Southey (Robert)
Écrivain anglais (Bristol 1774 – Greta Hall, Keswick, 1843).
Enthousiasmé par la Révolution française, qui lui inspire un long poème épique, Jeanne d'Arc (1793), il se rétracte et, dès 1795, se partage entre l'Espagne, le Portugal et l'Angleterre. Poèmes mineurs (1799) et une épopée Thalaba le destructeur (1801) lui valent une célébrité à laquelle son revirement politique contribue fortement. Une Vie de Nelson (1813), une Vie de Wesley (1820) et un poème narratif, Roderick, le dernier des Goths (1814), illustrent la branche conservatrice et moralisante du romantisme. Southey est nommé poète lauréat en 1813.
Soutsos (Panayotis)
Écrivain grec (Constantinople 1806 – Athènes 1868).
Introducteur du romantisme en Grèce (le Voyageur, 1831), très influencé par Lamartine, il est l'auteur du premier roman de la Grèce indépendante, Léandre (1834), roman épistolaire dans la tradition romantique européenne. Son frère Alexandre (1803-1863), satiriste, est lui aussi romancier (l'Exilé de 1831, 1835).
Souvestre (Émile)
Écrivain français (Morlaix 1806 – Paris 1854).
Parallèlement à une production médiocre de drames et de vaudevilles ainsi que d'ouvrages de prédication moralisateurs, il s'est signalé par ses nombreux romans « provincialistes » dans lesquels il peint avec fraîcheur mœurs et paysages bretons (le Mendiant de Saint-Roch, 1838 ; les Derniers Bretons, 1845 ; Un philosophe sous les toits, 1850 ; Scènes de la chouannerie, 1852 ; Souvenirs d'un vieillard, la Dernière Étape, 1854).
Souvestre (Pierre)
Écrivain français (1874 – 1914).
Avec les aventures de Fantômas (32 volumes, publiés de 1911 à 1913), on doit à Souvestre, et à son complice Allain (les deux auteurs se partageaient le travail, et employaient l'un des premiers magnétophones qui fussent commercialisés), une fresque torrentielle de la Belle Époque. À l'écart de la désinvolture un peu mondaine d'un Maurice Leblanc, Souvestre et Allain ont observé crûment la société de leur temps : Fantômas, avatar du Mal, pénètre dans toutes les couches sociales et détruit les poncifs et les mythes d'une époque avec une amoralité moins souriante mais tout aussi corrosive que celle des Pieds-Nickelés contemporains. Ce fut, le fait est rare, un personnage romanesque fort prisé des surréalistes.
Souza Botelho (Adèle Filleul, comtesse de Flahaut, puis marquise de)
Femme de lettres française (Paris 1761 – id. 1836).
Ayant émigré après la mort de son premier mari, le comte de Flahaut, guillotiné en 1793, elle se consacra à la littérature. Elle écrivit des romans sentimentaux qui se déroulent dans la société aristocratique du XVIIIe s. : Adèle de Sénanges (1794), Eugène de Rothelin (1808), Eugénie et Mathilde ou Mémoires de la famille du comte de Revel (1811), Mademoiselle de Tournon (1820), la Comtesse de Fargy (1822).
Souzândrade (Joaquim de Souza Andrade, dit)
ou Joaquim de Souza Andrade, dit Sousândrade
Poète brésilien (Guimarães, Maranhão, 1833 – São Luís do Maranhão 1902).
Poète précurseur du symbolisme et du modernisme, il publia aux États-Unis ses Œuvres poétiques (1876).
Sova (Antonín)
Écrivain tchèque (Pacov 1864 – id. 1928).
Poète impressionniste, puis symboliste, il aboutit à un sobre lyrisme méditatif (Fleurs des états d'âme, 1891 ; l'Âme brisée, 1896 ; la Vallée du Nouveau Royaume, 1900 ; Lyrique de l'amour et de la vie, 1906 ; Luttes et Destinées, 1910 ; Espérances et Souffrances, 1924). Il écrivit quelques romans (le Roman d'Ivo, 1902 ; les Avancées des pauvres, 1903 ; Tomá Bojar, 1910).
Sow Fall (Aminata)
Écrivain sénégalais (Saint-Louis du Sénégal 1941).
