Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
K

kasa

Forme poétique coréenne, dérivée du changa et qui apparaît au milieu du XVe s.

Chaque vers doit contenir 2 groupes de 4 syllabes, mais le nombre de vers n'est pas limité ; certains poèmes en comptent plusieurs milliers. D'abord lyriques, les kasa deviennent plus réalistes après les invasions japonaise (1592) et mandchoue (1636) : ils exaltent le patriotisme du peuple et critiquent la corruption des fonctionnaires.

Kasack (Hermann)

Écrivain allemand (Potsdam 1896 – Stuttgart 1966).

Directeur de diverses maisons d'édition, cofondateur du Pen Club allemand et président de l'Académie de Darmstadt (1954-1963), ce personnage de la vie littéraire allemande débuta comme poète expressionniste (l'Homme, 1918 ; l'Île, 1920 ; Écho, 1933) et auteur de drames poétiques (la Belle Femme, 1918 ; la Sœur, 1920 ; Vincent, 1924). Son roman la Ville au-delà du fleuve (1947), un des événements littéraires de l'après-guerre, traduit l'expérience de l'horreur en même temps qu'il offre une consolation teintée de mysticisme oriental, également sensible dans le Grand Filet (1952).

Kaschnitz (Marie Luise)

Femme de lettres allemande (Karlsruhe 1901 – Rome 1974).

Sa prose, notamment ses nouvelles brèves qui allient le fantastique au réalisme (le Gros enfant, 1952), et son lyrisme (Nouveaux Poèmes, 1957 ; Un mot de plus, 1965) gagnent en intensité après la guerre. Ses thèmes principaux sont la nature et l'art, la mort et la solitude. Ses essais, ses pièces radiophoniques et ses textes autobiographiques (Où vais-je, 1963 ; Des jours, des jours, des années, 1968) révèlent une personnalité qui, sans s'engager dans les luttes politiques, participe pourtant intensément aux souffrances de son temps (Avenir incertain – Nouveaux Textes en prose, 1970).

Kasiramdas

(V. XVIIIe s.)

Il est l'auteur de la plus célèbre adaptation bengalie du Mahabharata sanskrit dont il en composa les quatre premiers chants. Nandaram et Nityananda Ghosh terminèrent le poème.

kasmiri (littérature)

Profondément influencée par la littérature persane, dont elle a repris les thèmes, la littérature du Cachemire a pris son essor au XIVe s. avec la mystique Lal Ded, puis Habbah Khatoon au XVIe s. et Arnimal au XVIIIe s., Hatim et ses contes populaires, Rasul Mir et Mahjur (1885-1952) perpétuant la tradition du ghazal. Le poète Abdul Ahad Azad (mort en 1948) lutte contre le fanatisme religieux et l'injustice sociale et Akhtar Mohiuddin (né en 1929) ouvre la voie aux romanciers.

Kassák (Lajos)

Peintre et écrivain hongrois (Ersekujvár 1887 – Budapest 1967).

Ouvrier métallurgiste, il parcourut à pied la moitié de l'Europe – pérégrinations qu'il relatera dans un poème épique (Le cheval meurt, les oiseaux s'envolent, 1925) et un roman autobiographique (la Vie d'un homme, 1928) –, avant de publier son premier recueil de poèmes (Épopée sous le masque de Wagner, 1915) et de fonder la revue d'avant-garde Tett (Action), qui sera interdite en 1916. Après la chute de la Commune hongroise, il se réfugie à Vienne, où il fonde la revue Ma (Aujourd'hui), qui publiera des textes et des dessins de Tzara, de Picasso, de Léger, etc. Il regagne la Hongrie en 1926. Poète d'abord influencé par Walt Whitman (Ma terre, ma fleur, 1937), il se dégage progressivement des conventions sociales et littéraires (les Feuilles du chêne, 1964). Par sa peinture, Kassák appartient à l'école constructiviste et la structure de ses tableaux évoque souvent celle de ses poèmes (le Soir sous les arbres, 1922).

Kassner (Rudolf)

Écrivain autrichien (Gross-Pawlowitz 1873 – Siders, Valais, 1959).

Grand voyageur, il s'est intéressé à toutes les manifestations de l'esprit humain, des arts plastiques aux mathématiques, de la physique à la musique et à la littérature. Reprenant l'ancienne physiognomie, il tente d'établir un rapport entre le corps, l'âme et le cosmos (Die Mystik, die Künstler und das Leben, 1900 ; Melancholia, 1908 ; les Éléments de la grandeur humaine, 1911). Il a exercé une certaine influence sur le Rilke des Élégies de Duino.

Kästner (Erich)

Écrivain allemand (Dresde 1899 – Munich 1974).

