Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
A

Azorin (José Martínez Ruiz, dit)

Auteur dramatique, critique et essayiste espagnol (Monóvar 1873 – Madrid 1967).

Il fut l'un des maîtres de la « génération de 98 » (à laquelle il a donné ce nom). Remarquable styliste, précurseur du « roman sans personnage » à la manière du Nouveau Roman, il s'est efforcé de mettre à nu l'âme réelle de l'Espagne (Volonté, 1902 ; Confessions d'un petit philosophe, 1904 ; Castille, 1912 ; Lectures espagnoles, 1912 ; les Valeurs littéraires, 1914 ; En marge des classiques, 1915).

Azraqi (Abu al-Walid Muhammad al-)

Historien arabe (mort vers 858).

Il enregistra les faits consignés par son aïeul sur l'histoire de La Mecque, avant et après l'apparition de l'islam. L'ouvrage, un des premiers du genre, fournit d'intéressantes anecdotes.

aztèque (littérature)

Détruite par la conquête espagnole, la civilisation aztèque est l'une des plus brillantes de l'Amérique précolombienne, imposant sa suzeraineté sur la plus grande partie de la Méso-Amérique et donnant naissance à une littérature riche et originale, un des rares exemples de littérature écrite que l'Amérique indigène ait connu. Si tous les manuscrits ou codex précortésiens ont été détruits par les conquistadores, les traditions nahuatl furent heureusement retranscrites par quelques missionnaires et Indiens alphabétisés. L'écriture aztèque sous sa forme pictographique (une forme hybride entre le simple pictogramme, l'idéogramme et le phonogramme) n'est déchiffrée qu'en partie et de nombreux aspects de la pensée indienne ont été volontairement occultés au nom de scrupules religieux, moraux ou culturels. On peut néanmoins penser que la littérature orale ou écrite tenait une place importante dans la vie des Aztèques. Ces derniers recevaient une éducation rigoureuse ; les traditions mythiques ou historiques, les hymnes, chants et poèmes étaient étudiés et enseignés parfois mot à mot. L'ensemble de la littérature aztèque, quel que soit le genre considéré, est caractérisé par le recours à un langage très riche et très élaboré. Le nahuatl, langue polysynthétique et agglutinante, offre un éventail extrêmement varié de nuances, grâce à l'addition de préfixes et de suffixes à des mots-bases et grâce à des jeux d'association d'idées. Les critères européens distinguant la poésie de la prose ne s'adaptent que difficilement au contexte méso-amérindien, et l'on aurait tendance à considérer toute la production littéraire aztèque comme poétique, c'est-à-dire, selon le terme nahuatl lui-même, comme « parole fleurie ». La production littéraire aztèque peut être divisée en cinq grands genres principaux.

   D'abord les livres exposant les théories cosmogoniques et la mythologie, comme le « calendrier divinatoire » et certains codex (codex Chimalpopoca ou Vaticanus), qui content dans des versions parfois assez différentes les cinq créations successives du monde (les cinq soleils). Le codex de Cuauhtitlan expose dans un très long poème la vie mythico-historique de Quetzalcóatl, roi-prêtre de Tula et représentant sur terre du dieu du même nom.

   La chronique historique, sous forme d'annales plus ou moins succinctes, expose le déroulement de hauts faits historiques, consigne des généalogies, comme le Lienzo de Tlaxcala ou le codex Ramirez, par exemple. Sous une forme plus élaborée, elle narre les épisodes fondamentaux de l'histoire aztèque : l'Historia Chichimeca de Fernando de Alva Ixtlixóchitl, ou encore le codex Azcatitlán, contant la migration mythico-historique des Aztèques depuis leur origine fabuleuse d'Aztlán jusqu'à Mexico.

   Les hymnes religieux étaient chantés, accompagnés d'instruments à percussion.

   Les poèmes profanes destinés à célébrer les diverses circonstances de la vie, récités ou chantés, pouvaient faire l'objet de tournois poétiques. Angel Maria Garibay les a regroupés selon le genre auquel ils se rattachent : chant de guerre (« yaocuicatl ») ; chant des fleurs (« xochicuicatl »), etc. Nezahualcoyotl fut le poète le plus fameux.

   En dernier lieu, le discours, où l'on trouve exprimé l'idéal civique, moral ou philosophique de tout un peuple, qu'il s'agisse de simples proverbes ou conseils, ou des longs développements didactiques destinés à la formation morale des jeunes comme les « huehuetlatolli » (« discours des Anciens »).

Azuela (Mariano)

Écrivain mexicain (Lagos de Moreno 1873 – Mexico 1952).

Son premier roman (les Ratés, 1908) est une violente satire de la société provinciale mexicaine. En 1909, il se livre dans Mauvaise Herbe à une critique de l'exploitation, par les grands propriétaires terriens, du prolétariat rural, thème qui reparaît dans les Caciques (1917). Roman concis et rapide mettant pour la première fois en scène le « personnage-masse », Ceux d'en bas (1916) fait de lui le pionnier du roman de la révolution mexicaine. Dans Andrés Pérez, madériste (1911), Azuela avait brossé le portrait de l'opportuniste prêt à retourner sa veste au gré des mutations politiques. Autre roman de la révolution, les Mouches (1918), qui se déroule dans un train, ne contient ni action proprement dite, ni personnage principal : le héros est la foule. Après la Malhora (1923), où Azuela s'essaie à la description de la classe ouvrière urbaine, et la Perte (1925), vient une période où le style de l'écrivain est marqué par l'influence des avant-gardes contemporaines, notamment dans la Luciole (1932), roman de l'exode rural – période suivie d'un retour au naturalisme (le Camarade Pantoja, 1937 ; la Paroissienne, 1944 ; Sentiers perdus, 1949). Deux romans posthumes sont encore consacrés à la peinture critique de la société mexicaine : la Malédiction (1955) et Ce sang (1956). Azuela est également l'auteur d'un essai sur le genre romanesque dans son pays (Cent Ans de roman mexicain, 1947).

Azzam (Samira)

Romancière palestinienne (Saint-Jean-d'Acre 1927 – Beyrouth 1967).

Ses nouvelles (Petites Choses, 1953 ; la Grande Ombre, 1956 ; l'Heure et l'Homme, 1963) dénoncent les coutumes opprimantes et évoquent la résistance palestinienne.