Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
U

Ujishui monogatari
(Supplément aux contes d'Uji)

Recueil japonais d'anecdotes édifiantes (setsuwa), compilé au début du XIIIe s. Composé de près de 200 histoires, il recouvre l'Inde, la Chine et le Japon, à la façon du Konjaku monogatari-shu (Histoires qui sont maintenant du passé) dont il reprend de nombreux récits. Si les légendes bouddhiques y occupent une place prépondérante, les contes cocasses et les faits divers ménagent au sein du recueil une grande variété de ton qui fait de cette œuvre un modèle du genre.

ukiyo-soshi

Mot japonais désignant des œuvres romanesques publiées pendant quelque quatre-vingts ans à compter de la parution de la Vie d'un libertin d'Ihara Saikaku (1682). Si le monde du théâtre et du plaisir y occupe une place prépondérante, les « récits bourgeois » (chonin-mono) et, plus tard, les « caractères » (katagi-mono) proposent un tableau tout à la fois plaisant et coloré de la vie quotidienne des marchands d'Osaka.

Ukraine

Les origines de la littérature ukrainienne remontent à la Rous Kiévienne de la deuxième moitié du XIe s. (chroniques, hagiographies, épopée du Dit d'igor, XIIe s.). De contenu religieux et de caractère édifiant, elle est pratiquée exclusivement par les gens d'Église jusqu'au début du XVIIe s. Avec la prise de conscience d'une identité nationale, elle se déploie dans toute sa plénitude à partir de la création du Collège Mohyla de Kiev, en 1632. La guerre de libération de 1648-1654 encourage l'apparition parallèle d'œuvres profanes (drames dits « scolaires » à sujets historiques ou religieux, déclamations, dialogues burlesques, intermèdes). Il convient de citer encore les chants historiques (doumy) liés à l'épopée cosaque, ainsi que l'œuvre du philosophe H. Skovoroda (1722-1794).

   En 1720, un oukase interdit l'usage de la langue ukrainienne, excepté, et avec des réserves, pour les ouvrages religieux. La renaissance de la conscience nationale survient avec l'apparition d'une intelligentsia ukrainienne. À partir de 1805, les universités de Kharkiv et de Kiev deviennent les centres de la vie intellectuelle. La publication de l'Énéide travestie d'Ivan Kotliarevskyï (1798), première œuvre littéraire en ukrainien, marque l'avènement de la littérature ukrainienne moderne. Kvitka-Osnovjanenko prolongera la tradition populaire dans le domaine de la prose.

   Mais c'est l'œuvre de Taras Chevtchenko (1814-1861) qui plaça définitivement l'ukrainien au rang de langue littéraire ; il est célébré comme le plus grand poète national. La renaissance littéraire de l'Ukraine se poursuit avec l'œuvre de prosateurs comme la romancière M. Vovotchok (1834-1907), P. Koulich (1819-1897). I. Netchouï-Levytskyï (1838-1918) et P. Myrnyï s'orientent vers le réalisme social, teinté de populisme, dépeignant la paysannerie ukrainienne.

   En 1863, la circulaire de Vamluev, ministre de l'Intérieur, interdit la publication des ouvrages en ukrainien et brise le bref essor de la littérature naissante. C'est seulement vers 1880 que le théâtre renaît avec l'œuvre de M. Kropyvnytskyï (1840-1910), M. Starytskyï (1840-1904) et I. Karpenko-Karyï (1845-1907). En Galicie autrichienne (Ukraine occidentale), I. Franko (1856-1916) produit des œuvres d'une grande envergure et d'une nouveauté totale. Deux femmes marquent le début du XXe s., L. Oukraïnka (1871-1913) et O. Kobylianska (1863-1942). Le nouvelliste M. Kotsioubynskyï (1864-1913) donne ses meilleurs ouvrages dans un style impressionniste.

   Les années 1920-1930 constituent un âge d'or pour la littérature et le théâtre ukrainiens au moment du renouveau nationale et culturelle. De nombreux courants et organisations littéraires se forment : Plouh, Hart, Vaplite, malgré une surveillance idéologique sévère. Les écrivains les plus remarquables de cette période sont les poètes P. Tytchyna, V. Sossioura, M. Rylskyï et M. Bajan ; les prosateurs, M. Khvylovyï, V. Pidmohylnyï, J. Janovskyj, et les dramaturges, M. Koulich, J. Mamontov et I. Kotcherha, V. Vynnytchenko.

   Dès le début des années 1930, les répressions staliniennes donnent un coup d'arrêt à l'épanouissement de cette littérature abondante. Les auteurs en exil tels que I. Bahrianyi, V. Barka ont révélé la vérité et dénoncé les atrocités du régime totalitaire.

   Dans les années 1960, au moment du dégel, une nouvelle génération d'écrivains surgit : Lina Kostenko, I. Dratch, M. Vinhranovskyï, M. Symonenko, V. Stous. Leur apport, à l'écart du réalisme socialiste imposé par le régime, sera de courte durée.

   Dans la période post-soviétique, de jeunes écrivains apparaissent : J. Androukhovytch, O.  Irvanets, O. Zaboujko, I. Rymarouk, V. Herassymouk continuant à animer la vie littéraire en Ukraine.

Ulpien, en lat. Domitius Ulpianus

Jurisconsulte romain (Tyr ? – Rome 228).

Assesseur de Papinien dans la préfecture du prétoire, exilé par Élagabal, il fut nommé préfet de l'annone, puis préfet du prétoire sous Sévère Alexandre. Haï des prétoriens, il fut massacré par eux. Ulpien est au nombre des jurisconsultes dont l'opinion faisait loi et s'imposait aux juges romains, en vertu de la « loi des citations » de 426. De ses nombreux écrits (Commentaire de l'Édit, Responsa, De fideicommissis, De appellationibus) il ne reste que des fragments.

Ulrich von Lichtenstein

Poète allemand (vers 1200 – v. 1276).

Descendant d'une famille noble de Styrie, il est le chantre de la « hohe Minne ». Son roman en vers, le Service de la Dame (1255), dans lequel il mêle des éléments de sa propre vie aux thèmes conventionnels de la lyrique courtoise, a pu être qualifié de « première autobiographie de langue allemande ». Il est également l'auteur des quelque soixante chansons insérées dans cette œuvre et d'un dialogue en vers entre une dame et un chevalier (le Livre de la Dame, 1257) qui déplorent le déclin des valeurs chevaleresques et de la courtoisie.

Ulrich von Zatzikhoven

Poète allemand des XIIe-XIIIe s.

Il est le premier à avoir introduit, avec son Lanzelet (apr. 1194), le thème de Lancelot dans la littérature allemande. L'auteur s'est inspiré du roman de Chrétien de Troyes, Lancelot ou le Chevalier à la charrette, et d'un poème anglo-normand, aujourd'hui perdu. La première partie raconte la jeunesse du héros, et ses prouesses jusqu'à sa victoire sur Iweret, l'ennemi de la fée, dont il épouse la fille Iblis ; dans la seconde partie, l'épisode central est la délivrance de la reine Ginover.