Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Bai Hua (Chen Youhua, dit)

Écrivain chinois (né en 1930).

Militant de la première heure, engagé dans l'Armée populaire de libération dont il sera exclu en 1957 pour « droitisme » – réintégré, il sera à nouveau exclu et encore réhabilité –, il est à la fois romancier et scénariste. Son scénario de film, Amour amer (1979), histoire d'un patriotisme non payé de retour, lui vaut, en 1981, d'être la cible de la campagne nationale contre le « libéralisme bourgeois ». Publié en 1980, son roman Ah ! Maman a pour thème le détournement de l'idéal révolutionnaire par des dirigeants carriéristes.

Bai Juyi
ou Bo Juyi

Poète chinois (772 – 846).

De son vrai nom Bai Letian, il fut l'un des plus grands poètes chinois et sans aucun doute le plus prolixe écrivain de la dynastie Tang (618-907). Contrairement à beaucoup de ses contemporains, il attacha une grande attention à la transmission de ses écrits, qui comptent, outre un grand nombre de textes en prose très influencés par le bouddhisme chan (zen) vers lequel il se tourna à partir de 815, pas moins de 3 000 poèmes dont les deux tiers au moins sont des huitains réguliers (lüshi). Les fonctions administratives, toujours mineures, qu'il occupa après son succès au doctorat à 28 ans, ne parvinrent jamais à le détourner de son souci premier, l'écriture. Il acquiert la célébrité de son vivant avec le Chant des regrets éternels (806), le plus célèbre poème chinois, qui narre en 120 vers la passion tragique de l'empereur Xuanzong des Tang pour sa concubine Yang Guifei. Tout aussi connue est sa longue Ballade du luth (816) dans laquelle il décrit avec une émotion communicative la sombre destinée d'une ancienne courtisane de la capitale. Reconnaissance méritée car, tout fin lettré qu'il fut, amoureux de la prose classique comme des genres à la mode, Bai Juyi prenait garde à composer ses poèmes, teintés pour la plupart d'un réalisme poignant, dans une langue simple et directe ne répugnant jamais à user de la langue parlée. Il était très apprécié des femmes, notamment des courtisanes, et des gens simples car il décrivait leur vie. Voir en lui un poète libertin serait un contresens, car, tout comme Du Fu (712-770), Bai Juyi fut sincèrement concerné par les injustices qui touchaient ses contemporains : mandarin, il tâcha d'y remédier ; poète, il ne cessa de les dénoncer.

Bai Xianyong

Écrivain chinois (1937).

Né en Chine, éduqué à Taïwan, il se fixe aux États-Unis. Influencée par Faulkner et Joyce, son œuvre traite, sous diverses formes, d'un inguérissable mal de vivre (Gens de Taipei, Garçons de cristal).

Baïf (Jean-Antoine de)

Poète français (Venise 1532 – Paris 1589), fils naturel de Lazare de Baïf.

Comme Du Bellay, Baïf s'essaya d'abord dans le genre de la poésie amoureuse à la manière italienne. Les Amours de Méline (1552) et les Amours de Francine (1555), imitées des Canzoniere de Pétrarque, de Bembo et de leurs épigones, mais aussi des néolatins (Second, Navagero, Sannazzaro) et de l'Anthologie grecque, offrent une grande diversité formelle : à côté du sonnet, forme canonique du Canzoniere, une place importante y est accordée (notamment dans les livres III et IV des Amours de Francine) à différents types de mètres et de combinaisons strophiques. À cette diversité formelle correspond une assez grande variété de tons et de registres : au style tendu, au raffinement sentimental et rhétorique des sonnets s'oppose notamment le lyrisme plus familier, souvent « mignard », des chansons. Baïf se tourna aussi vers d'autres genres, comme celui de la poésie scientifique, avec les Météores (1567), imités d'une œuvre de l'Italien Pontano datant de la fin du XVe siècle.

   Mais ce n'est qu'en 1572 que Baïf, en publiant, sous le titre d'Euvres en rime, la première édition collective de ses œuvres, montrera véritablement la diversité de son talent. Quatre livres : un d'Amours (remaniement des Amours de Méline et des Amours de Francine), un de Poèmes, un de Jeux, un de Passetemps. Le livre des Poèmes doit l'essentiel de son originalité au trait commun qui unit l'ensemble de ses pièces : la forme narrative. Les principaux modèles de Baïf sont ici les alexandrins, l'Ovide des Métamorphoses et l'Arioste, mais, au contraire de Ronsard, il privilégie les scènes érotiques au détriment des épisodes épiques et guerriers. C'est cette inspiration que prolongent les églogues du livre des Jeux. Dernier volet des Euvres en rime, les Passetemps sont un recueil d'épigrammes (petits poèmes d'amour, pièces satiriques, épitaphes, étrennes...).

   Deux tâches occupèrent les années de vieillesse de Baïf : la rédaction des Mimes, enseignements et proverbes (1576-1581), constitués de maximes et de proverbes mis bout à bout, et la traduction du Psautier. Cette traduction (entreprise après 1565, d'abord en vers mesurés, puis en vers latins, enfin en vers rimés) se rattache, du moins dans sa première version, à l'innovation la plus notoire de Baïf dans le domaine de la poétique : l'invention du vers français mesuré sur le modèle du mètre antique – invention inaugurée avec les Étrènes de poézie fransoèze (1574) et poursuivie, en 1586, avec les Chansonnettes. Innovation doublée, dans ces trois recueils, de son indissociable complément : l'instauration d'une orthographe phonétique destinée à transcrire exactement la prononciation de chaque syllabe. Ces préoccupations sous-tendent la création par Baïf en 1570, avec le soutien du roi Charles IX, de l'Académie de poésie et de musique et répondent au désir d'associer intimement la poésie et la musique (Baïf pensait que les vers mesurés se prêteraient mieux que les vers rimés à la mise en musique).

   La curiosité de Baïf ne s'est point limitée au domaine poétique. Avant même de composer ses Amours, il avait songé à écrire une tragédie du nom de Cléopâtre, et passait, aux yeux de ses camarades de la Brigade, pour le futur dramaturge de l'équipe. De cette production dramatique il subsiste deux comédies : le Brave (représenté à Paris en 1567) et l'Eunuque, et une tragédie, adaptées respectivement de Plaute, de Terence et de Sophocle.