Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Reynold (Gonzague de)

Écrivain suisse de langue française (Cressier, Fribourg, 1880 – Fribourg 1970).

Descendant d'une famille aristocratique, élevé au château de Cressier, Reynold étudie à Paris et en Allemagne, puis fonde, avec quelques amis, la Voile latine. Il enseigne aux universités de Berne (1915-1931), puis de Fribourg, et joue un rôle important dans plusieurs institutions suisses et européennes (délégué auprès de la S.D.N.). Sa position conservatrice, son adhésion à une vision aristocratique ultra-montane (qui a pu l'amener vers des positions fascisantes), furent l'objet de critiques récentes. Son œuvre, prolixe, comporte de nombreux essais (sur Rousseau, Baudelaire), des études d'histoire (la Formation de l'Europe, 1944-1957), un livre de contes, des Mémoires et une belle évocation de la Suisse, historique et poétique : Cités et Pays suisses (1914-1920).

Reza (Yasmina)

Écrivain français (Paris 1959).

D'ascendance juive ashkénaze par sa mère et sépharade par son père, Y. Reza hérite d'une tradition ouverte à la tragédie comme à la dérision. Sa jeunesse, celle des « Orientaux aisés », lui offre une instruction littéraire et musicale raffinée en la confrontant aux personnalités de la Mittel-Europa. Comédienne puis metteur en scène, romancière et dramaturge, elle écrit une première pièce, Conversation après un enterrement (1987), et surtout « Art » (1994) qui lui valent de grands succès. En 1997, Hammerklavier rassemble de courtes nouvelles autobiographiques où la mélancolie se double d'une verve caustique. Le roman Une désolation (1999) fait songer à Cioran par sa mauvaise humeur, son ironie acerbe et l'implacable lucidité des personnages hantés par le temps, son thème de prédilection. Elle signe le scénario du Pique-Nique de Lulu Kreutz (1999) et revient au théâtre avec Trois Versions d'une vie (2000).

Reznikoff (Charles)

Poète américain (New York 1894 – id. 1976).

Figure dominante du mouvement « objectiviste » dans les années 1930, il allie la netteté de l'expression et la tentation d'une poésie documentaire à une veine lyrique d'inspiration judaïque. Sur les rives de Manhattan (1962), Témoignage, les États-Unis, 1885-1915 (1965-1979), marquent le jeu de la méditation poétique et de l'inspiration culturelle de l'œuvre, tandis que Chronique familiale (1963) est une évocation en prose de la vie new-yorkaise entre 1930 et 1940.

Rezvani (Serge)

Peintre et écrivain français (Téhéran 1928).

D'origine iranienne par son père et juive russe par sa mère, Rezvani débute par la peinture et des chansons signées Bassiak. Dans les Années-Lumière (1967) et les Années-Lula (1968), il tient la chronique de sa vie amoureuse et, avec Coma, les Américanoïaques et la Voie de l'Amérique (1970), celle de ses combats contre un monde où le marché impose sa loi. Mille aujourd'hui (1972) et Foukouli (1974) raillent la « Babel électronique ». Après Feu (1977), qui met en scène la passion d'une femme et d'un bûcheron incendiaire et révolté, le Testament amoureux (1981) retrouve une tonalité autobiographique ainsi que les Variations sur les jours et les nuits (1985), Doubles Stances des amants (1995) dont l'inspiratrice est toujours sa femme, Danièle (Lula), la Traversée des monts noirs (1992), l'Énigme (1995), la Cité Potemkine (1998) et l'Origine du monde (2000), attestant d'une imagination inquiète et ludique, toute occupée des errements de l'humanité. Le théâtre de Rezvani s'inscrit, lui, dans la ligne de la littérature engagée (Capitaine Schelle, Capitaine Eçço, 1971 ; la Colonie, 1971 ; la Mante polaire, 1975 ; les Faucons à la saison des amours, 1986).

Rezzori (Gregor von)

Écrivain autrichien (Cernautiogoni, Roumanie, 1914 – Toscane 1998).

Il évoque, dans des récits où la satire se mêle à l'anecdote savoureuse, les mœurs de l'Europe centrale et des Balkans sous l'empire austro-hongrois (Histoires maghrébines, 1953 ; Une hermine dans Tchernopol, 1958). Le traumatisme de l'Anschluss en 1938 marque son œuvre principale, la Mort de mon frère Abel (1976) et ses multiples écrits autobiographiques, dont les Neiges d'antan (1989).

rhéto-roman

C'est l'ensemble des dialectes romans parlés en Suisse orientale et dans le nord de l'Italie (on dit aussi rhétique). Le domaine du rhéto-roman englobe en Suisse les hautes vallées de l'Inn et du Rhin, le romanche étant sa langue officielle. En Italie, le rhéto-roman rassemble le ladin (dans le Haut-Adige et les Dolomites) et le frioulan.

Rhétorique à Herennius

Traité de rhétorique latine, publié v. 82 av. J.-C. et attribué à tort tantôt à Cicéron, tantôt à Quintus Cornificius.

Ce manuel pratique pour étudiants, qui reflète la pensée et les techniques des orateurs rhodiens, étudie les cinq parties de la rhétorique – invention, disposition, prononciation, mémoire, élocution – et fixe les règles des trois genres oratoires : judiciaire, délibératif, démonstratif. L'ouvrage connut un immense succès au Moyen Âge, qui y étudia les méthodes mnémotechniques de la mémoire artificielle, ou art de mémoire.

Rhétoriqueurs

Dans l'ensemble des rimeurs de la fin du Moyen Âge, la critique a cru pouvoir distinguer une école, un style, en parlant des « Grands Rhétoriqueurs ». Après le Breton Jean Meschinot, qui fait figure de précurseur, il s'agit surtout d'écrivains de la cour de Bourgogne comme Olivier de La Marche, Georges Chastellain et surtout Jean Molinet (1435-1507). Ils furent bientôt imités par des poètes de la cour de France comme Jean et François Robertet, Octavien de Saint-Gelais, Guillaume Crétin, Jean Lemaire de Belges, Jean Marot. Plus proches de l'esprit courtisan que de la tradition courtoise, influencés par la poésie des académies bourgeoises (les puys), ces poètes ont eu le goût de l'hyperbole et de la virtuosité, avec une nette tendance au bizarre, au culte de la force et de la gloire. Mêlant allégorisme et humanisme, ils appartiennent à une époque à la fois « renaissante » et baroque, précédant le retour au classicisme courtois.

Rhinton

Poète comique grec (Tarente IVe-IIIe s. av. J.-C).

Créateur de l'hilarodie ou hilarotragédie, ou encore phlyaque, drame burlesque, influencé par les drames satiriques et la comédie ancienne, où les héros de la tragédie classique étaient travestis en personnages bouffons (Héraklès, Amphytrion, Iphigénie). Ces farces, représentées sur des vases campaniens, inspirèrent le théâtre comique latin en exerçant une influence sur le développement de l'atellane et du mime.