Ourliac (Édouard)
Écrivain français (Carcassonne 1813 – Paris 1848).
Boute-en-train de la bohème fantaisiste, chroniqueur, auteur de romans lestes, Ourliac conquit, avec Suzanne (1840), l'estime de Balzac, qui accorda au roman une critique louangeuse dans la Revue parisienne. Il retrouva la foi à la lecture de Bonald et de Maistre, se lia d'amitié avec Veuillot et collabora à l'Univers. « Retournant l'ironie de Candide contre la philosophie de Voltaire » (Balzac), il devint un des espoirs de l'école littéraire catholique, avant de mourir à 35 ans.
Ouspenski (Gleb Ivanovitch)
Écrivain russe (Toula 1843 – Strelna, gouvern. de Saint-Pétersbourg, 1902).
Il dut abandonner ses études à l'université de Moscou pour gagner sa vie, et son premier recueil de nouvelles (les Mœurs de la rue Rasteriaïev, 1866), qui dépeint la misère des petites villes, lui valut la notoriété. Après avoir publié la Ruine (1869-1871), ensemble de récits bâtis autour de la figure d'un prolétaire, il fit des séjours à l'étranger, où il put observer la montée du capitalisme. Figure représentative de l'intellectuel russe, qu'un grand élan pousse vers le peuple, il s'éloigne cependant du populisme dont les présupposés lui paraissent illusoires au regard de son observation de la vie et de l'évolution des campagnes russes. Il dépeint le monde rural dans une série d'études mi-romanesques mi-ethnographiques, le Paysan et le travail du paysan (1880), mais surtout la Puissance de la terre (1882), qui connut, en dépit de son didactisme, un extraordinaire retentissement et où il constate la faillite d'un communisme idéal.
Ouville (Antoine Le Metel d')
Écrivain français (Caen v. 1590 – Paris 1657).
Il contribua à l'influence de la littérature espagnole en France, à la fois par des traductions de nouvelles (la Fouine de Séville, 1642 ; Nouvelles héroïques et amoureuses, 1657) et par l'adaptation de nombreuses pièces (l'Esprit follet, 1642, adaptée de Calderón) ; il lança, en même temps que Scarron, le personnage de Jodelet (Jodelet astrologue, 1646). Il a également laissé des Contes aux heures perdues (1644).
Ouzbékistan
Si l'Ouzbékistan possède un antique patrimoine oral – chansons, contes, anecdotes satiriques ou latifas, dastans romanesques et épiques (Alpamych, Gorogly) –, c'est seulement à l'époque karakhanide (XIe-XIIe s.) qu'apparaît l'embryon d'une littérature turque d'Asie centrale : poésie didactique de Iousouf Balassagouni (XIe s.) et d'Ahmad Iougnaki (XIIe s.). Au XIVe s., la fondation de l'empire timouride s'accompagne, autour des capitales Samarkand et Hérat, d'un âge d'or qu'illustrent les poètes Dourbek, Loutfi (1367-1465) et que domine l'œuvre d'Ali Sçir Nevaî (1441-1501). Si, au XVIe s., la poésie épique et lyrique (M. Salikh, Madjlissi) brille encore d'un grand éclat autour du conquérant-poète Baber (1483-1530), les guerres féodales des XVIIe-XVIIIe s. amènent un éclatement de la vie culturelle autour des centres de Ferghana, Khorezm, Boukhara, Khiva. C'est à la veille de la conquête russe (milieu XIXe s.) qu'émergent dans la poésie des tendances modernes (Mounis Khorezmi, 1778-1829 ; Ogakhi, 1809-1874 ; Goulkhani, Makhmour), puis que se constitue une intelligentsia (Moukimi, 1851-1903 ; Fourkat, 1858-1909 ; Zavki, Avaz Otar) que tente parfois le nationalisme djadidiste. La révolution rallie un noyau d'écrivains démocrates (le poète Khamza, le Tadjik Aïni) qui seront les pères d'une littérature ouzbèke d'U.R.S.S., graduellement orientée vers les thèmes soviétiques, l'esthétique réaliste-socialiste, les genres européens : poésie (G. Gouliam, Alimdjan, Cheïkhzade, Mirtemir, Zoulfia) ; théâtre (K. Iachen, B. Rakhmanov, Ouïgoun) ; roman (Aïbek, Aïdyne, A. Kadyri, A. Kakhkhar, Ch. Rachidov, P. Kadyrov, A. Moukhtar).
Øverland (Arnulf)
Écrivain norvégien (Kristiansund 1889 – Oslo 1968).
Entré dans le groupe rassemblé autour de la revue Mot Dag, Øverland adhère au communisme et écrit une poésie de combat, parallèlement à des poèmes plus lyriques ; il emprunte aussi bien au conte populaire qu'à une littérature exigeante. Ces diverses tendances donnent aussi bien la monumentalité de Commandements (1929) que l'amertume de Je te conjure (1934), sorte d'examen de conscience angoissé. Front rouge (1937) est un recueil engagé et, sous l'Occupation, Øverland devient le poète de la Résistance, déporté à Sachsenhausen. À la Libération, ses poèmes de guerre, réunis dans Nous survivrons à tout (1945), font de lui le « poète national ». Il reste cependant un combattant : contre le stalinisme et l'impérialisme soviétique, en particulier au moment de l'invasion de la Hongrie, et, dans un autre domaine, contre les tentatives de réforme de la langue.
