Fail (Noël du)
Écrivain français (Château-Letard v. 1520 – Rennes 1591).
Ses œuvres ont toutes une même structure fondamentale : elles constituent des « mélanges dialogués » qui entremêlent librement dialogues, anecdotes, tableaux de mœurs et réflexions sur les sujets les plus divers, sur fond de vie rurale bretonne. Ce cadre paysan est aussi celui des Propos rustiques (1547). Dans une veine typiquement rabelaisienne, ces conversations entre vieillards de la campagne laisse percer une « philosophie » : l'éloge de la vie rustique. Les Baliverneries ou Contes nouveaux d'Eutrapel (1548) sont d'une composition beaucoup plus décousue. Les protagonistes des dialogues transposent, semble-t-il, un personnage réel : Eutrapel, buveur joyeux et goguenard (Noël du Fail lui-même), Polygame, homme plein d'onction et de sagesse (François, frère aîné de Du Fail), et Lupolde, « rêveur rassoté » et avocat retors (Colin Briand, ancien précepteur de Du Fail). Ces trois devisants réapparaissent dans les Contes et Discours d'Eutrapel (1585), où s'entremêlent chapitres narratifs et chapitres didactiques. La peinture de la vie sociale, le plus souvent satirique, s'étend ici à presque toutes les classes de la société et la réflexion sur les problèmes du temps va jusqu'à l'ébauche d'un programme de réformes : réforme morale d'abord, par la prédication de l'Évangile ; réforme politique ensuite, passant par la restauration de la véritable noblesse dans son rôle de garant de l'ordre social tout entier.
Faits des Romains (les)
C'est l'une des plus anciennes compilations historiques en prose française (1214), relatant l'histoire romaine depuis la naissance de César jusqu'à sa mort, à partir des œuvres de César, Lucain, Suétone et de quelques extraits de Salluste. Rompant avec la tradition des histoires universelles, cette œuvre, dont le projet initial, inabouti, devait être une histoire d'ensemble des empereurs romains, s'attache à un moment clé de l'histoire romaine, le passage de la dictature à l'Empire. Elle a joué un rôle décisif dans la diffusion à l'usage des laïcs du passé romain, de l'image complexe de César et de celle de son rival, Pompée. En ornant la relation des faits grâce aux procédés repris à la chanson de geste et aux romans, l'auteur anonyme a jeté les fondements du récit historique en français. Si son œuvre n'a pas connu un succès immédiat, elle est devenue à la fin du Moyen Âge et jusqu'à la Renaissance un texte de référence, très largement diffusé.
Fajardie (Ronald Moreau, dit Frédéric H.)
Écrivain français (Paris 1947).
Fidèle à ses idées, Frédéric Fajardie, ancien de la Gauche prolétarienne, manie fort bien la subversion dans sa trentaine de romans (Tueurs de flics, 1979 ; Sniper, 1981 ; Des lendemains enchanteurs, 1986 ; Une charette pleine d'étoiles, 1988) et sa quinzaine de recueils de nouvelles. Il a également collaboré à divers scénarios (Parole de flic, 1985).
falacha (littérature)
Les Falachas, Juifs d'Éthiopie, sont très peu nombreux, car ils ont été systématiquement persécutés par le pouvoir pendant des siècles. Ils vivaient disséminés en petits groupes dans les provinces de l'Éthiopie centrale, notamment dans la région de Gondar. Ils utilisaient jadis un dialecte de l'agaw occidental, mais ils parlent tous aujourd'hui l'amharique et ne se distinguent pas, sauf sur le plan religieux, des autres habitants des hauts plateaux. Beaucoup d'entre eux avaient émigré en Israël après la révolution de 1974 et la communauté a connu un exode massif en 1984-1985. Ils ignoraient l'hébreu et ne connaissaient pas les traditions postbibliques (Talmud et Mishnah). Leur littérature est en langue guèze ; elle emprunte à celle de l'Éthiopie chrétienne ou puise aux mêmes sources qu'elle. L'influence a, d'ailleurs, pu être réciproque, car les liens entre le judaïsme et le christianisme éthiopien sont très forts. Mais il arrive que les textes falacha et chrétien d'un même ouvrage diffèrent considérablement. La version falacha se caractérise par l'emploi de la formule juive : « Que soit béni le Seigneur, Dieu d'Israël » à la place de l'invocation chrétienne à la Sainte Trinité et par la suppression des allusions aux saints et à l'Église. Outre les livres canoniques de l'Ancien Testament, les Falachas possèdent plusieurs apocryphes (Hénoch, Jubilés, Esdras IV) et d'autres textes communs avec les chrétiens, notamment le Gadla Abrehâm (récit de la mort d'Abraham et de sa vie dans l'autre monde, exaltant le bonheur des justes) et plusieurs livres d'inspiration apocalyptique, genre fort prisé en Éthiopie, comme le Livre des Anges, Baruch et l'Apocalypse de Gorgorios. Quelques ouvrages leur appartiennent en propre et peuvent être considérés comme des créations originales. C'est le cas notamment des Commandements du Sabbat (Te'zâza Sanbat), recueil des prescriptions relatives au sabbat, comprenant aussi des hymnes, des homélies et des légendes ; le sabbat y est représenté comme une créature céleste féminine, sorte d'ange. Les prières falacha conservent, mêlés au guèze, quelques mots ou fragments en agaw, qui comptent parmi les rares témoignages écrits de cette langue.
Faldbakken (Knut)
Écrivain norvégien (Oslo 1941).
Après des études de psychologie, et des débuts comme journaliste, il commença sa carrière littéraire en 1967 avec le roman l'Arc-en-ciel gris, puis se fit mieux connaître en 1969 avec la Maison de sa mère. La Séduction (1988), qui s'inspire du Pan de Knut Hamsun, analyse le « labyrinthe des passions », tel un jeu dramatique où l'on frôle la mort. Traduit en dix-huit langues, avec deux millions de volumes vendus à l'étranger, l'auteur connaît un réel succès commercial.
Falkberget (Johan)
Écrivain norvégien (Glåmos 1879 – Røros 1967).
Ayant lui-même travaillé à la mine de 7 à 27 ans, il choisit de décrire dans ses romans la vie des montagnards (Ours, 1903 ; Murmure de printemps, 1904) et des mineurs (Montagnes noires, 1907), tant à son époque (la Quatrième Nuit de veille, 1923) que dans un passé plus ou moins lointain (Eli Sjursdotter, 1913). Il use d'une langue symbolique, s'appuie sur une documentation minutieuse, évoque la peine des hommes en faisant se rejoindre la révolte sociale et l'idéal chrétien.