Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Pelevine (Viktor Olegovitch)

Écrivain russe (Moscou, 1967).

Ses récits sont publiés à partir des années 1980. Se considérant lui-même comme un auteur « postmoderniste », dans sa vie comme dans ses romans, il brouille les frontières entre le réel et le fantastique : les personnages de la Vie des insectes (1993) existent à la fois en tant qu'êtres humains et en tant qu'insectes. Pour lui, le réel, l'Histoire, est une fiction en train de s'écrire sous nos yeux. Ainsi la perestroïka serait la conséquence de la transplantation d'une femme de ménage dans un roman de Tchernychevski (le Neuvième Songe de Vera Pavlova, 1992). De même, le héros de la Mitrailleuse d'argile (1996) est à la fois un poète du début du siècle et un patient d'un hôpital psychiatrique soigné pour « dédoublement d'une fausse personnalité » ; les méandres de l'Histoire le conduisent à rencontrer Tchaapaïev, un des héros de la littérature soviétique d'édification...

Pelin (Dimitar Ivanov Stojanov, dit Elin)

Écrivain bulgare (Bajlovo 1877 – Sofia 1949).

Il publia ses premiers recueils de récits à partir de 1904 : dominés par un rythme lent, apaisé, ils irradient la douceur du paysage bulgare, dessinent l'âme de ses habitants, saisis dans un moment crucial de leur vie, révélant leur mystère personnel ; beaucoup parmi eux sont des rêveurs, tel le grand-père de la Colline du Saint-Sauveur, croyant au miracle qui guérira son petit-fils, ou ces faucheurs qui, réunis autour du feu, se racontent des contes de fées, ou encore l'oncle Goran, de Rêveurs, qui veut transformer le monde. Une des caractéristiques de son style est la qualité de son humour léger, enveloppant ses héros d'un halo radieux qui colore la misère humaine : ainsi de l'histoire du père Mathieu, qui, après sa mort, renonce au paradis, craignant l'absence de son bistrot, ou l'aventure d'un homme et d'une femme qui se rencontrent sur les tombes voisines de leurs époux et finissent par réunir leurs deux solitudes. Une des œuvres les plus mûres d'Elin Pelin est la nouvelle les Gerak (1911), qui ressuscite le paradis perdu de la zadrouga slave, où, réunies autour du patriarche, plusieurs familles vivaient et travaillaient, solidaires et fraternelles (la Terre, 1928). Quant au cycle de récits Sous la treille du monastère (1936), il recrée des légendes, des vies de saints bulgares. Auteur de poèmes et de récits pour enfants, Elin Pelin a écrit également un des premiers romans fantastiques bulgares, Jan Bibian sur la lune (1934).

Pellegrini (Aldo)

Poète argentin (Rosario 1903 – Buenos Aires 1973).

Traducteur de Lautréamont, d'Artaud et de Trakl, animateur des revues Que (1928-1930), Cielo (1948), A partir de cere (1950), il fut le fondateur du premier groupe surréaliste de langue espagnole (1926). Critique ouvert à toutes les tendances de l'avant-garde artistique, attentif à l'expression poétique (Anthologie de la poésie surréaliste, 1961), il est l'auteur de poèmes qui témoignent d'une exigence éthique (Construction de la destruction, 1957 ; Distribution du silence, 1967).

Pellerin (Jean)

Poète français (Pontcharra, Isère, 1885 – Le Châtelard 1921).

Poète de l'« école fantaisiste », il en a toutes les qualités – humour tendre, raffinement et légèreté des formes prosodiques, modernisme de l'expression, mélange de trivialité et d'émotion, de sourire et de crispation – tant dans sa poésie (la Romance du retour, 1921 ; le Bouquet inutile, 1923) que dans ses romans (la Jeune Fille aux pinceaux, 1919 ; Tartine, 1923). On lui doit des pastiches (le Copiste indiscret, 1919).

Pellicer (Carlos)

Écrivain mexicain (Villahermosa 1899 – Mexico 1977).

Membre très influent du groupe Los contemporáneos, il fut d'abord un poète sensuel à la technique d'avant-garde (Couleurs en mer et autres poèmes, 1921 ; Pierre de sacrifice, 1924) avant de revenir à des formes plus classiques (Heure de juin, 1937 ; Pratique du vol, 1956 ; Matériel poétique 1918-1961, 1961) et à un ton intimiste marqué par l'inquiétude religieuse (Avec des mots et du feu, 1963 ; Teotihuacán et 13 août : ruine de Tenochtitlán, 1965 ; Réincidences, 1979).

Pellico (Silvio)

Écrivain italien (Saluzzo 1789 – Turin 1854).

Patriote, marqué lors d'un séjour en France (1800-1809) par les idées des Lumières et de la Révolution, ayant adhéré à la charbonnerie, il fut arrêté et incarcéré sous les Plombs de Venise, puis condamné à mort. Il vit sa peine commuée en quinze années de cachot dans la forteresse autrichienne du Spielberg, à Brno : expérience qu'il traduisit dans Mes prisons (1832) et qui fit de lui l'incarnation de la liberté et de l'identité italiennes opprimées par l'étranger. Un livre qui déconcerta, car de l'épreuve politique et humaine Pellico tira une œuvre non de combat mais de paix et de charité. On lui doit aussi des tragédies : Francesca da Rimini (1815), qui fut traduite par Byron, et Corradino (1834).

Pellisson (Paul)

Homme de lettres français (Béziers 1624 – Paris 1693).

Protestant, il se fit remarquer par son Histoire de l'Académie (1653), document irremplaçable sur la naissance de l'institution. Poète banal dans la tonalité galante de l'époque, il fut le vrai théoricien et critique de la galanterie, faite d'élégance, de naturel, de variété et d'enjouement, au travers de sa préface (1656) aux poésies de J.-F. Sarasin. Devenu, par ses capacités administratives autant que littéraires, homme de confiance du financier et mécène Fouquet, il fut embastillé lors de sa disgrâce, et écrivit en prison ses Discours et Mémoires pour Fouquet (1661-1666). Libéré, grâce notamment à l'intervention de Mlle de Scudéry, dont il était l'ami et dont il anima les «  samedis  », il se convertit au catholicisme, et joua un rôle important dans les abjurations des réformés obtenues au moyen de la «  Caisse des conversions ».

Peltonen (Juhani)

Écrivain finlandais (Hensinski 1941).

Après avoir débuté en tant que poète, il trouve son style personnel dans l'écriture de nouvelles (Mélodie aquatique, 1965), genre peu pratiqué en Finlande où l'on préfère les grandes fresques romanesques ou les chroniques historiques. Virtuose de la langue, il utilise des jeux de mots, des onomatopées et des calembours pour parodier des mythes, comme dans les exploits du grand sportif Elmo, 1978. Le titre de son roman le Deuil le plus gai, 1986, évoque le ton à la fois mélancolique et gai avec lequel il aborde ses thèmes préférés : la solitude, la mort, l'absurdité du monde contemporain.