Machado (Dionélio Tubino)
Écrivain brésilien (Quaraí, Rio Grande do Sul, 1895 – São Paulo 1985).
Ce psychiatre doit sa renommée à un roman, Os ratos (l'Argent du laitier, 1935), où il reconstitue une journée de misères et de frustrations d'un petit fonctionnaire.
Machado (Manuel)
Écrivain espagnol (Séville 1874 – Madrid 1947).
Frère aîné d'Antonio Machado, avec lequel il collabora (pour son œuvre dramatique), il chercha dans sa poésie à faire la synthèse du modernisme et du symbolisme (Âme, 1900 ; Caprices, 1905), tout en ramenant sans cesse une inspiration vagabonde et sensuelle (Ars moriendi, 1921 ; Phoenix, 1936) à la terre d'Andalousie (Chant profond, 1912 ; Séville et autres poèmes, 1919 ; Horario, 1947).
Machado de Assis (Joaquim Maria)
Écrivain brésilien (Rio de Janeiro 1839 – id. 1908).
Fils d'un ouvrier noir, autodidacte, poète dès l'âge de 15 ans, il devient typographe à l'Imprimerie nationale, où il rencontre le romancier Manuel Antônio de Almeida, qui encourage ses débuts. Collaborateur, dès 1858, de nombreuses revues et journaux, il épouse en 1869 une Portugaise, Carolina de Novais, qui l'orientera vers les classiques portugais, espagnols et anglais. Fonctionnaire dans différents ministères, personnage discret (il souffrait d'épilepsie), il n'en fut pas moins à la fin de sa vie le personnage majeur des lettres portugaises (cofondateur et premier président de l'Académie brésilienne des lettres en 1897). Intégrant des influences multiples (Voltaire, Swift, Sterne ou Schopenhauer), ce peintre sceptique de la ville de Rio a connu une évolution continue : de la poésie (Chrysalides, 1864) et du théâtre à la chronique, au conte (Papiers divers, 1882, incluant « l'Aliéniste ») et au roman ; d'une critique ironique des mœurs à un pessimisme métaphysique. Ses récits, dans lesquels il se montre un maître du style indirect libre, inaugurent la double modernité de la langue et du roman portugais : Mémoires posthumes de Brás Cubas (1881), Quincas Borba (1891), Esaü et Jacob (1904), Mémorial d'Aires (1908) et, surtout, Dom Casmurro (1899), une histoire de jalousie où le narrateur joue avec perversité des multiples interprétations qu'un fait peut susciter.
Machar (Josef Svatopluk)
Écrivain tchèque (Kolín 1864 – Prague 1942).
C'est un poète nostalgique (Confiteor, 1887 ; Quatre Livres de sonnets, 1903), puis un observateur réaliste de la vie quotidienne et des problèmes sociaux (Tristium Vindobona, 1893 ; Ici auraient dû fleurir des roses, 1894). Opposé à l'école de Vrchlicky, critique à l'égard des mœurs politiques et littéraires de son temps (les Combattants de Dieu, 1897 ; Satiricon, 1904 ; Profils viennois, 1919), il a laissé un cycle de poèmes historiques (À travers la conscience des siècles, 1906-1926).
Machiavel (Nicolas) , en italien Niccolò Machiavelli
Homme politique et écrivain italien (Florence 1469 – id. 1527).
