Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Maurois (Émile Herzog, dit André)

Écrivain français (Elbeuf 1885 – Neuilly 1967).

Ce brillant élève a pour professeur Alain et en reçoit une influence profonde. Officier-interprète auprès des Britanniques pendant la Grande Guerre, il révèle avec humour leur esprit (les Silences du colonel Bramble, 1918 ; les Discours du docteur O'Grady, 1922) : début d'une carrière à succès. Plus que ses romans (Climats, 1928), ses contes, ses nouvelles ou ses études historiques (Histoire d'Angleterre, 1937 ; Histoire des États-Unis, 1943-1963), restent ses biographies romancées (Ariel ou la Vie de Shelley ; Prométhée ou la Vie de Balzac, 1965).

Mauropous (Jean)
ou Jean Mauropode

Rhéteur et poète byzantin (XIe s.).

Avec Michel Psellos et Jean Xiphilin, il contribua à la réorganisation de l'université de Constantinople et à l'essor de la littérature byzantine. Outre des biographies de saints et des discours, il composa des épigrammes sur des sujets divers, religieux ou profanes, à l'imitation des œuvres de l'Antiquité classique.

Maurras (Charles)

Écrivain et homme politique français (Martigues 1868 – Saint-Symphorien, Indre-et-Loire, 1952).

D'une famille de petits-bourgeois traditionalistes, il quitte sa Provence natale après le lycée, pour mener à Paris la vie de bohème dans les milieux littéraires. Il aimera toujours vivre marginalement, tout en fréquentant volontiers les salons parisiens. En 1888, il adhère au félibrige mais, malgré le soutien de Mistral, les félibres l'écartent, refusant sa conception fédéraliste de la nation. Il est difficile de distinguer entre son œuvre littéraire et ses textes politiques puisqu'il inscrit tous ses ouvrages dans le même projet : la défense d'un conservatisme intransigeant. Le Chemin de Paradis (1895) expose les grandes lignes de son idéal. Partisan d'un néoclassicisme, il critique durement la déraison romantique ; l'art et la morale doivent suivre les règles établies par l'intelligence (Anthinéa, 1901 ; les Amants de Venise, 1902). À partir de 1898, il devient, aux côtés de Barrès, un antidreyfusard acharné, poussant à la haine des Juifs et des intellectuels avec une extrême violence. De ce combat naît l'Action française, une Ligue et un journal (quotidien de 1908 à 1944) ; résolument opposés aux principes républicains, aux Droits de l'homme, ses amis et lui militent pour restaurer la royauté (Enquête sur la monarchie, 1900-1909). Bien qu'il soit agnostique, Maurras se pose aussi en ardent défenseur de l'Église catholique. Il s'engage à fond dans la propagande belliciste pendant la guerre.

   Entre les deux guerres, sa position est menacée. Dans ses poèmes (la Musique intérieure, 1925), sa critique littéraire, il est en décalage avec son temps ; son élection à l'Académie française (1938) ne change rien. Surtout, le Vatican condamne six de ses livres (1926). Il publie alors un vaste exposé de ses idées dans un Dictionnaire politique et critique (cinq volumes, 1932-1933). Mais la restauration de la monarchie paraît de plus en plus chimérique. On comprend qu'il salue comme une « divine surprise » la prise du pouvoir par Pétain en 1940 ; il demande même à Vichy d'aggraver la répression contre les Juifs et les résistants. En 1945, il est condamné à la prison à vie ; malade, il est libéré et meurt peu après en 1952. Un choix de ses Œuvres capitales, préparé de son vivant, paraît en 1954.

Maussac (Jacques de)

Écrivain français (Corneillan v. 1590 – Paris 1650).

Cet humaniste gallican, qui défend, dans la lecture des Anciens, la théorie de la critique philologique d'inspiration chrétienne, soutint, contre la décadence « moderne » et courtisane de l'éloquence, la cause de la République des lettres, en prônant un juste équilibre entre le réformisme érasmien (réédition du Ciceronianus, 1619) et le cicéronianisme « classique » (réédition du Discours contre Érasme, de J. Scaliger, 1620).

mawgun

Genre littéraire birman.