Elle est l'une des plus célèbres femmes-écrivains de l'Afrique francophone, bien que publiée au Sénégal. Après des études supérieures en France (fait très exceptionnel à l'époque), elle devient Directrice des lettres, puis responsable d'une association culturelle. Elle publie en 1976 le Revenant (premier roman écrit par une femme en Afrique francophone), puis la Grève des Bàttu (1979, Grand Prix d'Afrique noire 1980), l'Appel des arènes (1982), l'Ex-père de la nation (1987), le Jujubier du patriarche (1993), Douceurs du bercail (1998). Ses romans ont la grande originalité de faire entendre une voix de femme là où on ne l'attend pas, dans le domaine de la vie sociale et du pouvoir politique. Tout en se défendant d'être conservatrice, elle accorde une place essentielle à une tradition revivifiée et adaptée au monde actuel.
Soya (Carl Erik)
Écrivain danois (Copenhague 1896 – Rudkøbing, île de Langeland, 1983).
Utilisant des thèmes psychanalytiques, ses comédies et drames satiriques reflètent sa révolte face à l'hypocrisie bourgeoise (dans le domaine de la morale sexuelle), face à un monde où alternent hasard et nécessité, où triomphe l'injustice (les Parasites, 1929 ; Trente Ans de sursis, 1944 ; Libre Choix, 1948). Son récit autobiographique, la Maison de ma grand-mère (1943), est traduit en français.
Soyinka (Wole)
Écrivain nigérian de langue anglaise (Abeokuta 1934).
Auteur dramatique, poète et romancier, prix Nobel de littérature en 1986, il est né à l'ouest du Nigeria, dans le pays yorouba, dans une ville où parut en 1857 le premier journal imprimé en yoruba. Son père est directeur d'une école anglicane à Ake, un quartier de la ville dont Wole Soyinka fera la description dans l'ouvrage du même nom. Il étudie à Lagos, puis à Ibadan, et en Angleterre à Leeds. Il fréquente le Royal Court Theatre, haut lieu brechtien de Londres. Il revient au Nigeria avec une bourse de recherche sur le théâtre local et il fait jouer dès 1959 le Lion et la Perle (1963), qui oppose un jeune instituteur, discoureur et vantard, fier de son éducation européenne, à un vieux chef de village, roué et lubrique, qui séduit la belle du village au grand désespoir du jeune homme. Commence alors une période féconde, qui culmine avec le grand prix du Festival des arts nègres de Dakar en 1966 pour la Récolte de Kongi (1967) ; il écrit aussi un roman sur les milieux cosmopolites des universités du Nigeria, les Interprètes (1965) et plusieurs recueils de poésie publiés et traduits plus tard, Idanre (1967) et la Terre de Mandela (1988).
Pendant la guerre civile nigériane (1967-1970), Wole Soyinka, qui ne soutient pas le régime sécessionniste biafrais mais souhaite favoriser les médiations pacifiques, est emprisonné par le gouvernement fédéral pendant plus d'un an et demi. Il raconte sa détention dans un beau texte, Cet homme est mort (1952), qui a eu du mal à percer le mur du silence : comment pouvait-on être contre la sécession sans être pour le gouvernement ? La recherche permanente d'une autonomie de l'écriture, d'une liberté de l'intellectuel à l'égard de tous les pouvoirs, y compris ceux de la littérature, est la règle de sa pratique. Homme de gauche antitotalitaire, il moque les marxistes « gauchocrates » (leftocrats) mais aussi les « néo-tarzaniens » qui croient à la sagesse de l'Afrique des lianes...
En 1992, il écrit une nouvelle pièce, From Zia with Love, qui retrouve l'univers de la récolte de Kongi, la pièce dans laquelle il se moquait de Nkrumah (1966). Jusqu'en 1994, il partage son temps entre le Nigeria, où il espère voir revenir un gouvernement civil, et de nombreuses universités étrangères. Il poursuit son travail de fiction autobiographique, qui a connu un succès mondial avec Ake (1981) et voit la notoriété de son œuvre croître à travers les multiples mises en scène ; en 1994, sa tragédie, la Mort et l'écuyer du roi (1975), est montée à Paris par des acteurs français. Il se retrouve fréquemment en exil : le régime nigérian n'aime pas ce défenseur éloquent des droits de la liberté. Revenu au Nigeria en 2001 avec une nouvelle pièce, « à la manière d'Alfred Jarry », King Baabu, qu'il a montée et tournée dans tout le pays, il renoue avec la veine de ses débuts. Présent sur la scène politique, il entend faire du théâtre et de la littérature des instruments de combat pour la liberté.