Il fut le témoin, dans sa jeunesse, des principaux bouleversements politiques qui allaient livrer l'Italie à la domination étrangère, et dont toute son œuvre ne cessera d'interroger les conséquences. Ses premiers écrits sont directement inspirés par son activité politique et diplomatique, qui commence en 1498 avec la charge de secrétaire de la seconde chancellerie, puis de la chancellerie des « Dieci di Libertà e Balia », dont dépendaient les affaires militaires et la diplomatie. Après diverses légations, il est envoyé en 1502 à Urbin auprès de César Borgia, dont les conquêtes et le génie politique seront longuement cités en exemple dans le Prince. La répression du complot tramé contre César Borgia à Senigallia lui inspire, en 1503, l'Exposé de la manière dont le duc de Valentinois a abattu Vitellozzo Vitelli ; Oliverotto da Fermo, monsieur Pagolo et le duc de Gravina Orsini. Après l'élection pontificale de Giuliano della Rovere (Jules II, 1503-1513), qui met un point final à l'aventure politique de Borgia, il place tous ses espoirs en Piero Soderini, élu en 1502 gonfalonier de Florence à vie et dont il est le confident et le bras droit. Dès lors, son activité se partage entre des missions diplomatiques, en France (Rapport sur les choses de la France, 1510) et en Allemagne (Rapport sur les choses d'Allemagne, 1512), et la création, à Florence, d'une armée autonome et non mercenaire, l'« Ordinanza fiorentina », dont la chancellerie du commandement lui est confiée en 1506. Exilé au retour des Médicis, en 1512, Machiavel se retire dans sa petite propriété de Sant'Andrea in Percussina, près de San Casciano, où il écrit le Prince (en 1513, mais publié en 1532), et amorce la rédaction des Discours sur la première décade de Tite-Live (1513-1521). Le Prince est sans doute l'œuvre qui a imposé Machiavel comme un théoricien de la politique incontournable depuis le XVIe s. jusqu'à aujourd'hui. Il est dédié à Laurent II de Médicis (petit-fils de Laurent le Magnifique) pour l'exhorter à prendre la tête de la résistance italienne contre l'envahisseur étranger, français ou espagnol. Le Prince se propose moins de justifier théoriquement l'idée monarchique que d'affronter conjointement la théorie et la praxis du principat, à partir d'une réflexion (esquissée dans les 18 premiers livres des Discours sur la première décade de Tite-Live) sur l'impossibilité d'une restauration républicaine dans la conjoncture italienne du début du XVIe s. Il s'agit d'une conjoncture proprement révolutionnaire, par son caractère même de crise, exigeant l'instauration de nouvelles structures étatiques, autrement dit d'un nouveau principat, ayant son fondement dans la virtù du prince (dont le « portrait-robot », qui évoque César Borgia, est brossé dans les chapitres 15 à 23). Par virtù, Machiavel désigne le concept même de politique, qui consiste aussi bien dans l'art d'acquérir un État que dans celui, autrement périlleux, de s'y maintenir. Toutefois, cet effort pour regagner la faveur des Médicis, qui avait échoué auprès du dédicataire du Prince, Laurent II, aboutit en partie à la mort de celui-ci : sur la requête de Léon X (Jean de Médicis), il écrit en 1519 le Discours sur les choses de Florence après la mort de Laurent, puis entreprend l'Histoire de Florence, 1525 (sur l'histoire de la ville des origines à la mort de Laurent le Magnifique en 1492), à la demande du cardinal Jules de Médicis, le futur pape Clément VII. Ce retour en grâce, scellé par la représentation de la Mandragore (1520) et de la Clizia (1525), lui vaudra son dernier discrédit lors du rétablissement de la république en 1527, l'année du sac de Rome, peu de temps avant sa mort. Jusqu'au Prince inclus, la réflexion théorique de Machiavel, qui emprunte ses objets à l'histoire ou à l'actualité, est subordonnée à l'action politique. L'échec de son intervention auprès des Médicis, autrement dit l'échec « politique » du Prince, rejettera définitivement Machiavel de la politique vers l'histoire et la littérature. Les livres II et III des Discours, en particulier, tout en élaborant les principes d'une réforme politique à la dimension des grands États modernes, visent plutôt à fonder sur de nouvelles bases, au fil du commentaire de Tite-Live, l'histoire comme science, non sans plier souvent les faits à la violence créatrice d'une interprétation dont le scrupuleux Guichardin déplorait l'« inexactitude ». Et, si l'Histoire de Florence atteste encore abondamment l'engagement politique de Machiavel, son influence s'exercera surtout – et pour longtemps – dans le champ rhétorique du récit de l'histoire. Quant à l'œuvre proprement littéraire de Machiavel, elle se signale avant tout par la Mandragore, chef-d'œuvre du théâtre italien de la Renaissance. La trame est simple : pour obtenir un enfant, Messer Nicia, aussi riche que benêt, n'hésite pas à jeter sa femme dans les bras du premier venu, dupe qu'il est de la croyance que l'inconnu – en l'occurrence, l'amant éperdu de sa femme – en mourra, pourvu que celle-ci ait précédemment avalé une potion de mandragore. Cette géniale simplicité d'intrigue, la virulence du réalisme critique, l'exaltation de la « vérité » des sentiments et la séduction d'un langage qui a la verve d'un carnaval de l'intelligence ont déterminé le franc succès de cette pièce.