Spaak (Paul)
Écrivain belge de langue française (Elsene 1870 – Bruxelles 1936).
Il connut un triomphe avec Keetje, créé en 1908 au Théâtre royal du Parc, mêlant le thème de la réadaptation au sol natal à celui de l'opposition entre rire et réalité. Il reprit ensuite la tradition du drame historico-moral.
Spark (Sarah, dite Muriel)
Femme de lettres britannique (Édimbourg 1918 – Civitella della Chiana 2006).
Catholique par souci d'intégrité (elle se convertit en 1954), poétesse, elle tente dans ses romans de situer le mysticisme dans la vie quotidienne (Memento Mori, 1959 ; le Bel Âge de miss Brodie, 1962 ; la Poste Mandelbaum, 1965 ; l'Image publique, 1968 ; la Place du conducteur, 1970 ; l'Unique Problème, 1984). Mais dans ce monde, présenté comme un mystère, peuplé de monstres, de sorciers, de pervers, le pouvoir de l'écriture est assimilé à un pouvoir quasi diabolique (Intentions suspectes, 1982 ; le Pisseur de copie, 1988).
Spasse (Sterjo)
Écrivain albanais (région de Korçë 1914 – 1989).
Ses romans sont consacrés à l'évocation des souffrances des paysans ou de la jeunesse intellectuelle dans l'Albanie féodale et à la peinture des transformations de la vie albanaise depuis la fin du XIXe s. (Pourquoi ?, 1935 ; la Mariée sans voile, 1944 ; Sur les épaules d'une femme, 1944 ; Afërdita, 1944 ; Ils n'étaient pas seuls, 1952 ; Afërdita de nouveau à la campagne, 1955 ; la Femme vaillante, 1966 ; le Réveil, 1973 ; Feux de joie, 1973 ; La liberté ou la mort !, 1978 ; les Insurgés, 1983 ; Maintenant ou jamais !, 1989 ; Discussions avec le neveu, 2000).
spatialisme
Des Calligrammes d'Apollinaire aux essais de poésie phonétique du dadaïste Hugo Ball, en passant par Khlebnikov, Marinetti ou Schwitters, se dessine une manière d'envisager la poésie non plus comme un discours mais comme une matière.
La langue poétique n'est plus utilisée pour exprimer une idée au moyen d'une rhétorique : elle vaudra par l'espace, la graphie, les sonorités pures qu'elle mettra en jeu. Le spatialisme prétend donner la liberté aux mots dans un grand « théâtre spatial » et une « typographie gestuelle ». Poésie essentiellement visuelle qui met en avant la matérialité du signe, le spatialisme constitue un des avatars des diverses avant-gardes nées de la crise du langage poétique du dernier tiers du XIXe siècle.
Spaziani (Maria Luisa)
Écrivain italien (Turin 1924).
Cette poétesse s'inspire de la leçon de Montale (dont elle fut très proche), mais tend à dépasser l'expérience hermétique grâce à un style très soutenu, presque classique (Jardin d'été, palais d'hiver, 1994).
Spee von Langenfeld (Friedrich)
Poète allemand (Kaiserswerth 1791 – Trèves 1635).
Père jésuite, il a enseigné dans différents établissements de son ordre et s'est élevé dans sa Cautio criminalis (1631) contre les procès de sorcières. Son livre d'édification Livre doré des vertus (1649) fait largement appel au sentiment. Dans son recueil lyrique Trutz-Nachtigall (1649), un des sommets littéraires de l'âge baroque, il intègre des éléments de la poésie bucolique et galante dans l'expression, chargée d'images et d'emblèmes, de l'union mystique de l'âme et de Jésus. Spee exerça une profonde influence sur Brentano, qui en donna une réédition en 1817.
Spender (Stephen)
Écrivain anglais (Londres 1909 – id. 1995).
Poète, il publie ses premiers recueils dans les années 1930, dont il reflète le climat de confusion politique et sociale (Poèmes, 1933 ; le Centre immobile, 1939 ; Ruines et visions, 1942). Il s'interroge sur son engagement : contemporain et amis de poètes ouvertement positionnés à gauche, il se détourne rapidement du communisme en faveur d'un individualisme libéral. Après avoir animé avec Cyril Connolly la revue Horizon (1939-1941), il prend la tête du mensuel anticommuniste Encounter (1953-1967). Après la guerre, son activité de poète passe au second plan, malgré la parution en 1971 de Jours généreux. Il privilégie sa carrière d'essayiste (Un témoin de l'Europe, 1946 ; l'Année des jeunes rebelles, 1969 ; les Années 30 et après, 1978), de critique, de romancier et de traducteur.
Spener (Philipp Jakob)
Écrivain allemand (Ribeauvillé, Alsace, 1635 – Berlin 1705).
Pasteur, il occupa différentes fonctions ecclésiastiques à Strasbourg, à Francfort-sur-le-Main et à Berlin. Le piétisme tire son nom de son principal ouvrage, Pia desideria (1675), et des Collegia pietatis, réunions pieuses instituées par lui à Francfort. Il milita pour une réforme de la théologie et de l'organisation ecclésiastique, insistant sur la nécessité d'un retour à la Bible et d'un christianisme en actes. Ses cantiques (Cantiques spirituels, 1710), où s'exprime la composante subjective et affective du piétisme, ont contribué au renouvellement de la sensibilité poétique.
Spenser (Edmund)
Poète anglais (Londres 1552 – id. 1599).
Ami de Harvey et de Sidney, il débute par une pastorale pseudo-paysanne d'un extrême raffinement, le Calendrier du berger (1579), douze églogues illustrant les mois de l'année, avec un usage savant du vocabulaire populaire et régional, une propension à l'archaïsme et une virtuosité métrique éblouissante. Il quitte ses fonctions en Irlande sur les conseils de Walter Raleigh pour écrire un vaste poème, son chef-d'œuvre, la Reine des fées (1590-1596), traité systématique de l'idéalisme renaissant. Dans les six premiers chants, Sainteté (le chevalier de la Croix rouge), Tempérance (sir Guyon), Chasteté (Britomart), Amitié (Cambal et Telamond), Justice (Artegall) et Courtoisie (Calidore) incarnent l'idéal aristocratique du protestantisme élisabéthain illuminé par la reine Gloriana. Revenu en Irlande, et marié, il compose Epithalamion (1595), une ode en l'honneur de sa femme, et le Retour de Colin Clout pour sir W. Raleigh. Chassé par les rebelles irlandais de son domaine, il perd les six derniers chants de la Reine des fées. Son Aperçu de l'état présent de l'Irlande, écrit en 1598 et publié en 1633, prône une solution réaliste, inspirée de Machiavel, au problème irlandais. Une harmonie picturale, une réflexion décisive sur les mythes de la justice soulignent la transparence de l'idéalisme renaissant.