Geeraerts (Jef)
Écrivain belge d'expression néerlandaise (Anvers 1930).
Fonctionnaire au Congo belge, il se révèle un maître du récit de voyage (l'Été indien, 1969), mais surtout un être déraciné et tourmenté par la décolonisation, dont il dénonce les espoirs déçus (Je ne suis qu'un nègre, 1962 ; Mitraille, 1963 ; l'Histoire de Matsombo, 1966), images de ses propres frustrations (Gangrène, 1968-1977). Il s'est aussi intéressé à la politique-fiction et au roman policier (Kodiak 58, 1979 ; Chasse, 1981 ; Drogues, 1983).
Geijer (Erik Gustaf)
Écrivain et musicien suédois (Ransäter 1783 – Stockholm 1847).
La grandeur de la Suède serait de retrouver les forces de son prestigieux passé : Geijer créa à cet effet l'Association gothique (1811), destinée à « faire revivre l'esprit de liberté des anciens Goths ». Il publia avec Afzelius des Chants populaires suédois (1814-1816) et s'attaqua à une monumentale Histoire du peuple suédois (1832-1836), où n'est plus relatée l'histoire des rois et de leurs batailles, mais celle du peuple.
Gellert (Christian Fürchtegott)
Écrivain allemand (Hainichen, Saxe, 1715 – Leipzig 1769).
Fils d'un pasteur de campagne, il se joint, après des études de théologie à Leipzig, au cercle de poètes réunis autour de Gottsched et de la revue rationaliste Divertissements de la raison et de l'esprit. C'est là qu'il publie ses Fables, qui prêchent au public bourgeois l'amour de l'humanité et une morale sentimentale : lorsque, en 1746-1748, elles paraissent en 3 volumes, elles font de Gellert l'auteur le plus influent de son temps en Allemagne. Le même moralisme sentimental imprègne ses pièces de théâtre (les Tendres Sœurs, 1747), son roman la Vie de la comtesse suédoise de G., paru sans nom d'auteur en 1746 et qui fit scandale.
Gelli (Giambattista)
Écrivain italien (Florence 1498 – id. 1563).
Sa conception d'une littérature accessible et utile à tous s'exprime dans les Caprices du tonnelier (1548), dialogue d'un tonnelier avec son âne, et dans la Circé (1549), dialogue entre Ulysse et ses compagnons transformés en animaux.
Gelsted (Otto)
Poète danois (Middelfart 1888 – Copenhague 1968).
Partagé entre une démarche classique (il traduisit Homère et Aristophane) et un goût pour le futurisme, il explore dans sa poésie des voies diverses. Ses convictions marxistes (Vers la clarté, 1931) le contraignent à l'exil pendant la guerre (Poèmes d'émigrant, 1945). Ses derniers recueils (la Mort dans la baignoire, 1955 ; Jamais le jour n'a été aussi clair, 1959 ; Poèmes d'une côte ensoleillée, 1961) composent une méditation sur la mort.
Gémiste Pléthon (Georges)
Philosophe byzantin (Constantinople v. 1355 – dans le Péloponnèse, v. 1450).
Platonicien intransigeant, il conçut le projet d'un état communautaire et polythéiste autour du centre intellectuel de Mistra et du despotat de Morée. Il fut un adversaire résolu d'Aristote et de la tradition romaine. Il fonda à Florence l'Académie platonicienne.
génération de 1870
S'étant affirmée dans le débat d'idée national lors de la « Question de Coimbra » (1865), la Génération de 1870 réunit des intellectuels, parmi lesquels Teófilo Braga, Antero de Quental, Ramalho Ortigão ou Eça de Queirós. Elle prit parti contre le romantisme d'un Castilho, et divulgua les œuvres de Flaubert puis de Zola, de Proudhon, de Darwin... Elle évolua en un désenchantement fin de siècle sous l'appellation des « Vaincus de la vie ».
génération de 1898
Nom donné en Espagne aux écrivains qui, dans les dernières années du XIXe et au tout début du XXe siècle, donnèrent des directions nouvelles à la thématique littéraire et aux recherches stylistiques dans le domaine du théâtre, de la poésie, de l'essai et du roman : Pío Baroja, Maeztu, Azorín, Unamuno, Valle-Inclán, A. Machado, Benavente, Ganivet, Blasco-Ibáñez. Ce nom leur fut donné en 1913 par Azorín, mais il fut et demeure, sans doute par manque d'homogénéité, très controversé.
génération de 1927
Cette expression (ou « génération de 1925 ») désigne les écrivains qui, dans les années 1920, ont illustré les lettres espagnoles, la prose (J. Bergamín) mais surtout la poésie (Lorca, Alberti, G. Diego, Cernuda, M. Altolaguirre, D. Alonso, F. Villalón, J. Guillén, E. Prados, V. Aleixandre). Ils cultivèrent le romance et, vers 1928-1929, les formes poétiques les plus sophistiquées, puis furent sensibles aux idées du surréalisme. 1927 marque le tricentenaire de Góngora, considéré comme un maître.
génération de 1945
C'est ainsi que l'on désigne habituellement le troisième moment du modernisme brésilien. Cette phase se caractérise par une remise en valeur du mot, la création de nouvelles images, la modification des rythmes et la recherche d'autres solutions formelles que celles qui remontent aux années 1922 (iconoclasme anthropophagique) et 1930 (régionalisme). Les poètes de cette génération appartiennent à des courants esthétiques variés qui allient rigueur formelle et universalisme, de l'hermétisme à l'intérêt pour les thèmes politiques et sociaux (Geir Campos, Ledo Ivo, Silva Ramos, João Cabral de Melo Neto) et aux expériences de « poésie concrète » (Augusto et Haroldo de Campos, Décio Pignatari), de « poésie-praxis » (Mário Chamie) et de « poème-procès » (W. Dias Pino). Le genre romanesque prend un nouvel essor à travers une dislocation de la syntaxe traditionnelle et une démarche introspective (Guimarães Rosa, Clarisse Lispector, Dalton Trevisan, Autran Dourado).
génération perdue
Forgée par Gertrude Stein, reprise par Hemingway (en exergue à Le soleil se lève aussi en 1926), l'expression désigne les écrivains américains qui ont participé à la Première Guerre mondiale en France (ambulanciers, conscrits) ou vécu les conséquences de l'après-guerre aux États-Unis. Pessimiste, cette génération se caractérise par le sentiment de vivre une triple rupture historique : réforme de l'idéalisme américain, bouleversement économique de la nation, rupture entre écriture et réel. Le désenchantement produit des portraits de jeunes gens en quête de force morale qui leur permettrait de dire la totalité du réel. Cette génération a ses figures exemplaires (Hemingway, Dos Passos, Fitzgerald, Thomas Wolfe), ses thèmes (l'alcool, l'héroïsme, la chute de l'Amérique, le « rêve américain »), ses fuites (l'exil à Paris, les chasses en Afrique, les nuits de Greenwich Village, les fêtes de Long Island, les rythmes du jazz). La génération perdue écrit sous l'ombre de T. S. Eliot, dans l'obsession de la « terre gaste ».