Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
C

Canth (Minna) , née Ulrika Vilhelmina Johnsson

Femme de lettres finlandaise de langue finnoise (Tampere 1844 – Kuopio 1897).

Marquée par la lecture de Taine, Zola et Ibsen, elle introduisit en Finlande le réalisme social et lutta pour les droits des femmes, dans ses récits (Hanna, 1886) et surtout ses drames (la Femme de l'ouvrier, 1885 ; Anna-Liisa, 1895). La Famille du pasteur (1891) montre comment une jeune fille qui veut faire carrière au théâtre se débat contre le conservatisme paternel. Ses pièces furent très jouées, mais se heurtèrent violemment à la morale dominante.

cantiga

Composition poétique médiévale espagnole destinée à être chantée, elle connut son apogée dans la poésie galaïco-portugaise. Dans la cantiga de amor, le cavalier s'adresse à sa dame ; dans la cantiga de amigo, la jeune fille s'adresse à son amoureux. La cantiga de burla est divisée souvent en cantiga de escárnio (plus typique et générale) et en cantiga de maldecir (plus personnelle et satirique). Alphonse X le Sage composa en galicien 420 cantigas en l'honneur de la Vierge.

cantiga de amigo

La cantiga de amigo est l'un des quatre genres de la poésie troubadouresque galaïco-portugaise que distingue l'« Art de composer des vers [Arte de trovar] », fragment d'art poétique placé en tête du Cancioneiro de la Bibliothèque nationale de Lisbonne, l'un des trois principaux recueils avec le Cancioneiro da Ajuda et le Cancioneiro da Vaticana, qui rassemble ces formes lyriques. Elle fleurit au Portugal et en Galice, mais s'étend en dehors de ses frontières linguistiques dans le León, en Castille, en Aragon, de la fin du XIIe à la moitié du XIVe siècle. Dans les cantigas de amigo, la parole est donnée à la dame, qui exprime tous les états émotionnels liés à son amour pour l'ami. Ce sont des compositions d'auteurs masculins mais à tonalité féminine qui participent, avec les jarchas judéo-mozarabes et les Frauenlieder allemands, à un ensemble plus vaste appelé « chansons de femme ». Elles reçoivent des noms différents selon leur thématique propre (l'aube, la mer, la danse, le pèlerinage).

cantiga de escárnio

La cantiga de escárnio est, dans la poésie espagnole et galaïco-portugaise, une composition de nature satirique. Le ton est voilé, ambigu, alors que les cantigas de maldecir (en espagnol) ou de maldizer (en portugais) sont plus ouvertement agressives, souvent violentes et grossières. Ces deux genres trouvent leur correspondant dans les sirventès occitans. Profondément ancrées dans la réalité de l'époque, elles constituent l'envers du lyrisme et de l'idéalisation courtoise.

Cantique des cantiques (le)

Comme son titre hébraïque l'indique (Shir-ha-Shirim), c'est le Cantique par excellence, le plus beau cantique. Le Cantique des cantiques se présente comme un recueil de chants d'amour, à l'origine probablement destinés à la célébration des noces. Ces chants – on en compte cinq – sont un dialogue entre un Bien-aimé et une Bien-aimée qui se joignent et se perdent, se cherchent et se trouvent. Le Cantique des cantiques exprime la passion de l'amour humain, pourtant il a suscité le plus d'interprétations diverses. La plus connue est celle dite « allégorique », qui voit en lui une célébration des noces mystiques de Yahvé avec Israël. Cette interprétation a été adoptée par les chrétiens : au nom de Yahvé, ils ont substitué celui du Christ, et, au nom du peuple d'Israël, celui de l'Église. Ainsi dans les 83 sermons que saint Bernard a consacrés à son exégèse, le Cantique célèbre le mariage mystique du Christ avec l'Église.

Cantù (Cesare)

Écrivain et homme politique italien (Brivio, Côme, 1804 – Milan 1895).

Historien lombard dont les idées néoguelfes évoluèrent, après 1848, dans un sens résolument antilibéral et moraliste, il obtint un vif succès avec ses romans (Margherita Pusterla, 1838), ses nouvelles (Nouvelles de la Brianza, 1883) et ses œuvres historiques.

Cao Xueqin

Écrivain chinois (Nankin, 1715 ? – Pékin, 12 février  1763).

De son vrai nom Cao Zhan, il descend d'une famille Han qui fut au service des Mandchous jusqu'en 1627, avant d'être ruinée. Adulte, Cao Xueqin vécut à Pékin et connut la misère jusqu'à sa mort, ne devant sa subsistance qu'à ses qualités de peintre et de poète. Dix ans durant, s'y reprenant à cinq fois, il se consacra à son œuvre unique, le Rêve dans le pavillon rouge, qu'il laissa inachevé. Également intitulé Mémoires d'une pierre, ce roman circula de son vivant sous forme de manuscrits qui reçurent les commentaires d'un proche parent, intitulé Zhiyanzhai, « Pierre à encre vermillon ». Sa première édition typographique date de 1791. Elle propose le texte en 120 chapitres, dont les 40 derniers, qui en infléchissent le propos en lui donnant une fin moins tragique que celle imaginée par Cao, sont attribués à Gao E (1763-1815). À la fois saga familiale défiant toute tentative de résumé, récit encyclopédique peignant avec une vivacité et une justesse de ton rares, la société chinoise dans son ensemble et décrivant avec un luxe de détail les coutumes d'une époque, le Rêve est unanimement considéré comme le plus grand roman chinois. C'est assurément lui qui a définitivement hissé la langue vulgaire (baihua) au rang de langue littéraire. L'œuvre dans laquelle on peut lire aussi une satire séditieuse du pouvoir mandchou régnant est surtout une fresque romanesque prenante. Quelles que soient ses attentes, le lecteur reste fasciné par la multiplicité des personnages, la vivacité des dialogues, la profusion des descriptions et l'enchevêtrement des intrigues qui s'organisent autour du destin amoureux d'une poignée de personnages centraux émergeant avec une force évocatrice irrésistible. C'est avant tout le personnage de Jia Baoyu qui ressort. Cet adolescent prodige, aussi peu enclin à devenir fonctionnaire comme ses ancêtres qu'à imiter ses aînés en se livrant à la débauche, il préfère partager l'intimité oisive des jeunes filles, sœurs, cousines, servantes de la maison, évoluant dans le monde clos et apparemment paradisiaque du « Parc aux sites grandioses ». Amoureux fou de sa maladive cousine Lin Daiyu, qui meurt de désespoir, il est contraint d'épouser Xue Baochai, une autre cousine, avant de décider de se faire moine quand il prend conscience de la vacuité des choses terrestres. Le plus étudié des romans chinois reste le modèle encore jamais égalé du roman-fleuve à la chinoise. Son message fondamental en faveur de la liberté de chacun à choisir son destin, et surtout de l'égalité entre les sexes, lui confère une portée universelle.