Krolow (Karl)
Poète allemand (Hanovre 1915 – Darmstadt 1999).
Son lyrisme, d'abord marqué par une conception magique de la nature (Gedichte, 1948), puis par le surréalisme et la poésie romane (la Barque imagination, 1957), fixe avec virtuosité une réalité inquiétante (Corps étrangers, 1959; Mains invisibles, 1962 ; Paysages pour moi, 1966), et se mêle d'ironie et de résignation, pour devenir de plus en plus laconique (Poèmes de tous les jours, 1968). Dans ses derniers recueils le ton se fait plus sarcastique (Pour cause de simplicité, 1977 ; Mortel, 1980), tandis qu'une grande place est faite au lyrisme amoureux (Entre zéro et l'infini, 1982).
Kronauer (Brigitte)
Écrivain allemand (Essen 1940).
Comparée à Proust ou à Woolf pour sa précision et son ironie dès Madame Mühlebeck dans la coquille (1980), elle se revendique du Nouveau Roman et de R. Walser. Tous ses récits sont articulés autour d'un incident ontologique qui transfigure le réel (le Tireur au sol monté, 1986 ; la Femme dans les coussins, 1990). Son roman de formation au féminin Rita Münster (1983) relate l'irruption de l'amour dans la vie d'une impitoyable observatrice du monde, esquissant une idée du bonheur ; Pont-au-diable (2000) développe une réflexion sur l'érotique de la perception. Elle publie aussi essais, poésie et nouvelles.
Kropyvnytskyï (Marko)
Auteur dramatique ukrainien (Bejbaïraki 1840 – Kharkiv 1910).
Son œuvre dramatique est un véritable miroir des mœurs ukrainiennes, qui nous offre un tableau complet de la vie paysanne (Trop tard, 1882 ; le Requin ou l'araignée, 1882). Sa production dramatique comporte plus de 40 pièces : mélodrames, comédies, opérettes comiques et quelques adaptations, notamment Viï, comédie fantastique (1895), ou Un diplôme d'honneur perdu, opérette comique d'après Gogol (1897). Dans ses drames sociaux (Olessia, 1891), il se rattache au courant populiste. Il est le fondateur du premier théâtre professionnel en Ukraine (1882).
Kross (Jaan)
Écrivain estonien (Tallinn 1920 – ? 2007).
Débutant par une poésie intellectuelle (l'Enrichisseur de charbon, 1958) qui ouvre la voie au renouveau des années 1960, il écrit ensuite des récits et romans historiques, recréant l'atmosphère de Tallinn au XVIe s. (la Triple Peste, 4 vol., 1970-1980), faisant revivre de grandes figures du Réveil national (les Troisièmes Montagnes, 1975) ou des Estoniens célèbres (Quatre Monologues au sujet de saint Georges, 1970 ; l'Œil du grand Tout, 1987). Ses personnages incarnent différentes issues possibles au conflit entre intellectuel et pouvoir (le Fou du Tzar, 1978 ; le Départ du professeur Martens, 1984) ou entre l'idéal et la réalité, constituant ainsi une « typologie du compromis ». Il se penche ensuite sur les années 1930 et 1940 (les Gars de chez Wikman, 1988 ; la Vue retrouvée, 1988 ; le Vol immobile, 1998), puis dépeint l'Estonie post-soviétique (la Terre-du-vouloir, 2001).
Krudy (Gyula)
Romancier hongrois (Nyiregyháza 1878 – Budapest 1933).
Son œuvre, à l'écart des grands mouvements littéraires, témoigne d'un romantisme volontairement fantaisiste et passéiste. Son héros préféré, Szindbad, le marin au sourire las, erre dans l'infini du temps et de l'espace. Krudy écrit une prose sensuelle et musicale ; ses images, ses associations d'idées restent vagues comme si ses personnages vivaient un rêve perpétuel (la Jeunesse de Sindbad, 1912 ; la Diligence rouge, 1913 ; la Résurrection de Sindbad, 1916 ; le Temps où j'étais un jeune monsieur, 1930).
Krusenstjerna (Agnes von)
Romancière suédoise (Växjö 1894 – Stockholm 1940).
Elle trouva dans l'écriture un moyen de compensation et d'exorcisme ; inspirée par sa culture française, elle écrivit d'abord les trois volumes d'une autobiographie voilée (Tony, 1922– 1926) qui vaut pour la finesse psychologique, et pour l'audace des thèses sur l'éducation des filles. Dans les deux cycles des Demoiselles von Pahlen (1930-1935) et de Noblesse pauvre (inachevé, 1935-1938), elle aborde les problèmes de la sexualité et revendique une liberté totale pour l'écrivain.
Krylov (Ivan Andreïevitch)
Fabuliste russe (Moscou 1769 – Saint-Pétersbourg 1844).
Fils d'un officier sans ressources sorti du rang, il compensa son éducation sommaire par de nombreuses lectures. Il se consacra d'abord au journalisme, en se spécialisant dans les genres satiriques, et à l'écriture dramatique. Ses comédies (la Boutique de mode, l'École des filles, 1807) lui apportent la gloire. Traducteur de La Fontaine, il publie en 1809 un petit volume de Fables qui obtint un succès sans précédent, grâce à sa bonhomie railleuse, à sa verve et à son bon sens malicieux. Les neuf volumes qui suivirent jusqu'en 1841 n'ont rien de subversif : les fables prêchent le travail, l'honnêteté, la modération, les qualités ordinaires, mais leur ton de satire souriante, les tournures populaires et archaïques, les raccourcis et les épigrammes dégagent un esprit et une finesse typiquement russes et libérés de leur modèle français, au point que Krylov devint de son vivant un classique.
Kukrit Pramoj (M.R.W.)
Écrivain thaïlandais (Singburi 1911).
Ancien élève d'Oxford, homme politique, acteur, professeur d'université, ses récits de voyage (Scènes japonaises, 1962) et ses articles politiques à la « page 5 » du journal Siam Rat sont aussi connus que ses romans, Quatre règnes (1953), sur le monde de la cour de Rama V à Rama VIII, et Bambou rouge (1954), traduit en 16 langues, sur la rencontre du marxisme et du bouddhisme dans un village. Il a enrichi la langue thaï de nombreux néologismes devenus d'usage courant (Jocko, 1964).
Kulbak (Moïshe)
Écrivain de langue yiddish (Smorgon, Biélorussie, 1896 – Russie 1937).
Idole de la jeunesse juive de Vilnius, où il enseigna la littérature yiddish (1920-1928), il publia des poèmes (Chants et poèmes, Minsk, 1929), des drames (Jacob Frank, 1923), des récits (le Messie fils d'Éphraïm, 1924 ; Lundi, 1926) et un roman (les Zelminiens, 1931-1935). Installé en Union soviétique en 1928, il fut arrêté et fusillé pendant la vague de répressions de 1937.