Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Honduras

Parvenu à l'indépendance en 1821, le Honduras ne forma un État autonome qu'après la dissolution de la fédération centre-américaine (1839). La poésie néoclassique est représentée par José T. Reyes (1797-1855) et les principales figures du modernisme sont Juan Ramón Molina (1875-1908) et Froilán Turcios (1878-1943), suivis par Rafael H. Valle puis par des poètes comme Medardo Mejía, Clementina Suárez, et la « génération de 1935 » (Claudio Barrera, Jacobo V. Cárcamo, Daniel Laínez). Les courants contemporains sont illustrés par le poète Roberto Sosa (né en 1930), certainement le plus réputé des écrivains honduriens, et par Rigoberto Paredes, Carlos Manuel Arita, Oscar Acosta, Raul Elvir.

   La prose se développe à partir de 1920, grâce à l'action du groupe « Renovación » et autour de revues comme Ariel. Le criollismo est bien représenté (Marcos Carías Reyes, Emilio Murillo). Le courant du « cosmopolitisme » est surtout illustré par A. Martínez Galindo et ses nouvelles psychologiques. Autour de la revue Tegucigalpa, la génération dite « de la dictature » cultive un criollismo conservateur (1933-1949). Dans les années 1950, les frontières du pays s'ouvrent aux littératures étrangères ; de nouvelles revues voient le jour, comme Extra, où écrivent Victor Cáceres Lara, Eliseo Pérez Cadalso ou Alejandro Castro. Les « nouveaux cosmopolites » montrent qu'ils ont retenu les leçons de Freud ou de Borges (Santos Juárez Fiallos, Oscar Acosta).

   Dans les années 1960, les groupes « Vida nueva » et « Taunka » s'efforcent de promouvoir une nouvelle littérature, dont les chefs de file sont Eduardo Bahr et Julio Escoto : ils rompent définitivement avec le courant criollo pour s'intégrer aux tendances modernes, qui sont celles du continent sud-américain tout entier, et sont suivis dans leurs efforts pour donner au Honduras une littérature comparable en valeur à celle des grands pays de l'Amérique latine par Marcos Carías Zapata (la Mémoire et ses conséquences, 1976). Parallèlement, la vie littéraire, étroitement liée aux vicissitudes politiques, voit poindre une nouvelle génération d'écrivains engagés, dont les plus importants semblent être Roberto Castillo (né en 1950), Edilberto Borjas, José P. Barahona : le Honduras est ainsi sur le point de rompre son isolement littéraire et culturel, qui explique en grande partie la situation mineure du roman, alors que la poésie et la nouvelle y ont fleuri depuis les origines de la République.