Composés de vers de 14 syllabes, par des auteurs indifféremment religieux ou laïques, les mawgun retracent sur le mode épique les hauts faits accomplis par les rois, les victoires militaires, ou l'édification de pagodes ou de monastères. Leur champ d'inspiration s'élargit à partir du XVIIIe s. : biographies d'ermites ou essais sur la cosmographie. Le premier mawgun est l'œuvre de Shin Thwe Nyo et date de 1472 : il décrit le roi descendant l'Irrawaddy pour aller mater une rébellion. Les autres poèmes célèbres appartenant à ce genre sont dus à Zeya Yandammeit et Shin Than Ko, qui évoqua l'acquisition d'un éléphant blanc par le roi. Le maître incontesté du genre demeure néanmoins le poète Nawadé le Petit (1755-1840).

maxime

Le mot provient de l'expression maxima (sententia), « sentence » et « maxime » renvoyant l'un et l'autre à des énoncés dotés d'un degré de généralité. La maxime est ce que l'on tient ou doit tenir « pour vrai et indubitable ». Si la maxime n'est pas forcément rapportée à un auteur et évoque une vérité générale anonyme, la sentence s'en distinguerait dans la mesure où elle serait, quant à elle, prononcée par quelqu'un, c'est-à-dire par un locuteur autorisé. Selon Laurent Thirouin, la « maxime peut rester latente », « elle est l'instrument opératoire qui fonde les discours ». Si le contenu des maximes et des sentences ne se différencie guère (énoncés moraux, en général), la sentence semble évoquer un style, une voix que la maxime n'implique pas.

   Depuis le XVIe siècle, le genre protéiforme des formes brèves s'est beaucoup transformé, en un temps où l'innovation se fait sur fond d'imitation et donc de citations prélevées chez des auteurs. C'est avec La Rochefoucauld que le mot de maxime s'est imposé pour son recueil (même si le mot est concurrencé par réflexion comme en témoigne le véritable titre de l'ouvrage de La Rochefoucauld : Réflexions ou Sentences et Maximes morales) ; dans sa correspondance, il l'employait davantage que ceux de sentence ou de réflexion. C'est avec lui, donc, que la maxime est apparue dans son originalité fondatrice.

   Selon Francis Goyet, la maxime serait issue du concept logique de maxima propositio employé par Boèce, qui en fait le raisonnement au-delà duquel on ne peut remonter, en somme, une majeure des majeures de tout raisonnement. Selon Francis Goyet, la maxime « ne se connaît pas de supérieur » : elle est approuvée par tous, approuvable surtout sans preuve, sans argument. On voit qu'il est difficile d'établir une distinction satisfaisante entre maxime, sentence, réflexion ou pensée. Il arrive enfin que le terme de pensée serve, notamment dans les compilations posthumes, de titre générique pour désigner toutes sortes de notes morales ou philosophiques, qu'elles aient une valeur intime et qu'elles ne soient pas destinées, dans leur état primitif, à la publication (Pensées et Opuscules de Pascal), ou qu'elles aient une portée universelle sans pour autant justifier un tirage isolé (Pensées philosophiques de Diderot). Mais la maxime en tant que genre spécifique contribuant à renouveler l'analyse morale et psychologique n'est véritablement apparue que dans l'entourage de Mme de Sablé, de Jacques Esprit, de La Rochefoucauld. Tradition reprise au XVIIIe siècle par Chamfort, et sur le plan philosophique par Voltaire et Diderot, la maxime dans sa forme fixe, isolée, n'est plus considérée, aux XIXe et XXe siècles, que comme un genre mineur, une survivance nostalgique des salons de l'Ancien Régime.

   Les thèmes le plus fréquemment abordés par les maximes sont la morale religieuse (Rancé, Maximes chrétiennes sur la vie au couvent), laïque (G. Le Bon, Aphorismes du temps présent), l'édification morale. Leurs auteurs portent généralement un regard sceptique ou cynique sur la vanité des valeurs pour lesquelles l'homme s'agite. D'où le sujet de prédilection : révéler l'envers de la société, dévoiler les motivations profondes du comportement, démystifier les sentiments.