Reve (Gerard Kornelis van het)
Écrivain hollandais (Amsterdam 1923 – Zulte 2006).
Communiste repenti, converti à un catholicisme dont il heurte les institutions ecclésiales, proclamant son homosexualité, il se qualifie lui-même de « romantique décadent ». L'inspiration autobiographique de ses premiers récits et romans (les Soirs. Un récit d'hiver, 1947 ; Werther Nieland, 1949) est reprise dans sa maturité, où le goût de la provocation ne parvient pas à couvrir la tonalité dominante qui est celle de la solitude, du dégoût et de l'ennui (l'Ami taciturne, 1984). En parallèle à cette production romanesque, Reve présente le même parcours sous un jour documentaire en publiant le récit Mère et Fils (1980), des recueils critiques (Beau Navire, 1984) et ses Lettres à Bernard S. (1981) ou à Frans P. (1984).
Revelli (Nuto)
Écrivain italien (Cuneo 1919 – id. 2004).
Il a d'abord participé à la campagne militaire en Russie pendant la Seconde Guerre mondiale puis à la Résistance dans sa région. Sa première production littéraire est centrée sur ces événements (Jamais trop tard. Journal d'un alpin en Russie, 1946 ; la Guerre des pauvres, 1962). Il s'est consacré plus récemment à l'exploration du monde paysan de sa terre natale (le Monde des vaincus, 1977 ; le Maillon fort. La femme, 1985).
Reverdy (Pierre)
Poète français (Narbonne 1889 – Solesmes 1960).
Son enfance se passe dans les paysages arides de la Montagne noire. Une fois ses études achevées au lycée de Toulouse, il s'installe à Paris en 1910, sur les pentes du village de Montmartre, où il se lie d'amitié avec les peintres Juan Gris, Picasso, Braque et les poètes Max Jacob, Apollinaire. C'est dans ce contexte qu'il faut situer sa poésie, trop rapidement considérée comme cubiste en raison de sa disposition typographique nouvelle. De fait, Reverdy est, avec les précédents, l'un des trois fondateurs de la poésie moderne, qu'il illustre et défend dans sa revue Nord-Sud (1916-1918), où il expose sa théorie de l'image, que reprendront, en la radicalisant, les surréalistes. Les plaquettes qu'il fait éditer avec soin depuis 1915, dont les titres sont souvent une locution usuelle détournée (la Lucarne ovale, 1916 ; les Ardoises du toit, 1918 ; les Jockeys camouflés, 1918 ; la Guitare endormie, 1919 ; Cravates de chanvre, 1922), sont rassemblées dans les Épaves du ciel (1924) et reprises dans Plupart du temps (1945). Ce recueil témoigne de l'esthétique de Reverdy : par la plus grande économie de moyens, rendre compte d'une émotion, d'une certaine saveur du réel, tout en laissant au lecteur la plus grande part de jeu. À la même veine poétique se rattachent contes et romans : le Voleur de Talan (1917), la Peau de l'homme, roman populaire (1926), Risques et Périls (1930), où s'invente une forme nouvelle, proche du poème en prose, suivant, à distance, une trame narrative d'origine coutumière. Cette poétique est étayée par une réflexion théorique permanente, rassemblée tour à tour dans le Gant de crin (1927), le Livre de mon bord (1948), En vrac (1956), et dans les œuvres complètes posthumes : Note éternelle du présent (écrits sur l'art 1923-1960), Cette émotion appelée poésie (1950), Nord-Sud, Self-defence et autres écrits sur l'art et la poésie (1917-1926). Pourtant l'art et la poésie ne comblent pas cet homme en quête de spiritualité qui, à l'instar de Max Jacob, se fixe non loin de l'abbaye de Solesmes, en 1926. Cherchant Dieu, il rencontre la religion et ne s'en satisfait pas. Il demeure dans une grande solitude, entrecoupée de publications de poèmes épars et dépouillés à l'extrême (Flaques de verre, 1929), ou de recueils originaux (Sources du vent, 1929 ; Pierres blanches, 1930 ; le Chant des morts, 1948) rassemblés dans Main-d'œuvre (1949), poursuivis par la publication d'œuvres anciennes magnifiquement illustrées par Juan Gris (Au soleil du plafond, 1945) et Braque (la Liberté des mers, 1959). Comme lui, on peut considérer que, dans son œuvre exigeante et désespérée, « tous les fils dénoués au-delà des saisons reprennent leur tour et leur ton sur le fond sombre du silence. »
Révéroni Saint-Cyr (Jacques-Antoine)
Écrivain français (Lyon 1767 – Paris 1829).
Longtemps oublié, il a été redécouvert récemment comme un romancier important à la charnière des XVIIIe et XIXe s. Officier du génie sous la Révolution et l'Empire, il écrivit parallèlement des pièces de théâtre à grand spectacle et des livrets d'opéra (Elisa ou le Voyageur du Mont-Bernard, 1795 ?). Son œuvre la plus fascinante est Pauliska ou la Perversité moderne (1798), roman noir qui suit les aventures d'une aristocrate polonaise chassée de chez elle et errant à travers une Europe à feu et à sang. Le même goût pour les scènes paroxystiques et les sentiments violents se retrouve dans Sabina d'Herfeld ou les Dangers de l'imagination (1797-1798), l'Officier russe à Paris (1814), le Torrent des passions (1818). Il s'essaya aussi au roman historique dans la Princesse de Navarre (1812) et le Prince Raimond de Bourbon (1823) et publia un dernier roman délirant, Taméha, reine des îles Sandvick à Londres en 1824 (1825). La folie, souvent présente dans ses fictions, finit par l'emporter.
Reverzy (Jean)
Écrivain français (Balan 1914 – Lyon 1959).
Médecin, résistant dès 1942, il devient médecin-chef des maquis de l'Allier. Après la guerre, il exerce dans un quartier populaire de Lyon. Gravement malade et se sachant condamné, il voyage en Océanie de 1952 à 1953, expérience dont il tire le Passage (1954, prix Renaudot), écrit sous le patronage de Conrad. Les interrogations sur le sens de la vie et la souffrance se retrouvent dans ses romans ultérieurs, à côté d'une critique du pouvoir médical qui emprunte autant à sa vie professionnelle (Place des Angoisses, 1956 ; le Corridor, 1958) qu'à sa vie personnelle (le Silence de Cambridge, 1960). Son Journal, où le pessimisme n'exclut pas un certain stoïcisme, paraît en 1986.
Revista de Portugal
Revue portugaise éditée à Porto de juin 1889 à mai 1892, avec quelques interruptions. Dirigée par Eça de Queiroz, elle servit de tribune aux représentants de la « génération de 70 ».