Ovide, en lat. Publius Ovidius Naso
Poète latin (Sulmona, Abruzzes, 43 av. J.-C. – Tomes, auj. Constantça, Roumanie, 17 ou 18 apr. J.-C.).
Après avoir reçu une éducation soignée et avoir accompli un long voyage en Grèce, il abandonna la carrière des honneurs et son métier d'avocat pour se consacrer à la poésie. Il était l'un des écrivains les plus appréciés de la société mondaine de Rome lorsque, en 8 apr. J.-C., il fut subitement banni par Auguste sous prétexte d'immoralité, en fait sans doute pour une intrigue de palais touchant à la fille de l'empereur. Malgré ses demandes répétées, il ne put jamais revenir à Rome et mourut en exil à Tomes, sur le Pont-Euxin.
Le sujet essentiel de son œuvre – outre le poème de l'Ibis et un traité sur la pêche (les Halieutiques) – est l'amour. Les élégies des Amours (vers 15 av. J.-C.) sont consacrées aux femmes aimées par le poète et représentées par la figure symbolique de Corinne. Dans le traité de l'Art d'aimer [Ars amatoria] (vers 1 apr. J.-C.), parodiant la poésie didactique, Ovide enseigne aux jeunes Romains la galanterie, énumérant les lieux de rencontre, indiquant aux hommes les techniques de séduction, aux femmes l'art de la parure. Pour répondre aux critiques qui avaient accueilli l'Art d'aimer, il donne dans le poème des Remèdes à l'amour [Remedia amoris], avec beaucoup d'humour, les recettes pour se débarrasser d'une maîtresse importune. Suivront un autre traité érotique, les Fards (vers 2 apr. J.-C.). L'amour est aussi le sujet des Héroïdes (vers 20-15 av. J.-C.), recueil poétique se présentant sous la forme de 21 lettres en vers adressées par des héroïnes mythiques et littéraires à leurs amants (Pénélope à Ulysse, Didon à Énée, Déjanire à Hercule, Hélène à Pâris, Phèdre à Hippolyte, Sappho à Phaon, etc.). Ces poèmes (dont les 6 derniers comportent des réponses), très admirés dans l'Antiquité et au Moyen Âge, replacent dans les milieux élégants de la Rome augustéenne les légendes mythologiques.
Le grand poème mythologique des Métamorphoses (2-8 apr. J.-C.), en 15 livres (12 000 vers), contient près de 250 légendes mythologiques rappelant les métamorphoses de héros en animaux, végétaux ou minéraux. C'est une épopée de l'histoire du monde, évoquée depuis le chaos d'origine jusqu'à l'apothéose de César. L'influence de la poésie alexandrine se retrouve dans la présentation pittoresque de ces légendes : Ovide a su éviter la monotonie en présentant chaque métamorphose sous un éclairage différent, privilégiant tantôt l'étude psychologique, tantôt le merveilleux, tantôt le romanesque. Considérées jusqu'à la Renaissance comme un des chefs-d'œuvre de la poésie latine, les Métamorphoses furent une source inépuisable d'inspiration pour les poètes (de Chaucer à Hugo) et les artistes (Titien ; Rubens ; les architectes, paysagistes et statuaires du château de Versailles).
Ovide est aussi l'auteur d'un traité poème didactique, les Fastes (entre 3 et 8 apr. J.-C.), calendrier des fêtes religieuses de Rome, mois après mois, dont seule subsiste la première partie (janvier à juin). Rapportant les origines légendaires de chaque fête et évoquant de façon plus ou moins détaillée les cérémonies qui la caractérisent, Ovide complète ainsi les données mythologiques des Métamorphoses et dresse un tableau pittoresque de la religion romaine, depuis les rites les plus archaïques jusqu'aux nouvelles cérémonies du culte impérial.
Enfin, les souffrances de l'exil lui ont inspiré les recueils élégiaques des Pontiques [Epistulae ex Ponto], lettres versifiées adressées à sa famille et à ses amis de Rome pour qu'ils obtiennent sa grâce de l'empereur, et celui des Tristes, en cinq livres, dont les poèmes, écrits sous forme de lettres sans destinataire précis, sont assez touchants, parfois désespérés, suppliants à l'adresse de ses proches, flatteurs avec excès envers Auguste. Malgré le recours parfois lassant aux légendes mythologiques et la monotonie de ses plaintes, Ovide a su traduire sa souffrance d'exilé et évoquer, avec un pittoresque amer, sa vie sur les lointains rivages de la mer Noire au milieu de peuplades barbares.
Dans ses poésies légères comme dans ses œuvres plus ambitieuses, Ovide joue le jeu du lyrisme élégiaque romain : jeu d'esprit élégant, perpétuellement distancié par des références à la mythologie, mais interprété avec un sens remarquable de la « plastique » des objets et des situations. Évocateur ironique de la Rome mondaine et de ses désirs artificiels, Ovide est apparu au Moyen Âge comme un moraliste, ce qui lui valut un succès durable.