Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

Hus (Jan)

Réformateur religieux et écrivain tchèque (Husinec, Bohême, v. 1371 – Constance 1415).

Prédicateur inspiré par la doctrine du réformateur anglais Wycliffe, il lutta contre la simonie et les abus de la hiérarchie. Cité devant le concile de Constance (1414), il fut condamné pour hérésie et brûlé vif. Son martyre déclencha les « guerres hussites » (1419-1436). Si ses premiers écrits sont rédigés en latin (De sanguine Christi, 1405 ; Postilla de sanctis, 1408-1412 ; De Ecclesia, 1413), c'est en tchèque qu'il publiera les suivants pour être lu de ses compatriotes (Neuf Pièces d'or, 1410 ; Explication de la foi, des dix commandements de Dieu et du Notre-Père, 1412 ; l'Essentiel de la doctrine chrétienne, 1414). Il a également laissé des Lettres adressées à ses amis avant son martyre. Réformateur de la langue littéraire, il est très probablement l'auteur du manuel De orthografia bohemica (vers 1410), qui introduisit une réforme diacritique de l'orthographe tchèque.

Husayn (Taha)

Écrivain égyptien (Maghâgha 1889 – Le Caire 1973).

Aveugle à 3 ans, il fit néanmoins de brillantes études au Caire et à la Sorbonne (il obtint, en 1917, un doctorat sur Ibn Khaldûn). Professeur (1925) puis doyen (1935) de la faculté des lettres du Caire, ministre de l'Éducation (1950-1952), directeur du département culturel de la Ligue arabe (1955), président de l'Institut d'Égypte (1963), président de l'Académie du Caire (1963), surnommé « 'Amîd al-adab al-'arabî » (Doyen des Lettres arabes), il est l'un des écrivains arabes les plus renommés. Sa critique des idées reçues lui valut d'être souvent controversé : Fî l-chi'r al-jâhilî, « la Poésie antéislamique » (1926), qui mettait en cause l'authenticité de cette poésie, provoqua des remous au Sénat et chez les ulémas et le fit radier un temps de l'Université. S'attachant aux poètes originaires du sud de l'Arabie, Imru' al-Qays entre autres, que la tradition rattache à Kinda, il y relève que son parler, pas plus que celui des autres poètes, n'offre de différence significative avec celui du Coran, où la tradition retrouve l'idiome des Quraych. Ignorant l'hypothèse d'une koïnè, ou parler commun spécialisé dans telle ou telle fonction, en l'espèce dans la fonction poétique, il considère le gros des poèmes djahilites comme interpolés. Dans le cas d'Imru' al-Qays, le « roi errant », il ramène son histoire légendaire à des événements de l'époque omeyyade, dont Ibn al-Ach'ath, personnage historique, fut alors le héros. Ce transport à la poésie arabe la plus ancienne de l'hypercritique qui domina un certain temps en Europe la « question homérique » vaut surtout par son ingéniosité. La principale contribution de Tâhâ Husayn réside dans son évocation d'un premier essor culturel de l'Arabie du Nord-Est, un siècle avant le Coran. Son attaque contre les valeurs reçues souleva la réaction du conservatisme religieux, politique et culturel. Il eut beau adoucir sa thèse dans une réédition au titre modifié (Fî l-adab al-jâhilî [De la littérature préislamique]), il n'évita pas une polémique à laquelle participèrent notamment Khidr Husayn, Mustafâ Sâdiq al-Rafi'î et Lutfî Jum'a. Le Parlement lui-même s'en émut et l'auteur en aurait gravement pâti dans sa carrière sans la protection des libéraux-constitutionnels et de leur président 'Adli Yeken.

   Tâhâ Husayn est l'auteur d'une remarquable autobiographie en trois volumes (le Livre des jours, 1929-1967), de romans (l'Appel du courlis, 1934 ; Adîb, 1935) et de nouvelles marqués par ses préoccupations sociales (les Persécutés de la terre, 1949), d'essais (Causeries du mercredi, 1926 ; Hafiz et Chawqi, 1933), de relations de voyages (En été, 1933 ; Voyage de printemps, 1948) et d'ouvrages renouvelant la pensée islamique.

Husayn ibn al-Dahhak (al-Bahili al-)

Poète arabe (Bassora v. 767 ou 779 – Bagdad 864).

Il représente le type à peu près parfait du poète de cour. Lié aux califes de Bagdad et à leur entourage, il s'adonna aux panégyriques, aux chansons à boire et, surtout, aux pièces de circonstance, où il développe avec simplicité et bonheur des thèmes aussitôt mis en musique.

Husri (Abu Ishaq Ibrahim ibn Ali al-)

Écrivain arabe (mort à al-Mansuriyya 1022).

Poète et prosateur non dénué de finesse, il est surtout connu pour un ouvrage sur l'amour, conçu sur le mode d'un dialogue, et par trois ouvrages dits d'adab, collections de poèmes et d'anecdotes, savamment organisés.

Hussards (les)

Les Hussards ne sont pas une école ni un mouvement à manifeste, mais un groupe d'écrivains et d'amis qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ont exprimé à leur manière le désespoir lucide d'une génération désenchantée. Contre un certain conformisme didactique et militant de l'époque – l'humanisme, l'existentialisme (Paul contre Jean-Paul de J. Laurent, 1951), la notion d'engagement –, ils cultivent l'humour, l'insolence, la désinvolture des manières et du style, et insistent sur la gratuité du métier des lettres, prenant la vie à bras le corps – « à la hussarde », c'est-à-dire vite et violemment. Le dandysme esthète qu'ils affichent, s'il peut choquer, dit aussi leur amour d'absolu et de pureté, fût-il illusoire. Classés dans la catégorie des écrivains de droite, ils se proposent des modèles (Stendhal, Gobineau, Morand, Bernanos – « le grand d'Espagne » selon Nimier –, André Fraigneau) et se reconnaissent un chef de file, Nimier, empruntant leur nom au titre de son roman le Hussard bleu (1950). Michel Déon, le père du « jeune homme vert », Antoine Blondin, Jacques Laurent, Kléber Haedens, Félicien Marceau et son « insolente liberté » ont ainsi préfiguré, par le refus nostalgique de leur époque, le « néoromantisme » des années 1970-1980. Sous leurs dehors légers, ces jeunes gens en colère, ou bien secrètement lassés, ont donné des exemples d'un style classique à la française, abouti et efficace.

Hussein (Ebrahim)

Dramaturge et poète tanzanien de langue swahili (Kilwa 1943).

Il appartient à une grande famille musulmane de la côte. À l'université, il se fait connaître comme acteur et comme poète. Sa pièce Kinjeketile, publiée et jouée en 1969, est devenue la pièce tanzanienne la plus célèbre. Elle est pourtant une sombre méditation sur le pouvoir et la révolution, qui paraissent en partie fruit d'une aliénation. Il traduit lui-même son texte en anglais, et donne ensuite une série de pièces, dont Démons (1969) et le Mariage (1980), qui l'établissent comme un maître de la prose poétique et dramatique swahili, auteur de référence pour tous les programmes scolaires. Professeur à l'université tanzanienne, il démissionne et renonce à publier en 1990, tout en continuant à vivre et à écrire de la poésie dans un quartier populaire de Dar es-Salaam.