Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Torelli (Pomponio)

Écrivain italien (Montechiarugolo, Parme, 1539 – Parme 1608).

Diplomate au service des Farnèse, il est l'auteur de cinq tragédies parmi lesquelles Mérope (1589), Tancredi (1597), où il dépeint les élans du cœur en conflit avec la raison d'État, et qui annoncent Alfieri.

Torga (Adolfo Correira da Rocha, dit Miguel)

Écrivain portugais (São Martinho de Anta, Trás-os-Montes, 1907 – id. 1995).

Médecin, collaborateur de la revue Presença jusqu'en 1930, il garde ses distances vis-à-vis des groupes afin de préserver sa liberté esthétique. Enracinée dans la terre, son œuvre semble imprégnée d'éléments mythiques anciens liés à la vie agricole et pastorale. Ses contes décrivent la dureté de la vie rurale (Nouveaux Contes de la montagne, 1944 ; Vendange, 1945 ; Feu prisonnier, 1976) tandis que sa poésie traduit les liens qui rattachent les hommes à la nature (Cantiques de l'homme, 1950 ; Chambre ardente, 1962). Son œuvre dramatique (l'Autre Livre de Job, 1936) et son Journal (1941-1977) expriment un humanisme profond.

Torreilles (Pierre)

Poète français (Camargue 1921 – Montpellier 2005).

La suite des recueils – entre autres, Le désert croît (1971), Denudare, ode (1973), Pratique de la poésie (1977), Territoire du prédateur (1984), Margelles du silence (1986), Où se dressait le cyprès blanc (1992), la Semence de l'eau (1998), Ce qui heurte à nos mots (1999), Quelque chose qui vient de loin (2000) – montre le parcours exigeant d'une écriture hiératique, quête de l'être et du sens face au néant et aux limites de la parole, interrogation des grands mythes aussi bien que de « l'évidence quotidienne », dans la tradition mallarméenne et heideggerienne d'une poésie aux prétentions ontologiques.

Torres Bodet (Jaime)

Écrivain mexicain (Mexico 1902 – id. 1974).

Influencé par Machado et Gide, il est l'auteur d'une œuvre poétique, dont la simplicité n'exclut pas la richesse métaphorique (Ferveur, 1918 ; Chansons, 1922 ; les Jours, 1923 ; Crypte, 1937 ; Sonnets, 1949), et d'une œuvre en prose, composée d'essais littéraires, d'études et de récits (Étoile de jour, 1933 ; Ombre, 1937) qui font de lui un des membres les plus représentatifs des Contemporáneos. Il a aussi publié des livres souvenirs dont la Terre promise (1972).

Torres Naharro (Bartolomé de)

Auteur dramatique espagnol (Torre de Miguel Sesmero, près de Badajoz, 1489 – Rome ? v. 1520).

Le recueil de ses œuvres dramatiques, la Propalladia, fut publié en 1517, à Naples. Ses comédies de mœurs (la Tinelaria) et ses comédies de cape et d'épée (Soldadesca) font de lui, avec Lucas Fernández, Encina et Gil Vicente, un des initiateurs du théâtre espagnol. Poète lyrique, il cultiva la poésie religieuse et amoureuse, en castillan et en italien.

Torres Villarroel (Diego de)

Écrivain espagnol (Salamanque 1693 – id. 1770).

Il oscille, tout au long de son œuvre romanesque, entre la fiction et la rigueur scientifique, et, à l'instar de Quevedo, Feijoo, Isla et autres réformateurs, tente d'analyser la décadence de la nation. Auteur de pièces, il composa aussi des poésies, généralement satiriques, des sonnets et des poèmes en prose, où son ressentiment et sa déception vis-à-vis de la société madrilène tournent, à la manière des Songes de Quevedo, à la violente satire sociale.

Torriente Brau (Pablo de la)

Écrivain cubain (San Juan de Puerto Rico 1901 – Majadahonda, Espagne, 1936).

Il publia son premier conte, le Héros, ainsi qu'un Journal de la marine en 1929 puis, l'année d'après, un recueil de contes, Batey, écrits en collaboration avec G. Mazas. Incarcéré pour avoir activement participé aux luttes révolutionnaires de 1930, il fit le récit de ses expériences dans 105 jours de prison (1931) et se réfugia aux États-Unis. Ses derniers récits sur la guerre d'Espagne furent publiés à titre posthume.

Tortel (Jean)

Poète français (Saint-Saturnin-lès-Avignon 1904 – Avignon 1993).

Il collabore aux Cahiers du Sud de 1938 à 1966. L'espace de son œuvre poétique est celui de la quotidienneté vécue, dont l'image pourrait être celle d'un jardin livré, dans ses limites mêmes, au désir et à l'incontrôlable (les Villes ouvertes, 1965 ; Relations, 1968 ; Limites du regard, 1971 ; Instants qualifiés,1973 ; Des corps attaqués, 1979). Arbitraires espaces paraît en 1986. Précarité du jour (1990), son chef-d'œuvre, interroge la venue de l'âge et de l'irrémédiable.

Tory (Geoffroy)

Écrivain français (Bourges v. 1480 – Paris apr. 1533).

Régent de deux collèges de l'université de Paris, il finit par ouvrir une librairie à Paris, avant d'obtenir en 1526 le privilège d'imprimeur. Il est l'auteur de nombreuses traductions d'écrivains antiques : les Dialogues de Lucien, l'Économique de Xénophon, la Politique de Plutarque. Son maître ouvrage est le Champ fleury, art et science de la deue et vraye proportion des lettres (1529), première apologie du français : il y met au jour le système d'analogies qui rattache les lettres de l'alphabet romain aux différentes parties du corps humain et à celles de l'Univers.

Totoventz (Vahan)

Écrivain arménien (Méziré 1894 – Erevan 1936).

Dénonçant dans son œuvre romanesque (Docteur Bourbonian, 1923) ou théâtrale (le Bataillon de la mort, 1923) la bourgeoisie, il exalte la lutte ouvrière dans ses nouvelles (Dans la tempête, 1922), son théâtre (Incendie, 1927), ses romans (Bakou, 1930-1934) et transpose avec lyrisme ses souvenirs d'enfance en Arménie occidentale (Sur l'ancienne voie romaine, 1930).

Toufane (Hassan Fakhrievitch)

Poète tatar (Karmat 1900 – Kazan 1981).

Ouvrier et pédagogue, il tenta, à l'exemple de Taktach, de célébrer sur des rythmes neufs une industrialisation que lui révélaient ses voyages en ex-U.R.S.S. (Croquis ouraliens, 1926 ; Entre deux époques, 1927), puis il redécouvrit les vertus des genres classiques et du folklore (Guérison, 1930 ; le Bouleau blanc, 1933 ; Printemps, 1939). Arrêté et réhabilité (1940-1956), il se consacra à une poésie humaniste et philosophique : Ô vie ! (1963), Grande Ourse, où vas-tu ? (1965), Contemporaine de l'éternité (1966).