Ses poésies satiriques (Cœur cintré, 1928 ; Vacarme dans le miroir, 1929) et son roman Fabian (1931) reflètent une conscience aiguë des absurdités de la société moderne. Ses récits pour la jeunesse (Émile et les Détectives, 1928 ; Pünktchen und Anton, 1932 ; la Classe volante, 1933) et ses adaptations pour l'enfance des Schildois, de Münchhausen, de Gulliver, de Till l'Espiègle sont très populaires. Bien que ses livres aient été brûlés le 10 mai 1933, Kästner est resté en Allemagne sous le IIIe Reich. Son humour a aidé la génération rescapée de la guerre à retrouver courage et bonne humeur.

Kataïev (Valentine Petrovitch)

Écrivain soviétique (Odessa, 1897 – Peredelkino 1986).

Fils d'instituteur, Kataïev se fait connaître avec les Dilapidateurs (1926), roman satirique, sur les mœurs des nouveaux riches pendant la période de la NEP, bien écrit, vivant, plein d'humour. Puis il se plie à la vogue des « romans de production » et publie Temps, en avant ! en 1932. Au loin, une voile (1936) s'inspire de son enfance à Odessa pour évoquer la geste révolutionnaire, à travers le regard de deux garçons. Le succès de ce récit plein de poésie et de fraîcheur incite Kataïev à lui donner une suite, beaucoup moins réussie. Son inspiration semble s'épuiser en des drames et des romans très convenus. Un retour sur son passé, dans le Puits sacré (1966), lui permet de se renouveler radicalement et de renouer avec la recherche formelle. Il poursuit dans la voie de l'écriture mémorialiste avec l'Herbe d'oubli (1967) ou  Ma couronne de diamant (1978).

Kateb (Yacine)

Écrivain algérien (Constantine 1929 – Grenoble 1989).

Il a fréquenté l'école coranique, puis est entré dans « la gueule du loup », l'école française. Il a beaucoup voyagé et est revenu en Algérie en 1972. Il est d'abord poète (Soliloques, 1946), mais son roman Nedjma (1956) marque un tournant dans la littérature maghrébine. Publié après l'indépendance, le Polygone étoilé (1966) est une sorte de prolongement malicieux de Nedjma et du théâtre, puisqu'on peut en pratiquer une lecture à double entrée, à travers laquelle le système colonial et l'Algérie indépendante se confondent parfois, cependant que la forme du texte s'érige souvent en pied de nez aux lectures réductrices. Le théâtre de Kateb, abondant et protéiforme, peut être subdivisé en deux cycles. Le premier, que complète la Femme sauvage en 1960, est publié sous la forme de la tétralogie tragique (deux tragédies, le Cadavre encerclé et Les ancêtres redoublent de férocité, un intermède comique, la Poudre d'intelligence, et un poème dramatique, le Vautour, dans le volume le Cercle des représailles, en 1959). Le second cycle, plus explicitement militant anti-impérialiste, commence en 1970 avec l'Homme aux sandales de caoutchouc, réquisitoire contre la guerre du Viêt Nam dont la représentation par Marcel Maréchal provoqua des incidents avec l'extrême droite lyonnaise. Ses pièces ultérieures, de ton volontiers satirique, sont jouées en arabe parlé (Kateb a toujours été opposé à l'usage élitiste de l'arabe littéraire) devant de larges publics populaires (Mohammed, prends ta valise, 1971 ; la Guerre de 2 000 ans, 1974 ; le Roi de l'Ouest, 1977 ; Palestine trahie, 1978). Longtemps inédites, elles ont été rassemblées en version française par Zebeïda Chergui sous le titre Boucherie de l'espérance (1999). Par ailleurs, Jacqueline Arnaud a établi un recueil de nombreux textes disséminés, sous le titre l'Œuvre en fragments (1986). Kateb a obtenu le grand prix national des Lettres (Paris), en 1988.

Le Cercle des représailles, recueil de pièces de théâtre (1959) contenant le Cadavre encerclé, Les ancêtres redoublent de férocité et la Poudre d'intelligence où l'auteur use de la satire avec « Nuage de fumée » , émule du bouffon arabe Djoha. Cet ensemble fait partie du cycle de Nedjma (1956) où les héros tragiques se cherchent sans cesse à travers leur déracinement historique.

Nedjma, roman (1956). À la poursuite de l'étoile (nedjma), l'auteur écrit une « autobiographie au pluriel » qui peut être lue aussi comme celle de son pays à la veille de la lutte pour l'indépendance. Perversion des genres, plongée dans l'inconscient, recours aux mythes, jeux souvent burlesques avec le signifiant : en bouleversant tous les modes de description et de narration hérités, ce roman peut être considéré comme une sorte de texte fondateur de l'originalité et de la modernité de cette littérature.