naturisme
En réaction contre les écoles symboliste et parnassienne se définit, dans les dernières années du XIXe s., une doctrine littéraire et artistique qui joint à son farouche refus de l'hermétisme et de l'abstraction une ferveur pour la simplicité et la richesse de la nature. Ses théoriciens renient le rêve et l'idée pour exalter la vie, dans son humilité et son quotidien, la poésie se faisant « joyeuse acceptation du monde ». L'école ne sut s'imposer par des productions majeures, et c'est moins dans les manifestes de Maurice Le Blond (Essai sur le naturalisme, 1896) et de Saint-Georges de Bouhélier (Éléments d'une renaissance française, 1899) que dans les Nourritures terrestres d'André Gide ou dans les œuvres d'Anna de Noailles, de Paul Fort et de Francis Jammes que s'est épanoui l'esprit naturiste.
Nau (Eugène Torquet, dit John-Antoine)
Écrivain français (San Francisco 1873 – Tréboul 1918).
Grand voyageur, poète (Hiers bleus, 1904 ; En suivant les goélands, 1914) et romancier (le Prêteur d'amour, 1905 ; les Galanteries d'Anthime Budin, 1923) de l'ailleurs et de l'espace, il fut avec Force ennemie (1903) le premier lauréat du prix Goncourt.
Naude (Gabriel)
Bibliophile et écrivain français (Paris 1600 – Abbeville 1653).
Formé à la philosophie naturaliste par l'Italien Crémonini, il dénonce, dès ses premiers ouvrages, l'usage politique du surnaturel et l'accusation de magie (Apologie pour tous les grands personnages qui ont été faussement accusés de magie, 1625). Il forme avec La Mothe Le Vayer, Diodati et Gassendi, la Tétrade, groupe « déniaisé » de libertins qui défend une philosophie fondée sur le libre exercice de la raison et des comportements débarrassés des interdits religieux. À Rome, pendant dix ans, il rédige avec ses Considérations politiques sur les coups d'État (1639) un traité de philosophie politique sur la raison d'État. Proche de Mazarin, il est l'auteur d'un Avis pour dresser une bibliothèque (1627) et d'une célèbre contre-mazarinade, le Mascurat (1650), où il développe ses propres idées politiques.
Naum (Nabil)
Romancier et nouvelliste égyptien (Le Caire 1943).
D'origine copte, il a fait des études d'ingénieur et a travaillé dix ans aux États-Unis. À son retour au Caire, il ouvre une galerie d'art contemporain et se consacre à l'écriture. Son œuvre étrange, cruelle et souvent fantastique, distille une sourde inquiétude, ménage choc et étonnement de dénouements provoquant parfois le rire, le tout avec économie, rigueur et grande élaboration (la Porte, 1977 ; 'Âchiq le conteur, 1984 ; Le Caire est petit, 1985 ; la Lune en plénitude, 1993 ; Retour au temple, 1991).
Nava (Pedro da Silva)
Écrivain brésilien (Juiz de Fora, Minas Gerais, 1903 – Rio de Janeiro 1984).
Connu par l'anthologie de M. Bandeira (1946), il réunit son œuvre sous forme de Mémoires (Malle d'os, 1972 ; Polyèdre, 1980). Il se suicida à 80 ans.
Navarre (Yves)
Écrivain français (Condom 1940 – Paris 1994).
De l'adolescence à la vieillesse, de la solitude et de la violence des grandes cités (les Loukoums, 1973) au confort délabré des familles traditionnelles (le Cœur qui cogne, 1974 ; Je vis où je m'attache, 1978), son œuvre dramatique (Histoire d'amour, 1976 ; les Dernières Clientes, 1978) et romanesque (Killer, 1975 ; le Temps voulu, 1979 ; le Jardin d'acclimatation, 1980 ; Biographie, 1981 ; Louise, 1986) tente, à travers une revendication passionnée de l'homosexualité, de trouver une échappée dans la logique du désespoir (Romances sans paroles, 1982 ; Premières Pages, 1983 ; l'Espérance de beaux voyages, été/automne, 1984 ; l'Espérance de beaux voyages, hiver/printemps, 1985).
Nazor (Vladimir)
Écrivain croate (Postire, île de Brac, 1876 – Zagreb 1949).
Il s'inspire essentiellement de ses souvenirs d'enfance (Légendes slaves, 1900 ; Stoimena, 1916 ; Contes de l'île, de la ville et de la montagne, 1927 ; le Berger Loda, 1938).
Nazrul Islam (Kazi)
Poète de langue bengalie (Churulia 1899 – Dacca 1977).
Auteur populaire, célèbre sous le nom de « Poète rebelle », il a laissé une œuvre lyrique d'inspiration patriotique et sociale (Agni vina, 1922 ; Bhangar gan, 1824).
N'debeka (Maxime)
Poète congolais (Brazzaville 1944).
Poète engagé, il est arrêté par les autorités de son pays et passe plusieurs mois en prison. Il est l'auteur de poèmes marqués par la révolte, au langage de plus en plus disloqué (Soleils neufs, 1969 ; l'Oseille et les Citrons, 1975 ; les Signes du silence, 1978 ; Paroles insonores, 1994) et de pièces de théâtre satiriques.
Ndiaye (Marie)
Romancière française (Pithiviers, 1967).
Depuis Quant au riche avenir (1985) et Comédie classique (1987), composée d'une seule phrase, elle fait preuve d'une technique narrative virtuose et légère où se croisent les influences de Proust, du nouveau roman et du conte africain. Avec un réalisme merveilleux, volontiers onirique ou paranormal (la Femme changée en bûche, 1989 ; la Sorcière, 1996), elle peint l'étrangeté d'une réalité aux apparences banales pour des personnages eux-mêmes étrangers, perdus entre rêve et réalité, en quête d'une reconnaissance qui leur est refusée (En famille, 1991), marginalisés qu'il sont par le rejet xénophobe, l'exploitation patronale (Hilda, théâtre, 1999), l'aliénation sexuelle et familiale (Rosie Carpe, 2001). Ces interrogations sur l'identité et la différence, où la critique sociale est de plus en plus présente, sont portées par un langage novateur, grave mais sans pathos, qui sans nier la souffrance refuse de l'exhiber, et mêle l'humour à une cruauté revendiquée.
Nebeský (Václav Bolemír)
Écrivain tchèque (Nový-Dvůr 1818 – Prague 1882).
Auteur de Poèmes (1886) marqués par l'influence de Mácha et de Mickiewicz, traducteur d'Eschyle, de Térence et du romancero espagnol, il composa les Antagonistes (1844), un long poème philosophique. Ses essais de critique littéraire dans la Revue du musée tchèque font de lui l'un des initiateurs de la littérature comparée.
Nebrija (Antonio Martínez de Cala, dit Elio Antonio de)
Humaniste espagnol (Lebrija 1441 ou 1444 – Alcalá de Henares 1522).
Ses Introductiones latinae (1481), plusieurs fois réimprimées et traduites en castillan par lui-même (vers 1486), assurèrent sa renommée dans l'Europe entière. Il composa le premier Vocabulaire latino-espagnol (1492) et, surtout, la première grammaire castillane (1492). Il publia des Antiquités d'Espagne (1499) et collabora à l'établissement du texte de la première Bible polyglotte.