) sont de vibrants plaidoyers pour les laissés-pour-compte de la société moderne. De même qu'un voyage en Afrique du Sud donne une tournure violemment engagée à Moi et mon fils (1961), un séjour au Viêt-nam nourrit l'indignation des Oiseaux de Nam Dinh (1973). Son chef-d'œuvre, la Mine (1968), présente le monde du travail à travers les mineurs du Norrland.

Lie (Jonas)

Écrivain norvégien (Eiker 1833 – Stavern 1908).

Ses contemporains, Ibsen et son ami Bjørnson, étaient déjà célèbres lorsqu'il publia son premier roman le Visionnaire (1870), par lequel il se présenta comme peintre du nord de la Norvège. Le Pilote et sa femme (1874) l'établit plutôt comme le romancier du couple, mais lui vaut un autre auditoire ; revenant à la mer avec Rutland (1880), renouant avec une écriture plus proche de Dickens, il retrouva son premier public. En 1882, il se fixa à Paris, où il devait rester jusqu'en 1906. C'est là qu'il écrivit, sous l'influence de l'Assommoir de Zola, le Galérien (1883). Dans les contes de Trold I et II (1891-1892), il retrouve le monde des superstitions populaires qui était à la source de son premier roman. Il mêle la description du milieu naturel à l'analyse des forces profondes qui sous-tendent notre action. Les derniers textes témoignent des révoltes et des interrogations du temps, tel Niobé (1893), qui évoque la bohème artiste.

Liebrecht (Savyon)

Écrivain israélienne (Munich 1948).

Fille des survivants de la Shoah, habitant à Tel-Aviv, elle fait partie de la nouvelle génération de femmes écrivains, typique de la littérature israélienne contemporaine. Elle commença par publier des nouvelles (Pommes du désert, 1986, Chevaux sur l'autoroute, 1988 ; Il faudrait une fin pour une histoire d'amour, 1995) avant d'écrire un roman (Homme, femme et homme, 1998) et une série de longues nouvelles (Femmes d'un catalogue, 2000). C'est l'image de la femme dans la société actuelle qui est au centre de son écriture.

Ligne (Charles-Joseph, prince de)

Écrivain belge de langue française (Bruxelles 1735 – Vienne 1814).

Appartenant à l'une des plus anciennes familles du Hainaut, il fut appelé à la cour de Vienne. Dans son œuvre cosmopolite s'insèrent, sans ordre apparent, dépêches, mémoires, instantanés, portraits, brouillons, considérations de stratégie militaire et amoureuse, traité d'horticulture comparée : près de 40 volumes (Mélanges militaires, littéraires et sentimentaires, 1795-1811). Sa correspondance avec Joseph II, Catherine de Russie, Casanova, Laharpe, Voltaire, révèle son esprit. Travaillé par une inquiétude et une excitation continuelles, son écriture mélange tons et genres, à l'image d'un homme dont le cœur était « pour l'irrégulier » .

Ligue de Gauche (ou Ligue des écrivains de gauche)

Organisation fondée à Shanghai en mars 1930 sous les auspices du P.C.C., avec pour objectifs de former les écrivains à la théorie littéraire marxiste, à la « culture mondiale », et de les inciter à créer des œuvres propageant les idéaux révolutionnaires. Pour ce faire, la Ligue, comprenant une cinquantaine de membres (Lu Xun, Guo Moruo, Yu Dafu, Ding Ling, Mao Dun), édite de nouvelles revues. En février 1931, le Guomindang exécute cinq de ses membres (Rou Shi). En 1936, elle rejoint le « Front uni des écrivains pour la lutte antijaponaise ».

Liiv (Juhan)

Écrivain estonien (Riidma 1864 – Koosa 1913).

Fils de paysans pauvres, il évoqua dans ses récits réalistes et ses miniatures en prose (Dix Histoires, 1893 ; l'Ombre, 1894) le petit peuple des campagnes et sa condition humiliée. Sa poésie, d'une exceptionnelle musicalité, associe l'émotion devant la nature natale au double tragique du destin national et d'une existence difficile assombrie par la folie (Poésies, 1909). Elle fait de lui le premier poète maudit estonien.

Liking (Werewere)

Écrivain camerounais (Makak 1950).

Peintre, musicienne, comédienne, cinéaste, elle a publié une quinzaine de livres de genres métissés et d'une écriture très originale. Ainsi Elle sera de jaspe et de corail (1984), sous-titré Journal d'une misovire, est un « chant-roman » à tonalité très féministe. L'amour-cent-vies (1988) revisite l'histoire et l'épopée de façon très poétique et très personnelle. Werewere Liking vit à Abidjan, où elle dirige le Ki-Yi M'Bock, communauté et centre de formation et de création artistique dont les productions théâtrales sont invitées partout dans le monde.

Lilar (Suzanne)

Femme de lettres belge de langue française (Gand 1901 – Bruxelles 1992).

Après avoir fait jouer à Paris trois pièces qui eurent un certain retentissement (le Burlador, 1945 ; Tous les chemins mènent au ciel, 1947 ; le Roi lépreux, 1947), elle publia deux romans, la Confession anonyme (1954), où l'amour et le cérémonial érotique occupent une place centrale, et le Divertissement portugais (1960). Essayiste, elle a plaidé en faveur de l'amour-passion et du sacré dans l'amour (le Malentendu du deuxième sexe, 1969 ; le Couple, 1970), médité sur le champ poétique de l'analogie et sur la coïncidence des contraires (le Journal de l'analogiste, 1969) et raconté son enfance flamande et sa vocation (Une enfance gantoise, 1976).