Engonopoulos (Nikos)
Peintre et poète grec (Athènes 1910 – 1985).
Fidèle à l'esprit surréaliste, il est, en peinture, marqué par l'œuvre de Chirico, tandis qu'une partie de son œuvre poétique se veut provocante par le contraste délibéré entre la banalité ou l'insignifiance d'un sujet et la langue puriste dans laquelle il est traité. Dans Bolivar, un poème grec (1944), son chef-d'œuvre, il évoque, à partir de l'image du révolutionnaire latino-américain, divers héros grecs de la guerre d'indépendance comme de la guerre d'Albanie et de la résistance à l'occupant allemand, peignant le drame de la Grèce occupée avec une intensité que retrouveront rarement ses autres recueils.
énigme
Genre littéraire, en faveur du XVIe au XVIIIe siècle et défini successivement par Thomas Sebillet (Art poétique français, II, 1548), le P. Menestrier (la Philosophie des images énigmatiques, 1694) et Marmontel (Éléments de littérature, III, 1787) : il consiste à décrire un objet en termes volontairement obscurs et sous des aspects inattendus. Pièce de vers ou court texte de prose, l'énigme a été rapprochée du blason et des poèmes familiers et grivois des poètes médiévaux (les Scops) anglo-saxons. Le genre, qui a donné lieu à des recueils, comme celui qui est attribué à l'abbé Cotin (Recueil des énigmes de ce temps, 1655), a surtout été illustré par Bonaventure des Périers et Mellin de Saint-Gelais (Rabelais cite une de ses pièces au dernier chapitre de son Gargantua).
Ennius (Quintus)
Poète latin (Rudies, Calabre, 239 – Rome 169 av. J.-C.).
Auxiliaire de l'armée romaine et remarqué par Caton l'Ancien qui l'amena à Rome, il devint le protégé des Scipions. Bien que d'origine osque et grecque, il contribua à donner à Rome une littérature nationale et fut considéré comme le « père » de la poésie latine. Il ne reste que des fragments d'une œuvre qui rassemblait des tragédies à sujets grecs ou romains, des comédies, des satires, des poèmes didactiques, et surtout une épopée, les Annales : ces18 livres (il en reste 600 vers), qui embrassaient l'histoire de Rome des origines à Scipion, constituent le premier poème latin écrit en hexamètres à l'imitation d'Homère et resta la grande épopée nationale romaine jusqu'à l'Énéide.
Ennodius (saint) , en lat. Magnus Felix Ennodius
Poète latin (Arles v. 473 – Pavie 521).
Écrivain et conférencier à succès, il renonça aux lettres profanes à la suite d'une grave maladie et devint évêque de Pavie en 510. Auteur de Panégyriques et brillant épistolier, il écrivit aussi une Vie d'Épiphane et une Vie de saint Antoine, deux livres de Carmina très variés, les uns licencieux, d'autres d'inspiration chrétienne, ainsi qu'une intéressante autobiographie (Eucharistichum de vita sua).
Enquist (Per Olov)
Écrivain suédois (Hjoggböle 1934).
Il s'est intéressé au mythe de Strindberg dans sa pièce la Nuit des tribades (1976) – premier volet d'un triptyque qui rassemble, en 1981, Pour Fedra et la Vie des serpents de pluie. Il consacre ses romans à saisir, à travers une technique proche du collage, les grands mouvements mystérieux et les puissances occultes qui animent les foules, ainsi dans le Cinquième Hiver du magnétiseur (1964) à propos de Franz Mesmer. Avec Hess (1966), où il évoque les dirigeants nazis, il a rassemblé une documentation importante sur le départ de Rudolf Hess en Angleterre à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les Légionnaires (1968) décrivent le sort des soldats baltes qui fuyaient l'armée allemande ; une enquête minutieuse qui comporte une adresse à Mao Zedong, constat politique désabusé. Dans la Cathédrale olympique (1972), il peint le drame des jeux sanglants de Munich en 1972. La Bibliothèque du capitaine Nemo (1991), portant sur l'interversion de bébés dans une maternité, avait été annoncé comme son dernier roman, mais le silence a été rompu en 1999 avec le Médecin personnel du roi, sujet historique sur Christian VII, lié au thème de la liberté et de la décadence.
Enright (Dennis Joseph)
Écrivain anglais (Leamington 1920 – Londres 2002).
Présentateur d'une nouvelle génération poétique dans son anthologie Poets of the 50's (1955), il exprime dans ses recueils une compassion lucide, à travers le regard grave et ironique qu'il jette sur le réel (Du pain plutôt que des fleurs, 1956 ; Certains hommes sont frères, 1960 ; Dans ces circonstances, 1991 ; Vieillards et comètes, 1993). On lui doit aussi des essais (la Folie des phrases, 1983).
Enriquez Gomez (Antonio Enrique de Paz, dit)
Écrivain espagnol (Ségovie v. 1600 – Amsterdam 1660).
Fils d'un Juif portugais converti au catholicisme, poète précieux (les Académies morales des Muses, 1642), auteur de comédies à caractère historique (le Cardinal d'Albornoz) ou folklorique (La jalousie n'offense pas le soleil), de tonalité très caldéronienne, il composa une des dernières autobiographies picaresques de l'époque classique, visiblement influencée par Quevedo, le Siècle pythagorique ou la Vie de don Gregorio Guadaña (1644).
Enzensberger (Hans Magnus)
Écrivain allemand (Kaufbeuren 1929).
Dans la lignée de Heine et de Brecht, ses premiers poèmes s'inscrivent contre l'autosatisfaction amnésique de l'ère Adenauer (Poésies, 1966). Un même « souci d'alphabétisation politique » anime sa prose, qui s'en prend avec intelligence à l'évolution de nos sociétés modernes (Culture ou mise en condition ?, 1965 ; la Grande Migration, 1995). Brillant touche-à-tout, fondateur de la revue Kursbuch (1965), il est également traducteur et éditeur, auteur de « reportages idéologiques » (Europe, Europe !, 1987) et de manuels et de romans pour la jeunesse (le Démon des maths, 1998 ; les Sept Voyages de Pierre, 1999).
Eötvös (József, baron)
Homme politique et écrivain hongrois (Budapest 1813 – id. 1871).
Ministre de l'Instruction publique, l'un des fondateurs du roman hongrois, il témoigne encore d'une inspiration romantique dans le Chartreux (1839), avant d'adopter un ton réaliste dans le Notaire du village (1845), satire de la Hongrie féodale, et dans la Hongrie en 1514 (1847), qui évoque la révolte des paysans sous la conduite de György Dózsa.