Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
P

Pizarnik (Alejandra)

Poétesse argentine (Buenos Aires 1936 – id. 1972).

Elle revisita les traditions romantique, symboliste et surréaliste, depuis son premier recueil (la Terre la plus étrangère, 1955) jusqu'aux derniers (Extraction de la pierre de folie, 1968 ; l'Enfer musical, 1971), où elle continue de crier sa solitude et son angoisse devant la vie. Son œuvre poétique la place indubitablement parmi les plus grandes figures de la poésie argentine et fait d'elle l'une des voix les plus représentatives et les plus influentes de sa génération.

Pizzuto (Antonio)

Écrivain italien (Palerme 1893 – Rome 1976).

Romancier d'avant-garde, il évolua, de ses premiers récits autobiographiques, vers un type de narration purement musicale à travers une syntaxe, proche du grec classique et du chinois, débarrassée de ses articulations traditionnelles (Signorina Rosina, 1956 et 1959 ; On répare les poupées, 1960 ; Ravenne, 1962 ; Testament, 1969 ; Derniers Carnets de notes, 1975 ; Dernières et avant-dernières, 1978).

Pla (Josep)

Écrivain espagnol d'expression catalane et castillane (Palafrugell 1897 – Llofrin, Gérone, 1981).

Souvent correspondant de presse à l'étranger entre 1919 et 1939, il retrace ses expériences dans Choses vues (1925-49), Lettres de lluny (1928), Lettres méridionales (1929), Lettres d'Italie (1955). Il ne se désintéresse pas pour autant de la Catalogne, comme en témoignent par exemple les deux volumes consacrés au dirigeant politique Francesc Cambó (1929-1930) ou, dans un autre registre, son récit Voyage en Catalogne (1934). Josep Pla quitte la Catalogne républicaine au début de la guerre civile et, après la victoire franquiste, revient s'installer dans son petit domaine de Palafrugell. Il publie un temps en castillan : d'abord Histoire de la IIe République espagnole (1940-1941), et quelques ouvrages sur des sujets touristiques ou artistiques. S'il est vrai, comme il le considérait, que « le devoir d'un écrivain est d'observer, de raconter, d'exprimer son époque », c'est là une tâche qu'il aura pleinement remplie, avec ses récits (El vent de garbí, 1952), ses romans (El carrer estret, 1951 ; l'Héritage, 1972), souvenirs de jeunesse qu'il a tirés de son journal des années 1918-1919 (le Cahier gris, 1966), et, surtout, la série des Homenots (9 vol., 1958-1962), portraits originaux des nombreuses personnalités catalanes qu'il fût donné de rencontrer à cet écrivain déconcertant et proprement inclassable.

Plaatje (Solomon Tshekiso)

Écrivain et journaliste sud-africain de langues tswana et anglaise (Pniel 1876 – Kimberley 1932).

Élevé dans une mission protestante allemande, il est l'interprète de Baden Powell lors du siège de Mafeking en 1899 : le récit qu'il en tira, demeuré inédit durant un siècle, est un excellent reportage sur les relations raciales de cette époque. Il fonde de grands espoirs sur les droits constitutionnels que la Couronne britannique peut concéder aux Africains noirs. En 1912, il devient le premier secrétaire général du Southern African National Congress, précurseur de l'ANC. La loi foncière de 1913 qui réserve la plupart des terres aux Blancs marque le début de la politique d'exclusion des Noirs. Plaatje entreprend une campagne de presse et une tournée de conférences en Grande-Bretagne et aux États-Unis pour dénoncer le caractère inique de cette loi et en signaler lucidement les conséquences néfastes dans le Problème foncier indigène en Afrique du Sud (1916). Militant de la culture et de la langue tswana, il traduit Shakespeare (première traduction du grand élizabéthain dans une langue africaine). Les dernières années de sa vie sont consacrées à un combat politique et social de plus en plus désabusé. Il écrit Mhudi (1930) en anglais, roman d'une utopie conjugale africaine et d'une société de l'amitié interaciale qui attendra la fin du XXe siècle pour connaître le succès.

Placides et Timeo
(ou Li secrés as philosophes)

Encyclopédie en prose anonyme (2e moitié du XIIIe s.), sous forme d'un dialogue entre le philosophe Placides et son élève, le prince Timeo. Les questions et réponses forment une succession de traités sur les sujets les plus divers : la métaphysique, la reproduction (avec une compétence médicale non dénuée de bizarreries), la météorologie, les sciences naturelles, l'astrologie, la cosmographie, la médecine, etc. Maximes et conseils achèvent l'ensemble.

Planude (Maxime)

Écrivain byzantin (Nicomédie v. 1260 – Constantinople 1310).

Érudit passionné de culture latine, il fut ambassadeur à Venise (1296). Il a laissé de nombreuses études consacrées aux écrivains classiques, des traductions en grec de César, Cicéron, Ovide, des traités théologiques contre l'Église romaine (les Quatre Syllogismes). Son recueil d'épigrammes grecques (Anthologie planudéenne), composé de poèmes empruntés aux anthologies d'Agathias et de Képhalas, et choisis en fonction de préoccupations morales, connut un très grand succès en Orient, et en Occident, de l'édition de Jean Lascaris (1494) à celle d'Henri Estienne (1566), elle servit de modèle ou de catalyseur d'inspiration aux poètes humanistes et renaissants (Muret, Ronsard, Baïf). Il a laissé une intéressante correspondance (121 lettres écrites entre 1292 et 1300).

Platen (August Platen-Hallermünde, comte de)

Poète allemand (Ansbach 1796 – Syracuse 1835).

Il abandonne sa carrière d'officier et vit en Italie à partir de 1826. Puritain déchiré, mais fidèle à ses tabous, il tente de sublimer son éros dans l'art, l'amitié et la poésie et de trouver la voie d'un classicisme pur et intemporel, inspiré de l'Antiquité et de l'Orient (Ghasels, 1821 ; Sonnets de Venise, 1825 ; Poèmes, 1828). Ses hymnes aux insurgés polonais marquent la poésie du Vormärz. Son lyrisme fiévreux et son culte de la forme se retrouvent dans l'esthétique « fin de siècle » de George, de Rilke, de Thomas Mann.

Plath (Sylvia)

Femme de lettres américaine (Boston 1932 – Londres 1963).

Elle a raconté dans son roman, la Cloche de détresse (1966), une première tentative de suicide et ainsi anticipé sa propre mort trois ans plus tard. D'un talent précoce, elle remporta plusieurs prix de poésie et épousa le poète britannique Ted Hughes (le Colosse, 1960). Ariel (1965), Trois Femmes (1968), Traversée (1971), Arbres en hiver (1971), ses lettres et ses nouvelles ont été publiés sous sa direction. Obsédée par la mort, tentant d'atteindre à une illumination à travers la perception de l'objet, elle dit sur le ton de la confession l'angoisse des oppressions familiales, de la condition féminine et de ses fantasmes.