Hongrie

Les premiers monuments de la langue magyare sont l'Oraison funèbre, libre traduction d'une oraison latine datant de 1150 environ, et la Complainte de Marie (vers 1300). Le courant humaniste, issu de la Renaissance et inauguré par l'évêque Janus Pannonius (qui, bien qu'ayant écrit en latin, reste la première grande figure de la littérature hongroise), et l'influence exercée par la Réforme aboutissent à l'extension de l'usage du hongrois comme langue littéraire. Dès lors émergent les noms du fabuliste Gáspár Heltai (1520-1574), du poète S. Tinódi (1510-1556), de l'humaniste Péter Bornemisza (1535-1584) et, surtout, du poète Bálint Balassa (1554-1594). Le XVIIe siècle voit l'éclosion de la littérature baroque avec Miklós Zrínyi (1620-1664) et István Gyöngyösi (1629-1704). Le cardinal Péter Pázmány (1570-1637) se distingue par ses écrits religieux et polémiques. Au XVIIIe siècle, la poésie est représentée par László Amade (1703-1764) et le jésuite Ferenc Faludi (1704-1779), la littérature épistolaire, par Kelemen Mikes (1690-1761), compagnon d'exil de Rákóczi dont les partisans (les kuruc) conservent dans leurs chansons un lyrisme populaire. La véritable renaissance débute à l'époque de Marie-Thérèse et coïncide avec une réforme profonde de la langue hongroise. György Bessenyei (1747-1811), membre de la garde de l'impératrice, et József Kármán (1769-1795), qui séjourna longtemps à Vienne, tout en demeurant attachés aux formes classiques, se tournent vers les sujets nationaux. Des édits promulgués entre 1790 et 1792 introduisent l'usage du hongrois dans l'administration et la justice, ainsi que son enseignement obligatoire dans toutes les écoles secondaires et supérieures du pays. La littérature profitera de cette réforme, dont Ferenc Kazinczy (1759-1831) est l'un des principaux artisans. Devançant la prose, la poésie s'illustre de plusieurs talents de marque, comme János Bacsányi (1763-1845), Mihály Csokonai (1773-1805) ou Dániel Berzsenyi (1776-1836), qui établissent les bases de la poétique hongroise. Dans la première partie du XIXe siècle, l'esprit novateur et national s'affirme toujours davantage avec Károly Kisfaludy (1788-1830), chef de file du romantisme hongrois, dont l'apogée, au théâtre, est marqué par le Bánk bán (1815) de József Katona (1791-1830), tragédie anti-allemande. D'autres poètes, comme Ferenc Kölcsey (1790-1838) et Mihály Vörösmarty (1800-1855), contribuent également au développement du sentiment national, porté à son paroxysme avec l'œuvre de Sándor Petöfi (1823-1849), tandis que János Arany (1817-1882) puise les sujets de ses poèmes épiques dans l'histoire de la nation. L'écrasement de la révolution de 1848 est douloureusement ressenti par les poètes (Mihály Tompa, 1817-1868), les romanciers (Mór Jókai, 1825-1904) et les auteurs dramatiques comme Imre Madách (1823-1864). Le compromis avec l'Autriche (1867) ouvre une période de réalisme. Si les poètes lyriques de cette période évoluent vers l'impressionnisme, puis vers le symbolisme – ainsi János Vajda (1827-1897), Gyula Reviczky (1855-1889) –, la prose, réaliste, se développe, à l'imitation de Kálmán Mikszáth (1847-1910), autour d'anecdotes à fond philosophique : ainsi de Sándor Bródy (1863-1924), Géza Gárdonyi (1863-1922), célèbre également pour ses romans historiques, István Tömörkény (1866-1917), Zoltán Ambrus (1861-1932), Ferenc Herczeg (1863-1954). Une nouvelle période de la littérature hongroise commence avec la fondation (1908) de la revue Nyugat (« Occident »), qui combat le conservatisme à tendance populiste hérité du XIXe siècle. Les plus grandes figures de Nyugat sont le poète Endre Ady (1877-1919), le romancier Zsigmond Móricz (1879-1942), les poètes Mihály Babits (1883-1941), Dezsö Kosztolányi (1885-1936), Gyula Juhász (1883-1937), Árpád Tóth (1886-1928), Milán Füst (1888-1967), les dramaturges Ferenc Molnár (1878-1952) et Menyhért Lengyel (1880-1975). Après la Première Guerre mondiale et les révolutions du 31 octobre 1918 et du 21 mars 1919, les tendances modernistes et révolutionnaires se groupent autour des revues Tett (« Action ») et Ma (« Aujourd'hui »), fondées par Lajos Kassák (1887-1967). La période de l'entre-deux-guerres voit l'épanouissement de la poésie, avec Attila József (1905-1937), qui inaugure un lyrisme unissant inspirations socialiste et surréaliste (la Danse de l'ours, 1934), Lörinc Szabó (1900-1957) et Miklós Radnóti (1909-1944), et la naissance de l'œuvre du romancier Gyula Krudy (1878-1933). L'instauration d'un régime démocratique (1945) est suivie d'une grande effervescence littéraire : de nouvelles revues voient le jour, avec la collaboration de poètes comme Sándor Weöres (1913-1989), de prosateurs et d'essayistes comme László Németh (1901-1975), de romanciers comme Tibor Déry (1894-1977). Cependant, le jdanovisme représenté par József Révai (1898-1959) freine cet élan ; on assiste même à une éclipse du grand théoricien marxiste Georges Lukács (1885-1971). Les écrivains réagissent vivement en rejoignant les mouvements contestataires avant-coureurs du soulèvement du 23 octobre 1956. Après la répression qui suivit son échec, les lettres hongroises se libéralisent peu à peu, les thèmes se diversifient : d'une part, le poète Gyula Illyés (1902-1983) reprend son activité, des écrivains accusés de « formalisme bourgeois » sont réhabilités, tels István Kormos (1923-1977), Miklós Szentkuthy (1908-1988) ou János Pilinszky (1921-1981) ; d'autre part, les écrivains de langue hongroise vivant dans les pays occidentaux – tels Gyula Háy (1900-1975) ou Gyözö Határ (né en 1914) – sont reconnus comme faisant partie intégrante de la littérature hongroise. La période post-communiste est marquée par le renouvellement de la prose (Miklós Mészöly, 1921-2001 ; György Konrád, né en 1933 ; Péter Nádas, né en 1942) et par l'apparition de la post-modernité (Péter Esterházy, né en 1950).