Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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La Guma (Alex)

Écrivain sud-africain d'expression anglaise (Le Cap 1925 – La Havane 1985).

Fils de Jimmy La Guma, l'une des grandes figures de la résistance au système de l'apartheid en Afrique du Sud, il a grandi dans un climat de lutte permanente contre l'oppression raciale et a été lui-même l'un des responsables du « Coloured People's Congress ». Ses activités politiques, jointes à sa collaboration au journal progressiste New Age, lui vaudront à maintes reprises d'être arrêté, emprisonné ou astreint à résidence. Depuis 1966, il vit en exil à Londres. Auteur de romans, Nuit d'errance (1962, 1984), qui évoquent la vie dans les ghettos noirs des faubourgs populaires du Cap, le Pays de Pierre (1967), en grande partie consacré à son expérience carcérale, Dans le brouillard de la fin de saison (1972) et l'Oiseau meurtrier (1979, 1986), respectivement consacrés à la résistance des Noirs à l'apartheid et aux déplacements de populations tribales imposés par le gouvernement sud-africain, il a aussi publié des nouvelles dans de nombreux magazines.

La Harpe (Jean François Delharpe ou Delaharpe, dit de)

Écrivain français (Paris 1739 – id. 1803).

Auteur de tragédies (le Comte de Warwick, 1764 ; les Barmécides, 1778 ; Jeanne de Naples, 1783), protégé par Voltaire, il se lança dans la critique et dans la polémique en faveur des philosophes. En 1786, il ouvrit un « lycée » où il enseigna la littérature au public mondain. Après la Révolution, il renia brutalement toutes ses convictions encyclopédistes et se convertit. Il ne resta fidèle qu'à l'esthétique classique et attaqua les Lumières et la Révolution (Du fanatisme dans la langue révolutionnaire ou De la persécution suscitée par les Barbares du dix-huitième siècle contre la religion chrétienne et ses ministres, 1797) et rassembla ses notes de cours et ses critiques en une vaste compilation (le Lycée ou Cours de littérature ancienne et moderne, 1799-1805) qui s'imposa rapidement comme une œuvre de référence : ce monument du goût classique le plus étroit fut couronné par l'Institut. Une première partie traite de la littérature grecque et latine et se divise en trois livres (Poésie, Éloquence, Histoire et philosophie). L'auteur saute ensuite tout le Moyen Âge et la Renaissance pour étudier le siècle de Louis XIV puis le XVIIIe s. selon le même plan hiérarchique, qui donne la première place à la poésie et s'occupe ensuite des genres en prose. Ce vaste panorama critique se caractérise par son attachement aux valeurs classiques, ainsi que par son caractère bien-pensant et moralisant.

La Hire (Adolphe d'Espie de La Hire, dit Jean de)

Écrivain français (Banyuls-sur-mer 1878 – Nice 1956).

Son premier roman, la Chair et l'esprit (1898), le pose en élève de Zola. Mais il s'orienta vers le roman populaire après le succès de la Roue fulgurante (1908). À côté de séries hebdomadaires comme les Trois Boy-Scouts (1913-1914), il multiplia les pseudonymes et pratiqua divers genres : science-fiction, aventures, roman policier ou sentimental. En 1939, sous le nom d'Edmond Cazal, paraît la Guerre... la Guerre... (5 vol.), anticipant de peu sur la réalité. Adoptant l'idéologie pétainiste en 1940, La Hire mit sa plume au service de la collaboration. Dans les années 1950, il écrivit encore des romans, dont le Grand Secret de D'Artagnan (1955).

La Marche (Olivier de)

Écrivain de la cour de Bourgogne (vers 1425-1502).

Il exerça diverses fonctions, notamment diplomatiques et militaires. Il fut poète (Chevalier délibéré, Parement et triomphe des dames) et, surtout, chroniqueur par ses Mémoires à la gloire de la cour de Bourgogne (1435-1488).

La Ménardière (Hippolyte-Jules Pilet de)

Médecin et écrivain français (Le Loroux-Bottereau, près de Nantes, 1610 – Paris 1663).

Son Traité de la mélancolie (1635), sur l'affaire des possédées de Loudun, attira l'attention de Richelieu, qui lui fit rédiger sur le théâtre une Poétique (1640), intéressante, mais où il eut le tort de donner en exemple sa propre tragédie (Alinde, 1643). Il publia également un Raisonnement sur la nature des esprits qui servent au sentiment (1638).

La Mettrie (Julien Offray de)

Philosophe et écrivain français (Saint-Malo 1709 – Berlin 1751).

Il choisit la médecine et suit aux Pays-Bas les cours de Boerhaave. L'Histoire naturelle de l'âme (1745) déchaîne des critiques, tout comme l'Homme-machine (1747). Il est invité par Frédéric II à Berlin, où il rédige l'Homme-plante (1748), l'Anti-Sénèque ou Discours sur le bonheur (1748), le Système d'Épicure (1750) et l'Art de jouir (1751). Il mêle mécanisme cartésien et empirisme anglais, mais il a contre lui les antiphilosophes pour son matérialisme et les philosophes pour son immoralisme.

La Morlière (Jacques de La Rochette de)

Écrivain français (Grenoble 1719 – Paris 1785).

Cet aventurier se fit connaître par un roman libertin (Angola, histoire indienne, 1746), associant féerie et satire d'actualité. Chef de cabale au Français et aux Italiens, il ne put éviter l'échec de ses propres comédies (le Gouverneur, 1751 ; la Créole, 1754).

La Mothe Le Vayer (François de)

Écrivain et philosophe français (1588 – 1672).

Philosophe libertin, La Mothe le Vayer fut un membre assidu de l'Académie putéane ; il débuta par deux ouvrages, les Quatre (1630) puis les Cinq Dialogues faits à l'imitation des Anciens (1631), écrits sous le pseudonyme d'Orasius Tubero, qui visaient, dans une intention nettement irreligieuse, à élaborer une « sceptique chrétienne ». Il attaqua le jansénisme naissant dans la Vertu des païens (1641), non sans avoir, de manière très ironique pour qui sait lire entre les lignes, renié certaines propositions de ses Dialogues dans un Petit Discours chrétien de l'immortalité de l'âme (1637). Auteur d'un Hexameron rustique (1671) qui fut imédiatement mis à l'Index, il fait partie de la Tétrade, cette réunion d'amis « déniaisés » – Diodati, Gassendi et Naudé –, qui oscillent entre un épicurisme athée et un scepticisme achriste, reniant la figure du Christ médiateur. Critiquant Vaugelas et les puristes (Considérations sur l'éloquence française de ce temps, 1637), il devint précepteur du Dauphin, historiographe de France et conseiller d'État. Mais les Petits Traités en forme de lettres (1648-1660), les Soliloques sceptiques (1670) le montrent fidèle au pyrrhonisme.