Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

Higuchi Ichiyo (Higuchi Natsu, dite)

Romancière japonaise (Tokyo 1872 – id. 1896).

C'est en 1889, à la mort de son père, que la jeune Ichiyo, initiée dès l'enfance à la tradition poétique du waka, prend la décision de vivre de sa plume. En 1892, elle fut remarquée par son Arbre enfoui dans le sol. Collaboratrice, dès 1893, du groupe Bungakkai (le Monde littéraire), elle manifeste ses dons d'une façon éclatante dans une série de nouvelles Le 31 décembre, 1894 ; la Baie trouble, 1895 ; la Nuit de la treizième lune, 1895 ; le Chemin des adieux, 1896 – et surtout Qui est le plus grand ?, (1895-1896), qui peint, dans le Tokyo pittoresque et miséreux des faubourgs, la beauté mélancolique des amours enfantines. Ses œuvres sont remarquables par une pénétration psychologique étonnante et le frémissement d'une sensibilité affinée par les épreuves de sa vie (pauvreté, maladie, amours déçues). Elle mourut de tuberculose à 24 ans, laissant un Journal de plus de 40 volumes (1887-1896), considéré comme un véritable chef-d'œuvre littéraire.

hikayat

Genre littéraire malais et acihais.

Le terme hikayat vient de l'arabe, mais alors qu'il signifie dans cette langue « courte anecdote en prose », il a pris en malais le sens de « longue histoire en prose » et en acihais celui de « longue histoire en vers ». Les hikayat malais sont généralement anonymes et leur date de composition n'est pas indiquée (si un manuscrit comporte une date, il s'agit de celle de la copie et non pas de celle de la création de l'œuvre). Dans l'état actuel des recherches, le plus ancien hikayat malais serait Hikayat Muhammad Hanafiyyah (Histoire de Muhammad Hanafiyyah), datant du XIVe s. et qui serait la traduction d'un texte persan. Certains hikayat malais sont des originaux, chroniques mi-légendaires, mi-historiques comme Hikayat Raja Pasai (Histoire des rois de Pasai), épopées (Hikayat Hang Tuah), contes (Hikayat Pelanduk Jinaka), d'autres sont des adaptations, Hikayat Sri Rama (adaptation du Ramayana, Hikayat Pandawa Jaya, adaptation du Mahabharata, Hikayat Panji Semirang, l'une des adaptations d'histoires en javanais ayant pour héros Panji – ou des traductions. Beaucoup ont un caractère religieux marqué : on trouve ainsi des hikayat qui relatent les divers moments de la vie de Mahomet (Hikayat Nur Muhammad [Histoire de la lumière de Mahomet]) ou qui ont pour personnages les compagnons du Prophète (Hikayat Tamin Ad-Dari), les propagateurs ou les héros de l'islam (Hikayat Iskandar Zulkarnain, Hikayat Amir Hamzah).

Hikmet (Nazim Hikmet Ran, dit Nazim)

Écrivain turc (Salonique 1902 – Moscou 1963).

Fils d'un haut fonctionnaire, également directeur de journal, il abandonna ses études supérieures à l'École navale pour raison de santé et partit, à 19 ans, pour Moscou, où, tout en étudiant la sociologie et l'économie, il connut le futurisme, Maïakovski, Eisenstein, Meyerhold. Cette période (1922-1925) sera déterminante et pour sa vision du monde et pour sa poésie. Selon les circonstances de son engagement de militant communiste, sa création littéraire connaît différentes phases. Après avoir employé le hece (vers syllabique), il devient, sous l'influence de Maïakovski, le plus grand représentant turc du vers libre (la Joconde et Si Ya-U, 1929). Tour à tour condamné, emprisonné, libéré, il publie un roman en vers (Pourquoi Benerdji s'est-il suicidé ?, 1932), suivi de Lettres à Taranta Babu (1936) et de l'Épopée du Cheikh Bedreddine (1936), avant d'être réincarcéré de 1938 à 1950 : au cours de sa détention à la prison de Brousse, il écrit une sorte de chronique du peuple turc (De l'espoir à vous faire pleurer de rage – Lettres de prison, publié en 1968), où l'évocation de l'épreuve individuelle l'emporte sur l'expression idéologique. Avec Paysages humains de mon pays (1965-1967), composé à la prison de Brousse entre 1942 et 1945, c'est la « géographie de l'âme » que le poète tente d'élaborer à travers l'évocation des luttes pour la survie et l'indépendance nationales en 1919-1922 et de la peinture de la vie quotidienne d'un pays livré à la misère et à l'oppression, en utilisant un vers libre qui enveloppe dans un souple mouvement narratif le destin collectif des obscurs héros de tous les jours. À partir de 1950, alors qu'il séjourne en U.R.S.S., il écrit des récits de voyage et évoque ses liens avec son pays natal, sous une forme poétique très inspirée par le surréalisme (C'est un dur métier que l'exil, 1957 ; le Nuage amoureux, 1962 ; les Romantiques, 1964). Il a laissé aussi des pièces de théâtre (le Crâne, 1932 ; Ivan Ivanovitch a-t-il existé ?, 1956). Longtemps considéré comme un auteur maudit, il a été réintégré dans le panthéon littéraire en 2001 et figure désormais au programme des lycées en Turquie.

Hilaire de Poitiers (saint)

Père de l'Église latine (Poitiers v. 315 – id. 367).

Évêque de Poitiers, il s'attaqua aux évêques ariens de Gaule et fut exilé par l'empereur Constance en Phrygie, où il découvrit la théologie grecque. Dans ses ouvrages dogmatiques (notamment le De Trinitate), il définit avec vigueur la position de l'Église face aux hérésies. Il composa aussi des Hymnes qui font de lui le créateur de l'hymnodie chorale de langue latine.

Hildebert de Lavardin
Hildebert du Mans

Poète français de langue latine (Lavardin v. 1055 – Tours 1133).

Écolâtre, évêque du Mans (1097) puis archevêque de Tours (1125), il fut un défenseur de la réforme grégorienne. Son œuvre abondante se compose de lettres, de vies de saints, de sermons, de traités historiques et de poèmes élégiaques (sur Rome) qui témoignent de sa virtuosité rythmique. Son activité religieuse et sa culture classique en font l'un des meilleurs représentants de l'humanisme chrétien du XIIe siècle.

Hildegard von Bingen

Religieuse allemande (Bermersheim 1098 – Rupertsberg 1179).

Abbesse depuis 1136, elle fonda en 1147 le couvent de Rupertsberg, près de Bingen. Par ses écrits de style prophétique (Liber scivias, 1141-1151), sa correspondance et ses nombreux voyages (en France, en Basse-Rhénanie et dans le sud de l'Allemagne), elle s'engagea pour la réforme de la vie religieuse, menacée de corruption. Cette visionnaire, la première en date des mystiques allemandes, a aussi laissé une œuvre médicale et scientifique (Physica, causae et curae), des chants religieux (Symphonie des veuves) et un Ordo virtutum contenant les éléments d'un « mystère ».